Photo courtoisie

OSHLAG BRASSE, DISTILLE ET INNOVE

NDLR : Les brasseurs et distillateurs de l’est de Montréal connaissent depuis quelques années un succès grandissant sur les tablettes un peu partout au Québec, faisant aujourd’hui du territoire l’un des plus productifs sur la scène nationale des micro-brasseurs et micro-distilleries. EST MÉDIA Montréal a voulu en savoir plus sur ces artisans-entrepreneurs en pleine ébullition, ce qui a généré sept reportages et tout autant de belles rencontres, et surtout, une intéressante série signée Elizabeth Pouliot. (4/7).

Postée à la croisée des chemins de grands axes routiers de l’est de la métropole, Oshlag a choisi de miser sur l’aspect local ainsi que sur la versatilité lors de sa création en 2016. Bières, spiritueux, prêts-à-boire, hard seltzers : les artisans qui y œuvrent ont soif d’houblon, mais surtout d’innovation. Portrait d’une microbrasserie aux multiples facettes.

Démêlons d’abord les cartes. Le Groupe Glutenberg, ayant pignon sur rue au 5600, rue Hochelaga, rassemble à la fois la microbrasserie Glutenberg, spécialisée dans les produits 100 % sans gluten; le distributeur Transbroue, qui distribue les produits du groupe et ceux d’une trentaine d’autres microbrasseries partout au Québec; la microbrasserie Vox Populi, qui propose des bières artisanales variées et complexes; et finalement, la Brasserie & Distillerie Oshlag.

Première arrivée, la microbrasserie Glutenberg avait élu domicile à Pointe-Saint-Charles, dans l’ouest de Montréal. Après avoir raflé les honneurs au World Beer Cup en 2012, la compagnie, victime de son succès, n’a d’autres choix que de déménager. Forts de ce succès, les fondateurs avaient beaucoup d’ambition pour la suite des choses et souhaitaient mettre la main sur un local à la hauteur de leurs attentes. Transport en commun tout près, accès pour les camions facilité, possibilité de détenir un permis industriel lourd : le 5600, rue Hochelaga répondait à tous les critères, en plus de se situer dans un secteur intéressant. « Si on regarde un peu l’histoire du quartier, le moins que l’on puisse dire c’est qu’il est dynamique et qu’il porte un grand bagage culturel. Les résidents de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve ont un sentiment d’appartenance, de solidarité et d’entraide peu commun à Montréal », explique Daniel Sauvé, directeur marketing chez Groupe Glutenberg.

Brasser local

Et c’est quelques années après le déménagement que naît Oshlag, qui incarne toute cette idée d’innovation, d’agilité et de versatilité si chère au groupe. Axée sur le local avant l’heure, la brasserie-distillerie a fondé ses bases sur la production locale et les ingrédients québécois. Les produits de la compagnie cherchent à revisiter les classiques, à se distinguer sans cesse des compétiteurs grâce à une petite « twist ». « Pourquoi ne pas brasser nos bières régulières avec des ingrédients 100 % québécois? », se sont demandé les artisans. « Nos brasseurs ont fait des recherches, c’est certain que c’était plus compliqué. On a des houblons quand même limités au Québec par rapport au reste du monde. » Les maîtres-brasseurs ont persévéré dans l’adversité et concocté des recettes efficaces grâce à l’ajout d’ingrédients spéciaux, comme des racines d’angélique ou des copeaux de chêne, y ajoutant ainsi de la profondeur. « C’est ce qui nous distingue, on porte toujours une petite attention particulière au développement de nos recettes et de nos produits. »

Photo courtoisie Oshlag.

Aujourd’hui, le groupe brasse 50 000 hectolitres, emploie 110 personnes et atteindra un chiffre d’affaires de 25 millions de vente avec l’année qui se termine. Oshlag représente 40 % de ce chiffre d’affaires et occupe le temps du tiers du personnel environ. Malgré la pandémie, les brasseurs-distillateurs semblent avoir le vent dans les voiles. Ils doivent évidemment s’ajuster à la fermeture temporaire des restaurants et des bars, mais profitent de l’augmentation des ventes des produits alcoolisés en épiceries, dans les commerces spécialisés et à la Société des alcools (SAQ). « C’est certain qu’on est quand même très choyés d’être parmi les services essentiels. Et on continue de faire travailler nos employés à temps plein. » Produisant habituellement à la fois en barils et en cannettes, les brasseurs-distillateurs ont dû changer leur fusil d’épaule et s’assurer entre autres d’avoir assez de matière première pour produire le nombre de cannettes nécessaires afin d’éviter les pertes du contenu des barils. « Le consommateur a changé ses façons de consommer. Maintenant, un des seuls plaisirs coupables est de déguster une bonne bière ou un bon gin tonic dans le confort de son salon ou de sa terrasse. » Daniel Sauvé mentionne que la vente en épicerie ou en magasin spécialisé a presque doublé si on la compare à l’année dernière! « Ça nous permet de continuer à innover et à produire de la bière pour les consommateurs, parce que la demande est là. »

Un nouveau joueur dans l’équipe

Le groupe peut se vanter d’avoir été le pionnier à plusieurs reprises dans son histoire. La microbrasserie Glutenberg demeure, encore à ce jour, un des rares joueurs dans l’industrie de la bière sans gluten en Amérique du Nord. La Brasserie & Distillerie Oshlag, quant à elle, a été la première à réunir sous un même toit les équipements de brassage et de distillation. De plus, avec son gin rose aromatisé à l’hibiscus et au pamplemousse, la distillerie était visionnaire il y a deux ans. Les produits semblables se multiplient aujourd’hui sur les tablettes de la SAQ. « Sachant qu’on avait l’expertise, la versatilité et l’infrastructure pour créer ce genre de produits, on a aussi été parmi les pionniers à lancer nos prêts-à-boire à base de gin. » Oshlag propose donc depuis plusieurs mois le Ginto Nectar et le Ginto Hibiscus.

Le fameux gin rose aromatisé à l’hibiscus d’Oshlag (photo courtoisie).

À la fin de n’année 2020, Daniel et son équipe ont poursuivi dans la même veine en lançant un hard seltzer, un produit très populaire aux États-Unis. « C’est une boisson alcoolisée à base de malt légèrement aromatisée. Faible en calories, faible en sucre, habituellement transparente avec un petit soupçon de saveurs. » Témoins de l’engouement chez nos voisins du sud pour cet alcool plutôt estival, les artisans se sont remis à la table à dessin et ont tenté d’en créer une version québécoise. « Ç’a été vraiment un travail d’arrache-pied de bâtir cette recette. L’idée est de se rapprocher d’une eau pétillante alcoolisée et super rafraichissante. » Rester pauvre en calories et obtenir un liquide translucide à base de malt n’est pas une mince affaire! Après moults essais et erreurs, les brasseurs-distillateurs ont fièrement réussi leur pari bien québécois. Les arômes ont été développés avec une compagnie de Saint-Hubert, les grains proviennent de la province et la recette a été imaginée rue Hochelaga.

Pour les brasseurs-distillateurs, donner le nom Oshlag à leur compagnie était le meilleur clin d’œil qu’ils pouvaient faire à leur quartier, pour lui montrer leur support et le faire briller partout au Québec. « On se distingue, on fait des recherches pour trouver des ingrédients qui sont différents, dynamiques, locaux. » Et le nom choisi évoque leur signature singulière… tout comme leur équipe. « Ce qui est le plus important, c’est de travailler avec des gens d’exception qui nous amènent toujours à se dépasser », termine Daniel sur une note aussi douce… qu’un gin rose à l’hibiscus.