Photos : EMM

PARC ÉCOTOURISTIQUE DE L’ÎLE SAINTE-THÉRÈSE : ENFIN DU SÉRIEUX

Annonce à saveur électorale ou non, un geste important des autorités municipales et de Québec a fait avancer considérablement, cette semaine, le fameux projet de faire de l’Île Sainte-Thérèse un grand parc naturel bordé par les rives de Pointe-aux-Trembles, Varennes et Repentigny. Le maire de Varennes, Martin Damphousse, a accueilli sur son territoire et pour l’occasion ses homologues Caroline Bourgeois (RDP-PAT), Chantal Deschamps (Repentigny) et Valérie Plante (Montréal), qui ont alors annoncé un investissement de 200 000 $ pour « l’élaboration d’un plan directeur en vue de la création du parc écotouristique de l’Île Sainte-Thérèse ».

Le vrai travail commence

Si ce n’est pas d’hier que les projets s’accumulent pour mettre en valeur l’île de 5,4 km2, qui a d’ailleurs déjà accueilli des plages très populaires dans les années 1950, cette fois la volonté gouvernementale et surtout la concertation entre les acteurs semblent assez solides pour qu’un retour en arrière soit peu plausible. Le verdissement de l’est de Montréal étant considéré prioritaire dans les cartons de l’administration Plante et du gouvernement du Québec, de même que l’accessibilité aux berges pour les citoyens, l’Île Sainte-Thérèse s’avère donc probablement le développement « vert » le plus précieux et le plus stratégique pour les autorités en place dans les prochaines années. Sans compter que le maire de Varennes, dont l’île est officiellement sur son territoire, fait du développement de l’Île Sainte-Thérèse un projet phare de son administration depuis plusieurs années déjà.

Caroline Bourgeois, Valérie Plante, Martin Damphousse et Chantal Deschamps ont invité les médias cette semaine pour annoncer l’élaboration d’un plan directeur en vue de la création du parc écotouristique de l’Île Sainte-Thérèse (photo courtoisie).

La réalisation du plan directeur, selon le communiqué de presse officiel, permettra donc de définir les principes et les orientations en matière d’aménagement et d’usages prévus pour cette île abritant principalement des terres agricoles et des milieux naturels. Il inclura des plans de concepts ainsi qu’une évaluation des coûts sur un horizon de 10 ans. Les frais de l’étude seront assumés par Québec, la CMM et les administrations municipales impliquées. Les organismes Conservation de la nature Canada, Canards Illimités Canada et la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec), qui étudient l’île depuis quelques années déjà, seront consultés dans le cadre de l’élaboration du plan directeur.

Soulignons également que le projet, selon la vision actuelle des autorités, prévoit de préserver le caractère naturel du site, sur lequel n’existe aucun service public tel qu’aqueduc, égout, électricité, etc. L’objectif serait de rendre accessible le site au public via des navettes fluviales, de le protéger et mettre en valeur ses caractéristiques, notamment l’activité agricole ainsi que les aspects culturel, patrimonial, historique, archéologique et touristique de l’île.

« La transformation en parc écotouristique de l’Île Sainte-Thérèse s’inscrit parfaitement dans notre volonté d’augmenter le verdissement de l’est du Grand Montréal. De plus, cette action écologique représente le premier jalon pour la création du Grand parc de l’est, qui est l’un des projets phares de notre administration pour augmenter l’accès à la nature des résidents de l’est de Montréal », a déclaré Valérie Plante, aussi présidente de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM). Tout comme Caroline Bourgeois, qui dira que « l’Île Sainte-Thérèse va devenir une de pièces maîtresses d’un grand parc de l’est, un lieu de villégiature important », Projet Montréal fait donc officiellement du développement de l’Île Sainte-Thérèse un projet majeur pour l’est de Montréal, pour ne pas dire essentiel à la création du tant attendu Grand parc de l’est, qui pour l’instant, il faut bien le dire, demeure une vision plutôt floue.

Les résidents de l’île ignorés

Fait à souligner dans la grande présentation des élus municipaux : aucune mention officielle ne fait référence au litige qui perdure entre les résidents estivaux (et quelques-uns permanents) de l’île, et le gouvernement du Québec, propriétaire des lieux. Rappelons que le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles a exigé en 2016 aux « illégaux », visant ainsi quelque 116 chalets, de démanteler leurs installations et de quitter définitivement les lieux dans un délai de sept mois, ou de régulariser leur situation auprès du MERN. Les 22 propriétaires de chalet qui n’ont pas répondu à l’appel ont alors vu leurs bâtiments être rasés par le ministère, alors que tous les autres auraient vu leur demande de régularisation rejetée. Au final, plus d’une cinquantaine de propriétaires refusant de quitter l’île se sont donc regroupés et ont engagé des avocats afin de faire reconnaître leurs droits légitimes d’occuper ce territoire, plaident-ils aujourd’hui, tout en continuant d’habiter leurs chalets depuis les procédures judiciaires. Le procès devrait finalement avoir lieu en 2022, dit-on. Cela explique aussi probablement l’absence de la ministre de la métropole et ancienne mairesse de RDP-PAT, Chantal Rouleau, lors de la conférence de presse, dont on ne retrouve étrangement aucune citation dans le communiqué officiel, alors qu’il est de notoriété publique qu’elle souhaite le développement de l’île en parc écotouristique depuis fort longtemps.

Des dizaines de chalets comme ceux-ci font parti du paysage de l’Île Sainte-Thérèse (photo : EMM).

Quant aux résidents, nouvellement regroupés sous L’Association de la communauté de l’Île Sainte-Thérèse (ACIST), ils ont réagi favorablement à l’annonce par voie d’une lettre d’opinion hier. Sa porte-parole, Fannie Martin, a ainsi indiqué que « L’ACIST estime que la présence des résidents sur l’Île Sainte-Thérèse n’est pas incompatible avec la création d’un parc écotouristique. Les résidents occupent des chalets depuis 1667 et collaborent à toutes les missions scientifiques pour la protection et la conservation de l’île. Ils prennent soin de l’île depuis toujours, se comportant comme les gardiens de l’île. Ils préparent une charte citoyenne de la protection et de la conservation de l’Île Sainte-Thérèse, charte à laquelle adhéreront les résidents de l’île. »

Les résidents ont également déposé un mémoire auprès des autorités concernées en début de semaine, que vous pouvez consulter ici.

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