PARCOURS HISTORIQUE : À LA (RE)DÉCOUVERTE DU QUARTIER HOCHELAGA
Il y a 200 ans cette année, les premières familles commençaient à s’installer sur les terres qui allaient donner naissance à ce qui deviendra l’actuel quartier Hochelaga. Le village d’Hochelaga, officiellement constitué en 1845, a toutefois été intégré à la Ville de Montréal en 1883 après des déboires financiers. Les rues du quartier témoignent encore aujourd’hui de cette longue histoire, et la balade urbaine d’EST MÉDIA Montréal permet de remonter le temps dans le Hochelaga d’autrefois.
Pour les amateurs ou les simples curieux, l’Atelier d’histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve propose trois circuits de marche. Ces derniers permettent aux visiteurs de s’approprier le passé du quartier à travers à 12 points d’intérêt où une capsule audiovisuelle sert de guide pour commenter le lieu observé. Ces circuits sont accessibles via le site internet de l’Atelier ou encore par l’application mobile BaladoDécouverte disponible dans les environnements Android et iOS d’Apple.
Muni de son téléphone portable, le flâneur urbain peut alors entreprendre les parcours d’environ 5 kilomètres chacun et découvrir des faits inédits sur ces quartiers historiques de l’est de Montréal.
À l’origine d’Hochelaga
Point de départ de la découverte d’Hochelaga, le parc Dézéry, situé à l’intersection de la rue du même nom et de la rue Notre-Dame. C’est dans ce secteur, en bordure du fleuve, que les premiers résidents s’installent graduellement au début du XIXe siècle. En 1828, Jean-Baptiste Dézéry offre un terrain aux religieux Sulpiciens pour la construction d’une chapelle catholique dont la construction débutera l’année suivante. Érigée face au fleuve au centre de la rue Dézéry, la chapelle sera toutefois déménagée vers 1840, sur le terrain du parc actuel, afin de permettre le prolongement de la rue car l’endroit connaît alors une croissante rapide. En 1874, la plus grande filature du pays, la Filature de coton Hudon, avait débuté ses activités à l’angle Dézéry et Notre-Dame, ce qui amènera de nombreux travailleurs et ouvriers à s’installer dans le secteur.
En 1877, l’administration d’Hochelaga, constituée 10 ans auparavant, fait construire à gauche du parc la maison municipale qui logera aussi un poste de pompier et de police. Un marché public sera aussi ouvert quelques années plus tard, mais en décembre 1883, en raison du boom économique et des coûts élevés que représentent la construction des infrastructures municipales, la ville d’Hochelaga est annexée à Montréal et devient l’un de ses quartiers.
Le drame du Laurier Palace
Tout juste en face du parc Dézéry, le second arrêt nous plonge dans la tragédie du Laurier Palace. Le dimanche 9 janvier 1927, un incendie causé par un article de fumeur éclate dans le bâtiment qui abrite une salle de cinéma où s’entasse près de 800 personnes, dont de nombreux enfants. Dans la précipitation pour évacuer l’endroit, 78 enfants meurent de suffocation ou piétinés par une foule qui cherche la sortie. Aujourd’hui, le lieu de l’ancien cinéma est occupé par une église évangélique. Pendant longtemps, une plaque apposée près de l’entrée rappelait ce triste événement, mais depuis quelques années, celle-ci a disparu ne laissant plus aucune trace de ce drame bientôt centenaire.
Les maisons Hudon
À quelques pas de là, sur la rue Saint-Germain, entre les rues Rouville et Adam, le marcheur peut observer une série de maisons ouvrières uniques datant de la fin du XIXe siècle. Ces maisons à étage en briques rouges sont les seules du genre, à Montréal, à avoir été construites par une entreprise, la Filature Hudon installée sur la rue Notre-Dame. Érigée en enfilade en bordure du trottoir, les maisons comportent deux logements et parfois une porte cochère donnant accès à une cour arrière. Ce secteur à découvrir, enclavé par la rue Rouville, représente bien ce qu’était le cœur de l’ancien village ouvrier d’Hochelaga.
L’école Baril
Sur la rue Adam, s’élève la plus ancienne école primaire encore en activité dans le quartier. Ouverte en septembre 1911, l’école Baril porte le nom du docteur Georges-Edmond Baril, qui était alors président de la Commission scolaire d’Hochelaga. L’établissement scolaire comporte alors deux pavillons, un pour les garçons et un autre pour les filles. Situé au cœur du village d’Hochelaga, l’immeuble servira souvent de lieu de rassemblement politique ou encore de centre de soins et de vaccination, notamment lors de l’épidémie de grippe espagnole en 1918. Touchée par des problèmes d’infiltration d’eau et de moisissures, l’école Baril est fermée en 2011 pour d’importants travaux qui dureront six ans. L’ampleur des dommages forcent la démolition d’une grande partie du bâtiment. Seul le portail central exposant le nom de l’école, gravé dans la pierre, et les armoiries de la commission scolaire, ont été conservés et restaurés pour la postérité.
D’autres découvertes
En poursuivant notre circuit de marche, on pourra voir l’imposant immeuble de 1910 qui logea la Biscuiterie Charbonneau, à l’intersection des rues La Fontaine et Nicolet, à compter de 1917. L’usine produira une quarantaine de variétés de biscuits ainsi que des bonbons et du chocolat jusqu’à sa fermeture en 1973. Le bâtiment, ravagé par le feu en 1948, sera souvent modifié au fil du temps. Aujourd’hui, quelques lettres du nom Charbonneau sont à peine visibles sur le bâtiment pour rappeler ce passé industriel.
De retour par la rue Ontario, il est impossible de manquer l’imposante église de la Nativité d’Hochelaga dont la construction a débuté en 1876. Érigée en retrait de la rue Ontario pour créer une place publique, l’église est toutefois incendiée en avril 1921. L’édifice est une perte quasi-totale. Seul le clocher et la façade ne se sont pas écroulés. La reconstruction durera quatre ans et coûtera quelques 365 000$. C’est dans la crypte de cette église que le propriétaire terrien Jean-Baptiste Dézéry et sa femme ont été inhumés après leur décès. Une visite de l’intérieur s’impose également car elle permet d’apercevoir une imposante frise ornant tout le pourtour et comportant 320 personnages de la vie de l’Église catholique.
Le circuit de l’Atelier d’histoire vous conduira ensuite aux abords du tunnel Ontario, lieu d’un important braquage en 1924, puis près du Grover Knitting Mills, le seul château d’eau encore existant dans le quartier. Il est aussi possible d’observer l’imposant complexe industriel de la compagnie Lallemand, leader mondial de la fabrication de levures, établi dans Hochelaga depuis 1923.
La balade se conclue par un regard historique sur la présence anglophone dans le quartier, avec un passage sur le site de l’ancienne école protestante Sarah-Maxwell, rue Préfontaine, et celui de la première église protestante, l’église St. Mary’s, érigée en 1828 sur la rue Sainte-Catherine.
Il est possible de retrouver l’intégralité du circuit sur le site BaladoDécouverte ou sur la chaîne Youtube de l’Atelier d’histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Si l’organisme n’offre plus de visites guidées du quartier, « l’Atelier propose toutefois cette année une visite gratuite des orgues Casavant de l’église Très-Saint-Nom-de-Jésus, rue Adam, qui ont été restaurés. Un guide sera sur place jusqu’au 31 août, du jeudi au samedi de 13h à 18h, pour l’occasion », indique le directeur de l’Atelier, Olivier Dufresne.