PARCOURS HISTORIQUE : LES 350 ANS DE POINTE-AUX-TREMBLES
La paroisse de Pointe-aux-Trembles aura officiellement 350 ans le 18 novembre prochain. Mais l’heure est déjà à la fête dans le cœur de l’ancien village alors que plusieurs événements sont programmés pour marquer ce moment historique. Pour l’occasion, EST MÉDIA Montréal a voulu remonter le temps et vous amène, dans ce parcours historique, sur les lieux de fondation de la deuxième plus ancienne paroisse de l’île de Montréal.
Notre balade découverte débute rue Notre-Dame, au parc du Vieux-Moulin, sur le site du plus ancien bâtiment du secteur : le moulin à vents de Pointe-aux-Trembles (voir la photo de couverture), construit sur la terre qu’un certain Jean Oury s’était fait concéder par les pères Sulpiciens, alors propriétaires de l’île de Montréal. Oury ne tarde pas à se mettre au travail pour développer son fief. Dès 1671, il érige un premier moulin au sud de l’actuelle rue Sainte-Anne sur une pointe de terre aujourd’hui disparue. Après 40 ans d’activités, ce moulin a été emporté à la faveur de l’érosion et d’un mouvement de glaces sur le fleuve Saint-Laurent lors d’un printemps particulièrement agité.
Essentiel dans la vie du village, le moulin actuel est érigé dès l’été 1719 un peu plus haut sur la berge, à la hauteur de l’actuelle 3e avenue. Lors de travaux réalisés en 1822 par les Sulpiciens, il sera rehaussé de 1 étage pour permettre l’ajout de 2 meules afin d’augmenter la production de farine. Celle-ci se fait rare dans la colonie après des années de faible rendement agricole. Le moulin cesse ses activités en 1866 alors que la révolution industrielle change les procédés de fabrication de la farine. Il sera finalement classé comme bien culturel en 1983.
En poursuivant notre marche vers le cœur du village, il est possible d’observer, à la hauteur de la 9e avenue, la maison Charbonneau, construite en 1912. D’allure victorienne, la magnifique résidence a été la demeure du premier maire de Pointe-aux-Trembles, Urgel Charbonneau, de 1912 à 1934. Plus au sud, au 11949, rue Saint-Joseph, on peut admirer la plus ancienne maison toujours existante dans le village, la maison Fisciault, bâtie par le menuisier Étienne Fisciault et son fils Hyppolite entre 1800 et 1823. La maison au toit à deux versants a été épargnée du grand incendie qui a rasé le village en 1912. (On y reviendra plus tard.)
Les débuts de Pointe-aux-Trembles
Si les premiers habitants se sont installés dans le secteur peu de temps après la concession de la terre à Jean Oury, en 1669, il faut attendre à 1674 pour voir une première chapelle s’ériger à l’angle des rues Saint-Joseph et Sainte-Anne. Le premier curé, François Séguenot, ouvre alors des registres. Pointe-aux-Trembles était fondée! Puis, en 1705, une première église de pierre est construite, face au fleuve, à l’est de l’actuel presbytère. Plus ancienne église de l’île de Montréal, elle sera malheureusement détruite par le feu en 1937. Dès l’année suivante, le contrat de construction de l’église actuelle est donné à la firme d’architectes Gascon et Parent, à qui on doit également la Croix du mont Royal.
Après la fondation de la paroisse, le curé Séguenot, sans presbytère, se voit contraint d’habiter tour à tour chez chacun de ses paroissiens, le temps de poser ses pénates 5 ans plus tard, en 1679, dans une maison achetée d’un certain Jean Raynaud dit Planchard. Cette habitation sera utilisée ainsi jusqu’à la construction du presbytère actuel, de style Second Empire, inauguré en 1881. Ce dernier aurait été partiellement construit à partir du bois récupéré de la maison Planchard, selon certains documents d’époque.
Notre balade historique nous amène maintenant boul. Saint-Jean-Baptiste, près du fleuve, dans ce qui était autrefois le cœur de Pointe-aux-Trembles. Après le moulin, une chapelle puis un presbytère, le développement du village nécessite bientôt la création d’une école. Dès 1678, ce mandat est confié à nulles autres que Marguerite Bourgeoys et ses compagnes, qui viennent l’été, en canot depuis Montréal, faire des séjours intermittents à Pointe-aux-Trembles. Mais en 1690, à la demande du curé Séguenot, les sœurs s’installent de façon permanente d’abord dans une maison de bois puis, en 1754, dans une maison de pierre, plus grande, pour répondre à l’augmentation du nombre d’élèves. Le Couvent Notre-Dame de la Trinité s’installe ensuite dans un troisième bâtiment, en 1878, face à la rue Notre-Dame. Incendié en avril 1922, il est rapidement reconstruit afin que les cours puissent reprendre 2 ans plus tard, et cela, jusqu’en 1975. Aujourd’hui, le couvent a cédé sa place à la Maison du citoyen, qui abrite aussi la mairie d’arrondissement.
L’incendie dévastateur de 1912
L’événement le plus dramatique dans l’histoire de Pointe-aux-Trembles se joue dans l’après-midi du 28 juin 1912. Une résidente du village, une certaine Mme Laurin, était à fabriquer du savon quand sa cuve remplie d’une graisse animale brûlante déborde pour enflammer tout ce qui se trouve à proximité. Rapidement, le feu se communique à la maison puis, alimenté par le vent et le temps sec, il se propage aux maisons avoisinantes. En tout, une soixantaine de résidences sont rasées par les flammes dans le cœur du village. Une seule a été épargnée et a été déménagée depuis au 76, boul. Saint-Jean-Baptiste. L’intervention des pompiers de Montréal a permis de sauver le couvent et l’église adjacente. L’incendie a toutefois fait un décès, une femme malade qui n’a pu être sortie de sa maison à temps.
Cet incendie a complètement transformé le village, qui y a perdu ses plus vieilles maisons patrimoniales, dont certaines en pierre. La reconstruction a cependant permis d’élargir Saint-Jean-Baptiste pour en faire le vaste boulevard qu’on connait aujourd’hui. Le feu a aussi forcé la municipalité à se doter, en 1915, d’un service des incendies permanent pour intervenir plus rapidement lors d’un feu.
Des activités pour le 350e
À l’occasion du 350e anniversaire de fondation de la paroisse, tout au long de l’été, de nombreuses activités animent le cœur de Pointe-aux-Trembles. Le comité des festivités propose des animations historiques les samedis et dimanches au vieux moulin, des croisières découverte et des spectacles. La programmation complète est accessible via le site Internet 350epointeauxtrembles.ca. Par ailleurs, un tableau animé de 30 min de la série montréalaise Cité Mémoire intitulé La Pointe de l’île peut être regardé en sons et en images tous les jours dès le coucher du soleil sur la place du Village. Enfin, il est possible de retrouver l’intégralité de ce présent circuit historique, comptant 17 points d’intérêt en tout, sur le site BaladoDécouverte. Il s’agit d’une réalisation de l’Atelier d’histoire de la Pointe-aux-Trembles.