En 2022, le gouvernement du Québec a lancé le Plan d’action gouvernemental en action communautaire (PAGAC), dont l’objectif était de faciliter l’éligibilité de certains organismes multisectoriels à un programme de financement. Dans le cadre de ce plan, l’organisme 1, 2, 3 GO!, qui soutient les familles de Rivière-des-Prairies (RDP), recevra un montant de 247 237 $ sur une période de trois ans, avec possibilité de renouvellement, tout comme neuf autres organismes à travers le Québec. Ce financement lui permettra notamment de poursuivre plus aisément la gestion de la seule friperie du quartier.

Les organismes offrant une approche multisectorielle, c’est-à-dire une multitude de services, tels que 1, 2, 3 GO!, ne correspondaient jusqu’à maintenant à aucun ministère de référence pour obtenir un financement stable. On les qualifie d’organismes orphelins. Ces derniers devaient alors se tourner vers le financement par projet. « Pendant de nombreuses années, nous avons donc dû dépendre de financements ponctuels pour réaliser nos activités, ce qui crée des restrictions, car chaque projet doit répondre à des critères précis imposés par les bailleurs de fonds, et souvent, les activités de notre organisme ne correspondaient pas parfaitement à ces critères », explique Stéphanie Élément, coordonnatrice de 1, 2, 3 GO! RDP.

Le PAGAC

Le Plan d’action gouvernemental en action communautaire (PAGAC) est apparu en 2022 avec un premier projet pilote visant à explorer de nouvelles façons d’attribuer les financements aux « organismes orphelins ». En 2023, quatre premiers organismes multisectoriels sont financés à la mission. Un an plus tard, un appel à proposition a permis d’identifier dix autres organismes éligibles à ce type de financement. Chacun d’entre eux a reçu récemment une somme de 247 237 $ sur une période de trois ans, pour un total de 2 472 370 M $. « En tant que ministre de l’Action communautaire, mon ministère travaille avec 23 autres ministères pour financer ces organismes. Ce programme répondra enfin aux besoins des organismes sans port d’attache, comme l’initiative 1, 2, 3 GO! RDP, et il reconnait le rôle central des organismes communautaires pour le bien-être des communautés », croit Chantal Rouleau, députée de Pointe-aux-Trembles (PAT) et ministre de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire.

De gauche à droite : Sonia Longpré-Marcoux, agente de développement à 1, 2, 3 GO! RDP; Chantal Rouleau, députée de PAT et ministre de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire ; et Stéphanie Élément, coordonnatrice de 1, 2, 3 GO! RDP (Courtoisie)

Le présent financement a été attribué à ces dix organismes après un appel d’offres survenu cet automne, qui a conduit à une analyse effectuée par un comité interministériel. Ce dernier, composé de représentants de différents ministères, a évalué les candidatures selon des critères précis : les organismes doivent être sans but lucratif, ils doivent être enracinés dans la communauté et doivent, évidemment, mener une mission multisectorielle. « L’initiative 1, 2, 3 GO! RDP en est un bon exemple, car c’est un organisme qui fournit des services directs à la population », mentionne Mme Rouleau. « Ceci marque un tournant important après des années de sous-financement. Notre gouvernement est le premier à financer directement les missions de ces organismes », soutient la ministre.

Cette dizaine d’organismes aura la possibilité de renouveler sa participation au programme si elle continue de répondre aux critères. Les organismes restent soumis à des conditions, comme tout programme, même récurrent, doit être évalué régulièrement pour s’assurer qu’il réponde toujours aux besoins de la mission de l’organisme.

Pour 1, 2, 3 GO! RDP, ce nouveau financement à la mission permettra de développer de nouvelles initiatives et de renforcer ses activités existantes. Selon l’équipe, l’organisme pourra désormais se concentrer sur ses missions de manière plus cohérente et planifiée, et éviter de multiplier les démarches administratives pour obtenir des fonds.

Un organisme unique

Créé en 2003, 1, 2, 3 GO! RDP a été fondé par des membres de la communauté locale pour favoriser le développement des enfants, en particulier ceux âgés de 0 à 5 ans. Au fil du temps, l’organisme a élargi son champ d’action et ses services en réponse aux besoins croissants du quartier, devenant un acteur multisectoriel collaborant avec divers partenaires.

Son financement, initialement par projet, devient instable à partir de 2019, ce qui a engendré des difficultés pour l’organisation. Toutefois, malgré les défis financiers, l’organisme continue à croître et à diversifier ses activités, notamment en planifiant des événements et en mettant en place de nouveaux projets. La mission de 1, 2, 3 GO! RDP inclut désormais un travail direct avec les enfants, les familles, les éducateurs et la communauté en général.

L’organisme est actuellement en planification stratégique, notamment avec la table Petite Enfance, pour mieux répondre aux besoins des familles du quartier. Parmi les événements prévus, sont organisés des soupers de parents, une célébration des nouveau-nés, ainsi que « La fête de la famille », l’événement phare de l’organisme et du quartier de RDP. Il s’implique aussi dans un tournoi de golf avec le Club Optimiste, dont les fonds collectés bénéficient en partie à l’organisme.

Une première friperie pour RDP

L’organisme est aussi derrière l’ouverture d’une friperie à l’église Sainte-Marthe, « un projet essentiel pour le quartier car il s’agit du seul endroit où les résidents peuvent acheter des biens usagés », révèle Sonia Longpré-Marcoux, agente de développement à 1, 2, 3 GO! RDP. « Cette initiative, mise en place avec l’aide de partenaires, montre la diversité des actions entreprises par notre organisme pour soutenir la communauté. » La friperie intègre également une dimension solidaire. Les organismes partenaires peuvent acheter des cartes permettant aux familles les plus vulnérables de bénéficier de biens à prix réduit.

L’église Sainte-Marthe (Image issue de Google Street View)

L’organisation va au-delà de la simple vente de vêtements et de biens d’occasion en mettant en place des pratiques plus personnalisées pour soutenir les familles en situation de précarité, précise l’agente de développement. Par exemple, les familles ayant des besoins spécifiques peuvent prendre rendez-vous pour des achats privés, ce qui permet de préserver la dignité de certaines en évitant des jugements potentiels.

En plus des articles de seconde main, des denrées alimentaires sont également distribuées aux familles dans le besoin. Et si un individu n’a pas suffisamment d’argent pour un achat, l’équipe peut le compléter en ajoutant des produits nécessaires, comme des jouets ou des livres pour les enfants. « Notre objectif est de répondre aux besoins de manière équitable, indépendamment de la capacité financière des familles, ce qui reflète l’approche souple et humaine de nos diverses initiatives », termine Mme Longpré-Marcoux.