Le Plan de quartier stratégique – Vision 2032 de Saint-Michel vient tout juste d’être lancé. L’objectif de ce dernier était d’élaborer une vision de développement social à long terme, fondée sur une large consultation des parties prenantes. Le processus cherchait également à mobiliser l’expertise locale, en particulier celle des organismes communautaires et des citoyens.

La démarche de création a débuté en octobre 2023 par le bilan du plan précédent (2020-2024). « Puis, la démarche s’est étendue sur plusieurs mois et a impliqué une vaste mobilisation. Toute personne intéressée par les enjeux du quartier pouvait participer », indique Dominique Perrault, directrice générale de la table de quartier Vivre Saint-Michel en santé (VSMS).

Dominique Perrault, directrice générale de la table de quartier VSMS (Courtoisie)

L’équipe

Il importe pour la directrice générale de VSMS de préciser que le plan n’a pas été rédigé uniquement par cette table. « Un comité de planification stratégique a été formé, incluant citoyens, institutions et organismes. Cette diversité d’acteurs a enrichi la réflexion et permis de construire une vision collective ambitieuse et innovante pour le quartier. »

En tout, 31 rencontres collectives ont eu lieu, dont des réunions thématiques et populationnelles. Divers groupes ont été consultés : directions d’organismes, intervenants, citoyens engagés. Pour surmonter les défis de communication avec les citoyens, des « semaines de la participation citoyenne » ont été organisées, ce qui comprenait des visites dans des HLM pour personnes âgées ainsi que dans des organismes familles et jeunesse afin de recueillir directement le ressenti de la population.

Le plan

Le résultat final est présenté comme un projet de quartier d’une ampleur inédite visant à transformer en profondeur le tissu social de Saint-Michel.

Le plan se structure autour de cibles précises réparties selon quatre grandes « transformations » qui orienteront le développement du quartier. D’abord, favoriser l’accès aux ressources et aux services, c’est-à-dire garantir aux citoyens du territoire des services accueillants, accessibles, équitables et inclusifs qui répondent à leurs besoins et favorisent leur développement. Ensuite, promouvoir une vie active pour tous, soit encourager un développement physique, social, intellectuel, affectif, culturel, professionnel ou politique, dans le but que chacun puisse déployer son plein potentiel. Troisièmement, améliorer la sécurité réelle et perçue dans le quartier. Et finalement, prévoir la transition socio-écologique en transformant les modes de vie pour répondre aux enjeux environnementaux.

En somme, ces quatre transformations visent à concrétiser la vision d’un quartier « porteur d’avenir, engagé, solidaire et inclusif ». « Et dans ces grandes transformations, il y a des jalons, des moments forts, des états des lieux à faire, des actions, etc. », souligne Mme Perrault.

Bien que le plan couvre la période 2025-2029, il s’inscrit dans une vision projetée jusqu’en 2032. « L’objectif est de permettre une évaluation à mi-parcours, soit en 2029, et d’ajuster les actions en fonction des progrès », ajoute-t-elle. Ce cadre à long terme donnera à la communauté, selon ses acteurs, le temps de collaborer efficacement pour atteindre les objectifs.

Les enjeux visés

Durant toute la démarche de création du plan, on s’est attardé sur des enjeux précis du territoire relevés lors des consultations et reflétant les priorités des citoyens et des partenaires impliqués.

La directrice générale de VSMS mentionne d’abord la réduction de l’insécurité alimentaire. Elle nomme ensuite l’apaisement de la circulation, notamment des véhicules lourds, et la sécurisation des déplacements. « L’intersection Crémazie-Saint-Michel est qualifiée de la plus dangereuse de Montréal », illustre-t-elle. Le renforcement du lien de confiance entre les citoyens et les services publics a aussi attiré l’attention des concepteurs du plan. Finalement, ces derniers souhaitent voir naître une meilleure couverture médiatique du quartier. « On s’est rendu compte depuis plusieurs années que 80 % de ce qui est dit dans les médias au sujet de Saint-Michel est négatif. On pense que le quartier mérite mieux », croit Mme Perrault.

Le plan se distingue donc par sa concrétisation des enjeux exprimés par ses habitants. L’équipe derrière sa création espère qu’ainsi, il servira d’outil de revendication auprès des instances politiques et des institutions, en apportant des données claires et des objectifs bien définis.

« Par exemple, le besoin d’un ascenseur à la station de métro Saint-Michel est un point précis que le plan permettra de défendre avec des arguments solides. Au final, notre espoir est que les changements soient tangibles, notamment en termes de mobilité, de sécurité et de qualité de vie », termine la directrice générale de VSMS.