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MOBILIER URBAIN : JOINDRE L’UTILE À L’AGRÉABLE N’EST PAS DONNÉ

Si on s’attarde un tant soit peu au mobilier urbain, il suffit d’une simple balade pour réaliser à quel point divers objets qui nous entourent au quotidien passent souvent inaperçus, alors qu’ils sont en fait plus intéressants qu’on l’imagine au premier abord. Design, utilité, coût, durabilité, empreinte environnementale, origine de fabrication; plusieurs aspects peuvent aussi susciter des interrogations quant au choix du mobilier urbain installé dans les différents arrondissements montréalais. Mais qu’est-ce, au juste, que du « mobilier urbain »? Bonne question…

Selon l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, le mobilier urbain comprend les bancs, poubelles, modules de jeux, balançoires, lampadaires, clôtures et supports à vélo. Même son de cloche, à peu de choses près, du côté des deux autres arrondissements contactés, soit Rosemont–La Petite-Patrie et Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles.

À la fois simple et complexe

Quels sont les coûts ou les budgets reliés au mobilier urbain chaque année pour un arrondissement? Comment procède-t-on à l’évaluation des besoins, de l’état du parc et des équipements? Quel est le processus d’achat? Privilégie-t-on des fournisseurs québécois? Chacun des arrondissements sondés ont collaboré de bonne foi à ce reportage, mais difficile d’obtenir notamment des données générales quant aux budgets annuels alloués ou prévisions en termes de mobilier urbain. « L’arrondissement n’a pas un poste budgétaire dédié au mobilier urbain. L’achat est effectué en fonction des besoins et de la planification des travaux à partir du budget de fonctionnement et du programme décennal d’immobilisations (PDI). Quant aux coûts d’entretien de mobilier, ils totalisent environ 10 000 $ à 15 000 $ annuellement », nous informe l’équipe des communications de l’arrondissement de MHM. Donc, le budget pour l’achat de mobilier urbain varie d’une année à l’autre selon les projets de construction, rénovation et mise aux normes des infrastructures publiques. Et cette variation peut être vraiment importante dépendant de l’ampleur des travaux envisagés.

Alors plus simple d’analyser certains exemples à la pièce si on veut avoir un aperçu des dépenses que peut engendrer l’acquisition de mobilier urbain. Prenons le cas de luminaires et feux de circulation. Du côté de Rosemont–La Petite-Patrie, il est notamment intéressant de souligner, d’entrée de jeu, que son équipe « Entretien de l’éclairage, de la signalisation et du marquage de la chaussée », a développé une expertise qu’elle offre aujourd’hui à plusieurs arrondissements. En effet, les feux de circulation remplacés pour diverses raisons par cette équipe sont réparés pour être réutilisés, puis les pièces fonctionnelles sont aussi réutilisées sur d’autres infrastructures du même type. Plus de 600 feux provenant de partout à travers la Ville sont ainsi revalorisés chaque année. « Le coût de remplacement d’un luminaire peut varier en fonction du type de mobilier à remplacer. Le prix oscille alors entre 1 750 $ et 2 350 $ par luminaire, incluant le fût (le poteau), la console et le luminaire (haut). Pour ce qui est des feux de circulation, le coût varie plutôt entre 1 550 $ et 3 000 $, en fonction de la hauteur du feu, de ses composantes et du matériel supplémentaire sur le fût, par exemple des caméras de détection ou autres, qui peuvent faire varier le coût pour un remplacement complet de l’équipement. Ces coûts excluent la main d’œuvre », explique Judith Gratton Gervais, chargée de communication à l’arrondissement de RPP.

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L’arrondissement de RDP-PAT a investi quant à lui de bonnes sommes l’an dernier au niveau des appareils de jeux pour enfants dans quelques parcs fraîchement rénovés. Par exemple, les coûts pour la fourniture et l’installation des modules de jeux au parc Hans-Selye ont grimpé à 274 605,23 $, alors qu’au parc Saint-Joseph on parle de quelque 456 898,00 $, taxes incluses. « Il importe de préciser que ces prix sont exclusivement pour les appareils de jeux. Cependant, l’aménagement de l’aire de jeux implique plusieurs autres ouvrages essentiels qui ne sont pas inclus dans ces évaluations (exemple : surface de protection, bordure de béton, drainage, etc.). Pour le parc Saint-Joseph, il est important également de prendre en considération que les aménagements et les modules de jeux répondent au principe d’inclusivité. Les prix ne sont donc pas nécessairement comparables aux installations dans d’autres parcs », souligne Karine Tougas, chargée de communication à l’arrondissement de RDP-PAT. Jouissant d’un aménagement exceptionnel, soulignons que le projet du parc Saint-Joseph, réaménagé en 2020-2021, est finaliste du prestigieux mérite Ovation municipale de l’Union des municipalités du Québec cette année dans la catégorie « Aménagement et environnement », et son aire de jeu inclusive a aussi retenu l’attention du jury du Prix ESTim 2022 de la Chambre de commerce de l’Est de Montréal dans la catégorie « Projet du secteur public/parapublic ».

L’arrondissement de MHM nous a quant à lui fourni comme exemple l’acquisition récente de 900 supports à vélos de type bollard (pour 2 vélos) et de 100 supports multiples (pour 6 vélos), un investissement évalué à 248 346 $ incluant les taxes. « L’arrondissement souhaite offrir un maximum de stationnements pour les vélos afin d’inciter la population à modifier ses habitudes de déplacement et favoriser le transport actif. À cet égard, l’arrondissement a acquis 1 000 supports à vélo annuellement en 2020, 2021 et en 2022 pour les déployer sur son territoire. Cela représente une dépense variant de 250 000 $ à 350 000 $ selon le type de supports achetés. L’arrondissement souhaite poursuivre l’implantation massive de supports à vélo au cours des prochaines années », a déclaré Nadia Said, chargée de communication à l’arrondissement.

Spécifions en terminant que pour certains aménagements particuliers, un type de mobilier urbain peut aussi être développé afin d’ajouter à la signature d’un projet. Les matériaux et les couleurs peuvent alors différer du mobilier régulier d’un arrondissement. C’est le cas lors de la réorganisation d’axes commerciaux ou de certaines parties dans les parcs, indique l’équipe des communications de MHM. Quant à la durée de vie du mobilier urbain, elle est très relative en raison de l’usure, de certains actes de vandalisme, et du choix des matériaux utilisés. Par exemple, le bois a une durée de vie plus courte que le plastique recyclé.