Le Club de golf Métropolitain Anjou (Courtoisie CRE-Montréal/E. Langlois)

PARC-NATURE DU BOISÉ D’ANJOU : LE PROJET S’AGRANDIT DE 22 HECTARES

Les villes de Montréal et de Montréal-Est joignent leurs efforts pour agrandir un espace vert dans l’est de l’île. La métropole se dote ainsi d’outils pour éventuellement transformer une partie de ces terrains selon ses plans.

Le parc-nature du Bois d’Anjou verra sa superficie augmenter de 22 hectares (220 000 mètres carrés), amenant la taille totale de cette forêt urbaine à 191 hectares (1,91 kilomètre carré). Les nouveaux terrains se trouvent à la frontière de la Ville de Montréal-Est et del’arrondissement d’Anjou, au sud du boulevard Henri-Bourassa, dans le prolongement du boulevard Rodolphe-Forget.

Le lot dont il est question est mis en servitude à long terme par la Ville de Montréal-Est, afin que la Ville de Montréal puisse y mettre en place ses installations, notamment des pistes cyclables, selon les explications de la mairesse montréalestoise, Anne St-Laurent. « On fait une servitude à la Ville de Montréal pour permettre le passage des bicyclettes et des piétons », affirme cette dernière. Les citoyens de sa municipalité pourront également profiter de ce tracé, assure l’élue. Un tracé, reliant plusieurs parcs et espaces verts dans l’est, pourrait passer par ce boisé, envisage la mairesse, mais les plans sont toujours à l’étude. Mme St-Laurent n’a pas voulu s’avancer sur les projets en attente de l’agglomération de Montréal.

Il s’agirait donc d’un élément du grand parc de l’Est, promis depuis des années par l’administration de Valérie Plante. « L’idée, c’est qu’on puisse travailler sur l’interconnectivité des espaces verts. Ça nous permet de nous donner les outils d’une planification dont on pourrait avoir besoin dans trois, quatre ou cinq ans. Nous pouvons ainsi ajouter ces terrains dans la limitation du Bois d’Anjou, sans changer leur statut, mais ça nous donne des outils après pour aider la complémentarité de ces terrains-là », affirme quant à elle Caroline Bourgeois, vice-présidente au comité exécutif de la Ville de Montréal et mairesse de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles.

Ainsi, en créant cette nouvelle délimitation, Montréal pourra se prévaloir de son droit de préemption sur les terrains sans en changer le zonage. La Ville pourrait donc avoir la chance de faire la première offre d’achat sur les terrains s’ils étaient mis en vente par leur propriétaire.

Le golf de la discorde

Le projet de parc-nature du Bois d’Anjou est dans les cartons de l’administration Plante depuis plusieurs années déjà. Déjà propriétaire des deux lots contenant le boisé situé au sud du boulevard Henri-Bourassa Est, la Ville a imposé en 2018 une réserve foncière sur le terrain du golf Métropolitain Anjou, adjacent à l’espace vert, afin de pouvoir y développer un grand parc-nature. Elle a retiré par la suite cette réserve, pour imposer plutôt son droit de préemption aux terrains. Elle a pris cette décision en réponse à l’intention de l’arrondissement d’Anjou de changer le zonage du golf. Le maire d’Anjou, Luis Miranda, quant à lui, est ouvertement opposé au projet de la Ville.

Propriété des Di Lillo, le golf est finalement demeuré entre les mains de la famille, qui a lancé en 2020 un chantier pour la construction d’un entrepôt de la chaîne Costco sur la partie sud-ouest du terrain de golf. Puisqu’il n’y a pas eu de vente du terrain, la Ville n’a pas pu se prévaloir de son droit de préemption.

Le 24 février 2022, la Ville a tenté de faire changer le zonage industriel du golf à un zonage « parc ». Mais la famille Di Lillo lui a coupé l’herbe sous le pied, alors qu’elle a déposé, deux jours plus tôt, des demandes de permis de construction à l’arrondissement d’Anjou, soit le 22 février 2022. Tous les projets sur le terrain sont, depuis, gelés.

En juillet 2023, la Cour supérieure donne raison aux propriétaires en indiquant que ceux-ci ont un droit acquis à la poursuite du traitement de leurs demandes de permis. Il s’agit donc d’un revers pour l’administration de Montréal, qui doit faire une croix sur son idée de conversion du golf en parc-nature.