
Reproduction de la couverture d’Un deuil dans la famille, montrant Batman tenant Robin dans ses bras. Le visage du Joker, ennemi principal du super-héros masqué, se réjouit de la scène (Courtoisie Robert Fisette)
14 octobre 2024DES PANCARTES ÉLECTORALES RECYCLÉES TRANSFORMÉES EN DÉCORS À HOCHELAGA
Des héros de bandes dessinées aux personnages de contes de fées, Robert Fisette, artiste local bien connu à Hochelaga-Maisonneuve, revisite les icônes de la culture populaire. Pour l’Halloween, l’artiste prépare sa prochaine oeuvre intitulée « Le bal des 40 sorcières ».
Batman, Tintin, Bob l’éponge, La Reine des neiges, Alice au pays des merveilles, Lucky Luke, Harry Potter… Toutes ces figures de la culture populaire se sont succédées sur le parterre de Robert Fisette, situé au coin des rues Moreau et de Rouen, à quelques minutes à pied de la station de métro Préfontaine.

La première sorcière du décor d’Halloween de cette année, la Reine Grimhilde ainsi qu’un carrosse, construits entièrement à partir de pancartes électorales recyclées (EMM / Sophie Gauthier)
Depuis 34 ans, ses grands décors, mesurant souvent plusieurs mètres de haut et de large, ne passent pas inaperçus. « Les résidents ne me connaissent pas personnellement, mais ils connaissent mes œuvres. Je sais que les parents se tiennent mutuellement informés de mes nouveaux décors », s’amuse Robert Fisette.
Animateur pour enfants de profession, l’artiste prend toujours le temps de réaliser chaque année un décor pour l’Halloween, Noël, la Saint-Valentin et aussi pendant la période estivale. Le prochain décor s’intitule « Le bal des 40 sorcières » et mettra en scène les plus grandes méchantes de Disney : Cruella dans Les 101 Dalmatiens, Maléfique dans La Belle au bois dormant ou encore Ursula dans La Petite Sirène. Pour la première fois, son nouveau décor sera itinérant, débutant sur son parterre et se terminant son parcours au métro Préfontaine.
Pancartes et recyclage
En vue de la création de ses oeuvres, qu’il réalise à ses frais, l’artiste récupère des pancartes électorales usagées en libre service dans les différentes mairies des arrondissements de Montréal. « Ça rend service aux mairies car ça permet de les recycler. Après une élection, il m’arrive d’en récupérer entre 300 et 400 », explique t-il.
Pour confectionner un personnage, il a besoin de deux pancartes. « Il faut que je double chaque pancarte, sinon elles n’ont pas assez de tenue », indique t-il.
Fier de la dimension écoresponsable de sa démarche, l’artiste ajoute apprécier aussi particulièrement la matière dont sont faites les pancartes, qui les rend très résistantes aux intempéries : « Ces feuilles de Coroplast (plastique de polypropylène ondulé) sont indestructibles. Ça ne bouge pas, même pendant l’hiver ! »

Robert Fisette montre l’arrière et le devant d’une de ses nouvelles créations (EMM / Sophie Gauthier)
Avec ses 34 années d’expérience, il ne lui faut désormais qu’une quarantaine de minutes pour donner naissance à un nouveau personnage. « Je commence par projeter la silhouette sur mon mur grâce à un projecteur, puis je décalque. Je la peins ensuite avec de la peinture 100% acrylique qui résiste aux intempéries. Je fais en sorte de jouer avec les couleurs afin qu’elles soient les plus fidèles possibles à l’original », explique t-il.
Robert Fisette conserve tous ses personnages dans sa cave. « Je dois avoir accumulé au moins 250 personnages depuis toutes ces années! Ils vont sûrement finir par se retrouver à la poubelle et seront de nouveau recyclés », confie l’artiste.
Il était une fois
Autodidacte, Robert Fisette a appris les diverses techniques de dessin et de peinture par lui-même. « J’ai grandi dans une famille modeste où l’on était 7 enfants. Le seul luxe était le papier et les crayons. Un peu plus tard, un album de Tintin a suffi à éveiller ma passion pour la BD », explique t-il.
En plus de la bande dessinée, l’artiste est également un grand admirateur de dessin animé et en particulier de l’univers Disney. « Au-delà de la technique, c’est le message humaniste de ces œuvres qui les rend intemporelles, un message fondé sur des valeurs universelles et transgénérationnelles », indique t-il.
Le déclic qui l’a poussé à créer ses décors qui font sa renommée locale aujourd’hui remonte à son bénévolat au Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine pour les enfants malades. « J’ai créé des jeux avec des héros de BD pour les enfants malades. Leur joie a été ma plus belle récompense. Je n’oublierai jamais leur sourire lorsqu’ils ont découvert ces créations », raconte t-il.
Un pilier du quartier
Le bouche-à-oreille a tissé une toile autour du nom de Robert Fisette, l’amenant à colorer le quotidien des habitants, du Provigo au Château Dufresne, où il a donné vie à la maison d’Hansel et Gretel.

La maison d’Hansel et Gretel au Château Dufresne (Courtoisie Robert Fisette)
Les écoles du quartier font également régulièrement appel à l’artiste pour construire des jeux d’adresse. « En construisant des minigolfs et des structures pour lancer des cerceaux, je souhaite offrir aux enfants d’aujourd’hui des moments de jeu que je n’ai pas connus étant petit. C’est une façon pour moi de rendre les cours de récréation plus vivantes », relate t-il.
Les décors qui se sont succédés sur son parterre depuis toutes ces années ont marqué les résidents du secteur. « Certains jeunes adultes dans la vingtaine passent parfois devant chez moi et me racontent leurs souvenirs d’enfance », se remémore t-il.
Pour rendre son décor le plus réaliste possible, il accorde une grande importance au mouvement. M. Fisette se rappelle avec amusement d’une année où une passante, trompée par l’illusion, avait cru voir un véritable spectre et avait été terrifiée.
À partir du 15 octobre prochain, sa nouvelle installation d’Halloween sera dévoilée. Le soir du 31 octobre, elle sera illuminée et Robert Fisette y accueillera petits et grands en leur faisant cadeau de toupies à main et de maïs soufflé, offerts par l’artiste et la coopérative d’habitation Stadacona.