MONTRÉAL-NORD EST PRÊT POUR UNE VAGUE DE MODERNISATION DIT CHRISTINE BLACK
Durant la présente campagne électorale municipale, EST MÉDIA Montréal proposera plusieurs rencontres avec des aspirants à la mairie d’arrondissements de l’est, question de découvrir à la fois leur plateforme locale et leur vision de certains enjeux liés au territoire. Aujourd’hui, Christine Black, d’Ensemble Montréal, candidate dans Montréal-Nord.
Si ce n’était de la pandémie qui sévit depuis le printemps 2020, l’arrondissement de Montréal-Nord serait beaucoup plus en ébullition actuellement. C’est que l’administration de la mairesse sortante Christine Black planche depuis plusieurs années déjà sur nombre de plans directeurs qui apporteront des couleurs différentes au territoire, un travail considérable de planification qui se fait généralement en coulisses, en parallèle de consultations et d’audiences publiques. Ainsi, avant l’arrivée du virus, et encore depuis, Montréal-Nord dévoilait un à un ses plans d’avenir à propos de plusieurs aspects stratégiques : Plan particulier d’urbanisme (PPU) Pie-IX, qui prévoit une redynamisation importante du nord-ouest de l’arrondissement, Plan de verdissement, Plan de mobilité, Plan de développement de l’emploi et du secteur industriel, Plan économique, Plan d’habitation, Plan d’action pour les parcs, bref; la table semble mise pour une vague de modernité à Montréal-Nord, un secteur qui en a bien besoin, il faut le dire.
« On était sur un air d’aller avant la pandémie, c’est sûr. Les dossiers cheminaient rondement, on sentait que le mouvement était bien parti pour revitaliser Montréal-Nord. On se projetait enfin dans l’avenir avec optimisme, et on se préparait aussi à redorer l’image de l’arrondissement. Sans tout arrêter le processus, disons que la pandémie a freiné bien des choses. Nos ressources et nos efforts ont dû se concentrer sur l’urgence, le soutient à la communauté et les services à mettre en place au fil de la tempête », expliquait Christine Black, lors d’une rencontre en visioconférence au début du mois d’octobre.
Garder le fort… et poursuivre le travail
La candidate d’Ensemble Montréal, et nouvelle maman, a donc entamé sa troisième campagne électorale aux côtés de Denis Coderre, dans un arrondissement que la plupart des analystes lui concèdent (Montréal-Nord est un château-fort de Coderre et d’Ensemble Montréal). Toutefois, Valérie Plante a voulu marquer un grand coup en présentant cette fois un candidat vedette en la personne de Will Prosper, mais dont la rentrée a été vite éclaboussée par les démêlés du militant et documentariste avec la GRC, son ancien employeur. « À la base, c’était déjà une candidature plutôt controversée qui milite entre autres pour le définancement de la police et qui travaille très peu avec le système et les autorités en place. Mais avec tout ce qui est sorti dans cette histoire, ça me dépasse que Valérie Plante le garde dans son équipe », affirme Christine Black.
Cette dernière ajoutera rapidement qu’elle ne veut pas s’attarder sur cette situation particulière, mais plutôt « aller à la rencontre des gens et parler de notre programme, et laisser les gens se faire une opinion par eux-mêmes. » Si elle est d’avis que cette campagne, qui se déroule sous les effets de la COVID, manque par la force des choses d’événements et de rassemblements militants, la mairesse sortante dit transposer alors ses énergies en faisant beaucoup de porte à porte. « Il me semble que les gens ont plus d’intérêt cette année pour la politique municipale. Probablement qu’ils ont été plus à la maison depuis deux ans et qu’ils ont pu observer un peu mieux la mécanique municipale, et aussi il y a une véritable lutte en ce moment entre Coderre et Plante, donc ça amène inévitablement un certain suspense. Jusqu’à maintenant la réponse est super bonne pour Ensemble Montréal, je pense que les gens de Montréal-Nord ont hâte de retrouver Denis Coderre à la tête de la métropole. D’avoir un maire qui n’a pas peur d’aller au front pour faire avancer les dossiers », soutient Christine Black.
Un bilan en deux temps
La candidate, comme la plupart des maires d’arrondissements sortants, analyse son travail des quatre dernières années en deux blocs, soit l’avant pandémie, et ce qui se passe depuis. Comme elle le disait précédemment, son administration s’apprêtait à mettre en action plusieurs plans élaborés ces dernières années. « La pandémie n’est pas venu tout arrêter, mais elle a ralenti à peu près tous les projets. Malgré tout il y a beaucoup de choses que nous avons réalisé pendant ce mandat hors du commun. Par exemple, au niveau de l’environnement, nous avons créé 19 ruelles vertes, implanté BIXI sur le territoire, planté plus de 5 000 arbres et investi un million de dollars pour soutenir l’Éco-Quartier et ouvrir un 2e point de service. Quant aux espaces publics et aux parcs, nous avons construit un pavillon et rénové le pôle aquatique au parc Henri-Bourassa, ajouté des jeux d’eau aux parcs Maurice-Bélanger, Sabrevois, Ménard et Henri-Bourassa, réaménagé complètement le parc Aimé-Léonard et créé le parc Langelier-Villeneuve, le parc-école Jules-Vernes et la Place de l’espoir », déroule d’un trait Christine Black.
La mairesse sortante ajoutera notamment à la liste de réalisations récentes de l’arrondissement une pléiade de mesures d’apaisement de la circulation; le financement de cadets policiers et une collaboration sans précédent avec le service de police pour tenter de palier aux enjeux de sécurité sur le territoire; l’organisation de deux grands rendez-vous sur les priorités économiques de l’arrondissement; un soutient financier accru et récurrent pour la CDEC Montréal-Nord ( 1 282 500 $ sur trois ans); et plusieurs actions sur le plan culturel, malgré la pandémie. Elle se dit particulièrement fière que la valeur des permis de travaux privés soit passée de 40 M $ en 2016 à 125 M $ en 2020 à Montréal-Nord. « Au-delà de tout cela, je pense que ce dont je suis la plus fière au cours du dernier mandat, c’est notre valorisation et notre engagement envers les principaux organismes de l’arrondissement. Nous soutenons maintenant sur trois ans plusieurs d’entre eux et ça fait une grande différence parce beaucoup plus d’efforts peuvent être mis sur le terrain au lieu chercher constamment des subventions de toutes parts. Je le sais car je proviens de ce milieu. Ce serait bien si Québec et Ottawa pouvaient aussi voir à plus long termes le financement des organismes », explique Christine Black.
Cette dernière fera un parallèle avec le problème de criminalité par armes à feu, exacerbé selon elle par les contrecoups de la pandémie, qui sévit sur son territoire, mais aussi partout dans le Grand Montréal depuis quelques mois. « Il faut plus de ressources policières, certes, mais il faut aussi donner plus de moyens aux organismes communautaires sur le terrain. Ça fait des années que je tiens ce discours. L’arrondissement le fait, mais il faudra que les ressources des autres paliers de gouvernement suivent. Pas seulement pour augmenter le nombre d’intervenants communautaires, mais aussi pour mettre en place des infrastructures publiques adéquates pour nos jeunes, nos organismes et pour la population en général. Montréal-Nord est un territoire qui a besoin d’investissements, un territoire qui a été laissé à lui-même trop longtemps. On a pas encore de centre sportif et communautaire imaginez… il faut que ça se règle. »
Plateforme électorale
D’entrée de jeu, Christine Black avance que son prochain combat sera celui d’obtenir de la ville centre « notre juste part de budgets de fonctionnement et d’immobilisations. » Elle affirme que Montréal-Nord doit composer annuellement avec des budgets nettement insuffisants qui limitent l’arrondissement dans sa livraison de services de proximité et dans son développement d’infrastructures. Ces budgets, basés sur une « sous-dotation historique provenant des fusions municipales de 2001 » ont tout de même vu leurs montants augmenter lors d’un exercice de réforme de financement des arrondissements amorcé par la ville centre au cours du mandat de 2013-2017, alors sous le règne de Denis Coderre. « Mais l’administration actuelle a décidé de freiner cette volonté de mise à niveau budgétaire au cours du présent mandat et cette décision a des conséquences directes et néfastes sur le devenir social et économique de Montréal-Nord », affirme la candidate d’Ensemble Montréal, qui prône donc un principe d’équité de financement pour l’ensemble des arrondissements de Montréal.
Un financement plus équitable permettrait entre autres à l’administration Black, selon leur plateforme publique, de : Construire un centre sportif; réaménager le parc Pilon; aménager et verdir l’entrée de ville à l’angle des boulevards Pie-IX et Henri-Bourassa; augmenter la canopée; et mettre en valeur le parcours Gouin et des berges de la rivière des Prairies.
Du côté économique, Christine Black s’engage à mettre en place un plan directeur d’aménagement des zones d’emploi, à revitaliser les secteurs commerciaux De Charleroi, Monselet, Fleury, Pie-IX et Henri-Bourassa, en plus de créer une Société de développement industriel.
Quant à l’épineuse question du logement, la mairesse sortante soutient que l’arrondissement fait face en fait à trois défis. « Il faut ajouter évidemment du logement social et abordable, mais il faut aussi ne pas perdre ceux qu’on a déjà. Je pense surtout aux coopératives d’habitation que le fédéral a subventionné dans les années 1970, dont plusieurs sont vraiment délabrées aujourd’hui. Il faut donc pouvoir les rénover, tout comme bon nombre de plex sur le territoire, il faudra trouver des solutions pour inciter les propriétaires à mettre leurs immeubles à niveaux. Finalement, je crois qu’il faut que Québec revoit certains critères d’évaluation au niveau des subventions accordées par territoire pour du logement social. Sans entrer dans les détails, certains critères actuellement désavantagent des quartiers comme Montréal-Nord ou Saint-Michel compte tenu du coût médian des loyers », dit-elle.
Finalement, Christine Black espère un troisième mandat afin de poursuivre la mise en œuvre des grands plans d’avenir que son administration a élaboré ces dernières années. « Et je veux relancer notre projet d’améliorer l’image de marque de l’arrondissement, mis sur pause à cause de la pandémie. Je veux que les citoyens de Montréal-Nord redeviennent fiers de leur arrondissement. Je pense que Montréal-Nord est aujourd’hui l’un des arrondissements montréalais les mieux préparés pour faire face aux défis des prochaines années. »