Pour la première fois en plus de 20 ans, la nouvelle retraitée Nicole Léger ne siègera plus à l’Assemblée nationale à titre de députée de Pointe-aux-Trembles. Cette femme chevronnée qui a dédié sa carrière au développement de l’Est de Montréal avoue d’entrée de jeu que ce sera tout un sevrage pour elle. Toutefois, celle qui a fait partie de l’opposition officielle à maintes reprises au sein du Parti Québécois et qui a siégé à la tête du ministère du Conseil exécutif restera très engagée dans la vie publique régionale puisqu’elle continuera d’assurer, bénévolement, la présidence du Comité de développement de l’Est de Montréal (CDEM). Mme Léger a en effet été reconduite à cette fonction plus tôt cette année par la centaine de membres du comité, alors que sa retraite de la politique active venait d’être annoncée.

Fondé par l’ex-députée en 2011 à la suite de la fermeture dramatique de la raffinerie Shell pour l’Est montréalais, Nicole Léger a fait rapidement de la création du CDEM sa cause et son combat. Sachant que l’impact de la fermeture à répétition de plusieurs usines dans l’Est de Montréal depuis de nombreuses années était pour le moins néfaste pour toute la population du secteur, tant au niveau des emplois directs qu’indirects que pour les commerces de proximité, le CDEM se devait de passer rapidement à l’action. D’autant plus que les regroupements et associations économiques de la région n’étaient pas non plus à l’époque au meilleur de leur forme, et que même des entités importantes à ce niveau avaient disparues, comme la Corporation de Développement économique de l’Est de Montréal (CDEST), par exemple. Le moment était donc idéal pour former un front commun fort dédié à ranimer la vitalité de l’Est de Montréal. «On ne pouvait plus travailler en silos. Pour faire avancer les dossiers il fallait absolument travailler en équipe avec les principaux acteurs locaux de tous les arrondissements de l’Est», affirme Mme Léger.

Prônant ainsi le développement et la pérennité de nouvelles entreprises dans l’Est de Montréal, ainsi que la mise en valeur du territoire et la mise à niveau des infrastructures publiques, le CDEM est composé aujourd’hui d’une centaine de membres dont une majorité d’élus de l’Est provenant des tous les paliers de gouvernement, de dirigeants d’organismes (secteurs de la santé, économique, communautaire, et de l’éducation) et de quelques dirigeants d’entreprises. On peut dire que c’est à la fois la grande diversité et le pouvoir décisionnel de chacun des membres qui fait la force et l’unicité du comité. «Les élus ne siègent pas de façon partisane, mais bien dans le but de faire le lien dans leurs instances politiques pour faire avancer la cause de l’Est», soutient la présidente du comité. L’objectif principal du CDEM étant de promouvoir les intérêts économiques et le développement de l’Est de Montréal, le comité rassemble les personnes clés qui font une différence dans la région pour faire avancer les enjeux communs. «Toutefois, lorsqu’un enjeu local touchant un arrondissement en particulier a un impact important sur l’ensemble de l’Est, le CDEM peut prendre position aussi en faveur d’un projet spécifique à un quartier» ajoute l’ex-députée.

Priorités et réalisations

Parmi les objectifs principaux du plan d’action du CDEM, Nicole Léger mentionne en tout premier lieu la question du transport qui, dans l’Est de Montréal, est une priorité qui fait l’unanimité de tous les membres du comité. Oui, la fameuse ligne bleue est un projet d’envergure que le CDEM surveille de près, mais Mme Léger rappelle qu’il ne faut pas perdre de vue que cette problématique est criante particulièrement à la Pointe de l’île. Selon elle, des liens intermédiaires avec la ligne verte doivent absolument être créés pour favoriser la création de nouvelles entreprises dans ce secteur et ainsi stimuler l’intérêt des travailleurs et des nouveaux entrepreneurs en facilitant l’accès au territoire. Cette initiative favoriserait également davantage l’établissement de modules d’enseignement supérieur (niveaux collégial et universitaire) qui sont absents à la Pointe de l’Île. Et on ne parle pas seulement du métro, mais par exemple de plus d’autobus et d’une navette fluviale qui aideraient à doter convenablement le territoire d’un système de transport en commun plus performant. Les promesses de la CAQ au sujet du transport dans l’Est de Montréal (tramway, réfection de la rue Notre-Dame, navette fluviale, entre autres) devraient donc sourire au CDEM. Reste maintenant à s’assurer que ces projets verront effectivement le jour.

Si le CDEM est impressionnant de par la composition des ses nombreux membres influents de l’Est de Montréal, qui se rencontrent à quelques reprises annuellement depuis maintenant sept ans, ses réalisations ne sont pour le moment pas des plus spectaculaires… mais ouvriraient la porte à plus d’actions dans l’avenir selon Mme Léger. Le plus grand chantier du comité jusqu’à maintenant a donc été de mettre à jour le profil socio-économique de l’Est de Montréal, un travail de moine qui s’est fait dans l’ombre, mais essentiel pour convaincre les gouvernements de réinvestir sur le territoire. Ainsi le CDEM a regroupé et analysé un grand nombre de données compilées auparavant par les arrondissements et autres organisations publiques « qui travaillaient en vases clos », afin de dresser un nouveau portrait économique et sociologique beaucoup plus complet et significatif de la région. «Par exemple, on s’est rendu compte que l’Est représente environ 23% de l’agglomération de Montréal, mais seulement 15% de sa main d’œuvre active. C’est avec de telles analyses de données qu’on peut notamment faire avancer la cause du développement du transport, de la main-d’œuvre et de l’économie dans l’Est. Et nous en avons une multitude maintenant de ces données qui prouvent le retard qu’a pris le territoire ces dernières décennies, et qui nous fournissent des arguments pour faire bouger les choses» avance la présidente. Elle affirme être bien consciente que ce n’est pas excitant comme réalisation aux yeux du public, mais nécessaire pour doter le comité de plus de pouvoir de négociation dans l’avenir. Ce travail, qui a duré plus de cinq ans, a permis entre autres de mieux comprendre l’impact des parcs industriels dans la région, d’identifier des déserts alimentaires, de cerner des secteurs aux prises avec des problèmes de logements insalubres, et d’identifier, par exemple, des manques en termes de programmes de formation pour les entreprises du secteur. « Toutes ces données et ces analyses permettent au comité de se concerter sur les efforts à faire pour revitaliser l’Est dans son intégralité, de prioriser les actions à prendre rapidement et de faire pression pour accélérer les processus de changement», explique Mme Léger.

Afin d’augmenter sa force de frappe auprès des trois paliers de gouvernement, le CDEM travaille également à l’élaboration d’une déclaration publique à laquelle se joindrait tous les membres. Cet énoncé commun devrait être dévoilé en 2019 et engagerait les membres du comité à «développer, promouvoir et agir pour la revitalisation de l’Est de Montréal», affirme Mme Léger.

Les participants de la dernière rencontre du CDEM qui a eu lieu ce printemps au Collège de Rosemont.

Le cœur toujours à l’Est

Après seulement quelques minutes d’entretien avec cette grande dame de la politique québécoise qu’est Nicole Léger, on sent immédiatement tout son dévouement et son engagement sincère envers la population de l’Est, qui le lui a bien rendu pendant les vingt dernières années. Son mandat de citoyenne engagée, pour elle, va bien au-delà de la circonscription de Pointe-aux-Trembles, il se répercute dans tout l’Est de Montréal, et elle souhaite ainsi continuer à promouvoir la mobilisation des acteurs importants de la région en occupant la présidence du CDEM aussi longtemps que les membres le désireront. Pour elle, la vitalité et la prospérité de l’Est sont des dossiers prioritaires et elle veut continuer de mettre de l’avant, du même souffle, la créativité et le potentiel des leaders de l’Est. «Le CDEM est une belle aventure qui est loin d’être terminée, car elle est trop importante pour les années à venir. J’espère que je pourrai contribuer au nouvel essor de l’Est via le comité, et continuer en quelque sorte ma mission des dernières années» de dire Mme Léger.

Organisations représentées au CDEM

AIEM
Arrondissement d’Anjou
Arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve
Arrondissement de Montréal-Nord
Arrondissement RDP-PAT
Arrondissement Rosemont-La-Petite-Patrie
Arrondissement de Saint-Léonard
Autorité régionale de transport métropolitain
Mario Beaulieu, député de La Pointe-de-l’île
Marjolaine Boutin-Sweet, députée d’Hochelaga
CDC de la Pointe – Région Est de Montréal
CDC de Rivière-des-Prairies
CDC de Rosemont
Cégep Marie-Victorin
Chambre de commerce de l’Est de l’Île de Montréal
Chambre de commerce de la Pointe-de-l’Île
Chambre de commerce et d’industrie de Montréal-Nord
Chimie ParaChem
CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal
CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal
Collège de Maisonneuve
Collège de Rosemont
Comité ZIP Jacques-Cartier
Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île
Concertation Saint-Léonard
Conseil central du Montréal métropolitain de la CSN
Conseil d’économie sociale de l’Île de Montréal
Conseil régional FTQ du Montréal métropolitain
Emmanuel Dubourg, député de Bourassa
Emploi-Québec
Nicola di Lorio, député de Saint-Léonard-Saint-Michel
Fonds immobilier de solidarité FTQ
Ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation
Ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification
MOBA
Mobilisons Montréal
Parc Olympique
PME MTL Centre-Est
PME MTL Est-de-l’Île
Port de Montréal
Quartier en santé Mercier-Ouest
Solidarité Mercier-Est
ROCHA
Pablo Rodriguez, député d’Honoré-Mercier
Filomena Rotiroti, députée de Jeanne-Mance-Viger
Secrétariat à la région métropolitaine
Table de quartier Hochelaga-Maisonneuve
Table de quartier Montréal-Nord en santé
Tandem RDP-PAT
Marc Tanguay, député de LaFontaine
Lise Thériault, députée d’Anjou-Louis-Riel
Unifor Québec
Ville de Montréal, Service du développement économique
Ville de Montréal-Est 

Note : les députés sortants Jean-François Lisée, Carole Poirier, Maka Kotto, Nicole Léger, et Rita de Santis étaient représentés avant les élections du 1^er octobre dernier.