DE NOUVELLES INFORMATIONS SUR L’AVENIR DE LA PLACE VERSAILLES
Lundi et mardi derniers, deux soirées porte ouverte ont permis d’en savoir davantage sur l’avenir du centre commercial Place Versailles, dont la démolition a été annoncée ces dernières semaines. Des représentants du projet de redéveloppement étaient présents sur place pour guider les visiteurs à travers un parcours de panneaux d’information qui illustraient notamment l’édification de deux tours résidentielles de 25 étages, l’une des principales préoccupations des résidents du secteur.
Près de 170 personnes, citoyens montréalais et résidents du quartier, se sont présentés aux soirées porte ouverte, témoignant d’un vif intérêt pour le projet de requalification du site. Les concepteurs du projet, architectes et urbanistes, étaient également présents pour révéler les plans d’aménagement et répondre aux questions des citoyens. « On a beaucoup de bonnes questions et de bons commentaires. On a construit un recueil afin de pouvoir ensuite se pencher sur les points soulevés avec l’arrondissement », explique Kevin Robinson, consultant en développement immobilier et responsable du projet de la Place Versailles.
Le cabinet d’architecture Provencher_Roy a réalisé les plans directeurs exposés lors des soirées porte ouverte. « Ils définissent l’emplacement des rues, logements, bureaux, école, espaces verts… Ça nous a pris presque trois ans de travail, en collaboration avec l’arrondissement et la Ville », confie Josée Bérubé, architecte-urbaniste et associée chez Provencher_Roy. L’équipe d’architectes peaufine actuellement les derniers détails du plan. « Le site changera de zonage, passant de zone commerciale à quartier mixte à dominance résidentielle. Cette modification étant d’envergure, elle sera effectuée par la Ville, et non par l’arrondissement », indique Josée Bérubé.
Les travaux de ce large chantier, d’une superficie de 17 hectares et d’une valeur estimée à 2,2 milliards, ne « devraient pas commencer avant trois ans. Une projection raisonnable de la durée des travaux est de 20 ans », informe Pierre Guillot-Hurtubise, vice-président de la firme de relations publiques NATIONAL.
Principales préoccupations
« Démolir, je trouve ça épouvantable! », « Des tours de 12 étages, c’est haut quand même, non? », « On va subir 20 ans de bruits des travaux? » font partie des diverses réactions et questions des résidents lors du dévoilement des plans de transformation du site.
Leurs principales inquiétudes concernent d’abord les 2 bâtiments résidentiels de 25 étages, situés aux extrémités de deux parcs. Une vingtaine de résidents qui habitent des condos de la rue Pierre-Corneille, juste en face de l’une des deux futures tours de 25 étages, ont partagé leurs angoisses : « On est contents du projet, mais on est vraiment déçus de la hauteur de ces édifices. On a l’impression d’être au centre-ville avec la tour des Canadiens de Montréal! », lance Laurent. Le bâtiment où logent actuellement ces résidents compte environ 200 locataires. Avec la tour de 25 étages située en face des appartements, certains n’auront plus de soleil sur leur balcon. « Je n’en aurai ni le matin ni le soir! », regrette Lisette. Les résidents sont également inquiets de la construction prochaine d’une piste cyclable en bas de chez eux. « Nos proches, qui viennent nous visiter, ne pourront plus se stationner sur la rue », constate Denis.
L’architecte Josée Bérubé pointe les avantages de la hauteur de ces tours : « Elles seront fines et s’intégreront bien dans le paysage urbain. Généralement, ce type de bâtiment comprend beaucoup d’aménagements paysagés autour. Avec cette hauteur, ce sera forcément une construction de grande qualité, capable de gérer la pression du vent avec des fenêtres spéciales et de gérer la pression de l’eau également. »
Sur le plan de l’aménagement urbain, le projet offre un autre avantage, selon les instigateurs. « Cela nous permettra de chercher moins d’emprise au sol et d’avoir donc davantage d’espaces verts », souligne Olivier Laurent Cazaban, urbaniste et vice-président associé chez BC2.
Bien que le projet comprenne 471 unités de logements sociocommunautaires, le nombre prévu de logements abordables, plutôt limité, constitue un second point d’interrogation chez certains citoyens. Parmi les 5 202 unités prévues au total, seulement 42 seront des logements abordables, d’après les informations présentes sur les plans de transformation du site. « Ce n’est pas normal qu’il y en ait aussi peu! », s’est exclamée une résidente du quartier.
Les plans dévoilent aussi l’édification d’une résidence pour personnes âgées. « On planifie de construire un « 55 ans et plus », un bâtiment qui offre des soins et possiblement un autre bâtiment avec une offre de soins de longue durée pour des cas un peu plus lourds », informe Kevin Robinson.
Les commerces délaissés?
Le réaménagement de la Place Versailles privilégie le résidentiel au commercial. L’avenir des commerces du site préoccupe des résidents, qui y sont très attachés. « Il y aura moins de pieds carrés commerciaux. Sur le nombre de pieds carrés actuel occupé par des commerces à la Place Versailles, 25 % resteront. Mais cela ne veut rien dire en termes de nombre de commerces, sachant qu’ils peuvent être plus petits », souligne Pierre Guillot-Hurtubise. « Les commerces de proximité seront situés au rez-de-chaussée des bâtiments et les plus grands commerces borderont la rue Sherbrooke », explique Josée Bérubé. (Les commerces apparaissent en couleur rouge foncée sur le plan ci-dessus.) « On recréera un coeur commercial qui mettra de l’avant des commerces de proximité comme des restaurants, des cafés, des terrasses, des fruiteries… Comme c’est le cas actuellement avec le centre commercial, ces espaces seront ouverts à tous, sauf qu’ils seront en extérieur », précise Kevin Robinson.
Une des problématiques du projet concerne l’avenir des commerçants actuels installés à la Place Versailles, sachant que la durée moyenne d’un bail est de cinq ans. « On devra négocier les baux avec chaque commerçant », confie Pierre Guillot-Hurtubise. L’organisation concernant cette partie du projet prendra donc du temps. « À l’heure actuelle, on ne connait pas la liste des commerces qui souhaitent rester ou être relocalisés. C’est certain que rester sur le site est bénéfique pour eux par rapport à la population assez dense qui s’en vient », croit Josée Bérubé.
Pendant les premières années des travaux, les commerces ne seront pas tout de suite démolis. « On devra d’abord relocaliser les stationnements qui sont rattachés à des baux commerciaux. En attendant la construction des nouveaux terrains, on les relocalisera dans une petite structure étagée devant le Canadian Tire. Les négociations avec les commerçants sont à venir. Une fois que les ententes seront conclues avec ces derniers, nous pourrons donc construire sur les stationnements qui seront donc vacants », explique l’architecte-urbaniste et associée de chez Provencher_Roy.
Des nouveaux espaces verts qui plaisent
L’un des grands impacts positifs de ce réaménagement, selon les instigateurs, est la démarche de développement durable derrière le projet. En plus du verdissement important, comprenant la plantation de nombreux arbres et la création de toits verts, deux parcs municipaux seront ouverts à tous, aux résidents comme aux visiteurs. Une place publique pouvant accueillir divers événements (spectacles, marchés de noël…) est aussi dans les plans. « J’attends les deux parcs avec impatience. Un point positif est que mon condo prendra de la valeur après ces aménagements », pense Huguette, propriétaire d’un condo dans le quartier.
De plus, toute la gestion des eaux pluviales du site passera par les parcs. « Tout un système de gestion intelligente des eaux pluviales est prévu avec des noues drainantes et une capacité de rétention d’eau en cas de fortes pluies », annonce Kevin Robinson.
La Ville et l’arrondissement ont mis en place des balises obligatoires en termes d’aménagement en développement durable. L’une des plus importantes est l’indice de résilience climatique qui permet de savoir quelle partie du terrain est « armée » pour faire face aux changements climatiques. « Cet indice comprend des éléments d’innovation, de verdissement avec des toits verts, des cours communes, des arbres… », explique l’urbaniste Olivier Laurent Cazaban. Un autre élément important est que « le règlement de zonage oblige à ce que tous les stationnements sous-terrains soient à 6 m de recul des lignes de rue, afin de planter des arbres en pleine terre », souligne quant à elle Mme Bérubé. Les constructions doivent également respecter des lois d’économies d’énergie. « On prévoie des superficies maximales de fenêtrage dans les bâtiments, de l’isolation pour les toits et façades, la mise en place de ponts thermiques et le chauffage à l’électricité », confie l’architecte.
Une séance d’information publique sera tenue par l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) cet automne. Les citoyens pourront répondre à des questionnaires et des sondages, et faire part de leurs requêtes. « Les commissaires de l’OCPM transmettront le tout à l’arrondissement et à la Ville afin que cette dernière puisse, s’il y a lieu, modifier les réglementations en fonction des recommandations des citoyens », indique Pierre Guillot-Hurtubise.
En principe, la Ville pourra par la suite donner son accord au projet. En 2025, l’arrondissement devra harmoniser son zonage, relativement aux réglementations de construction telles que la hauteur maximale des condos, par exemple, avec les directives du projet de réaménagement de la Place Versailles. Ensuite, le permis de construction pourra être émis. Les travaux devraient donc débuter en 2026.