
Le couvent de la Résurrection de l’Ordre des Franciscains, dont la chapelle, située à gauche, construite en 1960 (Emmanuel Delacour/EMM)
3 avril 2025OCPM : LE PROJET AU COUVENT DES FRANCISCAINS BIEN ACCUEILLI
L’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) a donné son approbation au projet de requalification du domaine de l’ancien couvent des Franciscains. Les éléments architecturaux de l’ancienne chapelle ne pourront toutefois pas être conservés, constate l’organisme.
Ce site, qui se trouve au 5750, boulevard Rosemont, dans l’arrondissement de Rosemont—La Petite-Patrie (RPP), devrait prochainement être transformé pour accueillir des immeubles à vocation résidentielle et communautaire. Les plans sont portés par le promoteur immobilier Prével.
Dans l’ensemble, l’OCPM approuve les deux projets de règlements mis de l’avant par l’Arrondissement, permettant de remplacer l’affectation « Couvent, monastère ou lieu de culte » par l’affectation « Secteur mixte », une augmentation de la densité de construction ainsi que le rehaussement de la hauteur maximale à 23 étages. Les plans déposés par le promoteur prévoient la construction de six bâtiments principaux, allant de 4 à 23 étages. Ce sont environ 900 logements qui sont projetés, comprenant du logement privé, familial, abordable et social. En ce qui concerne le logement social, le promoteur cède une portion du terrain en vue de la construction de deux immeubles, pour un total d’environ 100 à 150 unités.

Deux plans montrant les bâtiments projetés sur le site du couvent des Franciscains, au 5750, boul. Rosemont (Image tirée des documents de Rosemont–La Petite-Patrie)
Puisque tous ces éléments étaient en dérogation au règlement d’urbanisme local, il était nécessaire de procéder à des consultations publiques avant que le projet puisse aller de l’avant. Cette démarche de consultation s’est déroulée de décembre 2024 à janvier 2025 et, à la suite de celle-ci, l’OCPM a publié un rapport cette semaine, dans lequel il émet 12 recommandations. Ce dernier recommande entre autres d’adopter les deux projets de règlements encadrant le projet immobilier en y apportant certaines modifications.
« La proposition a été généralement bien accueillie par les personnes et les groupes ayant participé à la consultation, qualifiant même le projet d’exemplaire à plusieurs niveaux. On a notamment souligné la présence de logement social ainsi que la préservation des milieux naturels à proximité du site. On s’inquiète néanmoins des impacts sur la circulation de l’arrivée importante de nouveaux résidents dans le quartier ainsi que de la démolition de la chapelle moderniste », note l’OCPM dans un communiqué.
Impossible de sauver la chapelle
Dans un précédent article, l’organisme en défense du patrimoine urbain Héritage Montréal faisait part de l’attrait de l’ancienne chapelle et de l’infirmerie, toutes deux construites en 1960.
Avec une voûte plissée en béton, la chapelle moderniste est assez unique en son genre à Montréal, indiquait en juillet dernier le directeur des politiques chez Héritage Montréal, Dinu Bumbaru, qui demandait qu’on préserve ce bâtiment.
Cependant, selon le promoteur immobilier, la présence d’amiante dans les deux bâtiments, combinée à une dégradation majeure des structures, rend leur conservation impossible.
La Ville et l’Arrondissement reconnaissent que le couvent possède un « intérêt archéologique à fort potentiel » et détient des immeubles « significatifs », mais aucun statut en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel ni de désignation patrimoniale fédérale ne lui a été accordé.
Ainsi, l’OCPM appuie la requalification du couvent, la démolition de l’infirmerie ainsi que de la chapelle et son soubassement.
Moduler les hauteurs et préserver le boisé
Parmi ses recommandations, l’OCPM propose de moduler les échelles de hauteur, faisant monter de 13 à 15 étages pour le bâtiment A1 et baisser de 23 à 18 étages pour le bâtiment A2. Les deux édifices sont des tours de logements privés.
De plus, l’Office recommande à l’arrondissement de RPP de s’engager fermement dans la conservation des milieux naturels du Grand Bois des Pères, situé au sud du site, le long de la rue Dickson. Cette préservation implique la confirmation d’un statut de conservation pour l’ensemble du bois. Aussi, on demande d’effectuer des études pour déterminer comment protéger l’intégrité physique et écologique du secteur. Une recommandation indique également de compléter un plan de mise en valeur et un plan de gestion écologique avant la fin des travaux du projet de redéveloppement du terrain et, éventuellement, de tenir compte des travaux d’agrandissement de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont.
Enfin, on demande un « engagement ferme » de la Ville pour la planification et l’exécution exemplaires du volet logement social du projet, et de déterminer des critères afin de garantir une architecture exemplaire pour les nouveaux bâtiments de logement social.
Contacté par EST MÉDIA Montréal, l’arrondissement de Rosemont—La Petite-Patrie nous a fait parvenir un court message. « Nous accueillons le rapport de l’OCPM publié le 2 avril concernant le projet de redéveloppement du site du couvent de la Résurrection, qui est favorable au projet. Nous analyserons attentivement les recommandations qui y sont formulées », résume-t-on dans un courriel.
Le promoteur immobilier Prével et le propriétaire actuel du site, l’Ordre des Franciscains du Canada, n’ont pas donné suite à nos demandes d’entrevue.