La Promenade Masson (Courtoisie)

RÉACTIONS AU NOUVEAU PROGRAMME POUR SOUTENIR LES ARTÈRES COMMERCIALES TOUCHÉES PAR DES CHANTIERS

La semaine dernière, la Ville de Montréal a annoncé la mise en place d’un nouveau programme de soutien financier destiné aux sociétés de développement commercial (SDC) confrontées à des chantiers majeurs sur certaines artères commerciales. Des SDC de l’est de Montréal, confrontées à d’importants travaux à proximité et susceptibles de bénéficier du programme, ont partagé leurs impressions à son sujet.

La Ville s’est dite prête à injecter jusqu’à 6,5 M $ au cours des trois prochaines années dans les secteurs concernés, afin de réduire les impacts sur les commerces situés le long des artères affectées par des chantiers.

De tels programmes municipaux ayant déjà été mis en place par le passé, en quoi ce nouveau soutien financier diffère-t-il des précédents? Pour Alia Hassan-Cournol, conseillère de la Ville dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve et responsable du dossier du développement économique au comité exécutif de la Ville de Montréal, « ce qui est vraiment nouveau, c’est le premier volet en amont des chantiers qui est intégré directement dans le programme ». 

Alia Hassan-Cournol, conseillère de la Ville dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve et responsable du dossier du développement économique au comité exécutif de la Ville de Montréal (Courtoisie)

Ce volet permet aux SDC de demander jusqu’à 150 000 $ pour cette première phase, qui inclut notamment la diffusion d’informations auprès de la population avant le début des travaux. « C’est majeur parce que pour bien protéger le commerce en cas de chantier, il faut aussi bien le comprendre, il faut être capable d’en parler. On facilite donc les communications. On a eu plusieurs sondages qui nous ont amenés à faire des modifications sur la façon dont on communique sur les chantiers », explique-t-elle. 

Selon Mme Hassan-Cournol, avec ce montant, les SDC pourront, entre autres, procéder à l’embauche « de chargés de projet, d’agents de communication, et faire de la communication avec les commerçants, les visiteurs, les résidents qui vivent autour d’une SDC qui est en chantier ».

Autre nouveauté du plus récent programme de soutien : un volet de relance des artères commerciales une fois les travaux complétés. « Parce que c’est vrai qu’un chantier a un impact sur l’achalandage et directement sur le portefeuille des commerces. On veut pouvoir revitaliser ou redynamiser une artère commerciale à la suite d’un chantier », souligne la conseillère de la Ville dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. 

Elle ajoute que ces rues commerciales pourraient notamment bénéficier de bourses qui permettront d’attirer de nouveaux commerces. « Et ce sont des bourses qui sont quand même assez substantielles. On parle de 20 000 $ ou 25 000 $ pour attirer des nouveaux commerces et les inciter à ouvrir sur les artères post-chantier », précise Mme Hassan-Cournol. 

Réactions des SDC 

Sébastien Ridoin, directeur général de l’Association des SDC de Montréal (LinkedIn)

Sébastien Ridoin, directeur général de l’Association des SDC de Montréal, se réjouit de ces nouvelles mesures annoncées par la Ville. « On est quand même très satisfaits de pouvoir bénéficier d’un programme qui permet de soutenir la vitalité commerciale sur les artères, puis de s’assurer de réduire au maximum les impacts des travaux pour les commerçants qui sont touchés », a-t-il indiqué. 

Reste à savoir si ce nouveau programme permettra réellement une relance commerciale sur les artères touchées. M. Ridoin explique quant à lui, être confiant. « Et dans le temps des travaux, quand il y aura un besoin de transmettre l’information auprès des commerçants, de venir expliquer s’il y a des prolongations ou non, de faire le travail de sensibilisation vraiment sur le terrain, ce programme va être efficace. Il va s’assurer que la clientèle de passage sur l’artère va être bien dirigée vers les bons commerces », ajoute-t-il.

Kheir Djaghri, directeur général de la SDC Promenade Masson (Courtoisie)

Kheir Djaghri, directeur général de la SDC Promenade Masson, émet un léger bémol face à l’enthousiasme que pourrait susciter ce nouveau soutien : « Il y a quand même une anxiété et un stress auprès des membres et des commerçants, qui s’inquiètent un peu du déroulement et de la survie. Parce qu’à Montréal, les travaux sur des artères commerciales, ça n’a pas toujours été un grand succès. »  

En rappelant que la Promenade Masson sera affectée par des travaux majeurs entre 2026 et 2028, il reconnaît néanmoins que le programme présente des aspects positifs. « Ça nous permettra de mettre en œuvre des mesures d’animation de l’artère, de publicité, de communication, de soutien aux membres. Ça donne quand même une latitude assez intéressante pour mettre en œuvre des mesures de soutien et de revitalisation de l’artère pendant les travaux. »  

Pierre Frisko, directeur général de la SDC Jean-Talon Est (LinkedIn)

Pierre Frisko, directeur général de la SDC Jean-Talon Est, doit déjà composer avec une artère fortement touchée par les travaux de prolongation de la ligne bleue. S’il considère que « pour l’ensemble des SDC, c’est un très beau programme, mieux que le précédent », il apporte une nuance sur la situation particulière de Jean-Talon Est : « On est un peu coincés parce que le programme va être adopté au mois de mars et nos travaux ont déjà commencé depuis un petit bout de temps. »

Stimuler l’achat local 

Le communiqué annonçant l’adoption du nouveau programme de soutien soulignait que « l’achat local est plus important que jamais », en faisant référence aux tarifs douaniers que les États-Unis pourraient bientôt imposer.

Mme Hassan-Cournol anticipe déjà l’impact de ces mesures sur la population. « Je ressens déjà de l’inquiétude chez les commerçants. Ça va impacter la capacité de pouvoir consommer davantage, d’une part. Tout ça va assurément avoir un rebond sur le prix d’achat des produits qui sont vendus dans certains commerces », croit-elle.

M. Djaghri relativise quant à lui les impacts négatifs des politiques tarifaires sur le commerce de proximité. Selon lui, les commerçants en ont vu d’autres. « Lannonce politique faite récemment par nos voisins n’est qu’une couche supplémentaire qui vient s’ajouter à ce qui se produit, à ce qui arrive depuis la pandémie. Depuis 2020, les commerçants ont dû s’adapter à des situations très difficiles comme l’augmentation des tarifs, l’inflation ou encore l’augmentation des salaires des employés », illustre-t-il. 

Pour M. Frisko, l’achat local sur l’artère desservie par la SDC Jean-Talon Est dépendra de la présence de transports en commun dans le secteur. « Si la STM ne ramène pas l’autobus 141 sur la rue, on a une prise contre nous. On doit régler ces problèmes-là et trouver des façons d’utiliser l’argent de la Ville de façon intelligente pour que la rue soit dynamisée. »