MI-MANDAT : CHANTAL ROULEAU FAIT LE POINT SUR LES GRANDS CHANTIERS DE L’EST
La députée de Pointe-aux-Trembles, ministre déléguée aux Transports et ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal, Chantal Rouleau, s’est prêtée à une entrevue de mi-mandat la semaine dernière avec EST MÉDIA Montréal, présentée dans le cadre du dossier spécial Est en développement. Malgré la période très particulière que nous traversons tous, elle se dit tout de même satisfaite du chemin parcouru depuis la fameuse Déclaration pour revitaliser l’Est de Montréal signée conjointement avec l’administration Plante en décembre 2018.
EST MÉDIA Montréal : Évidemment, le dossier chaud de l’heure – Est-ce que le REM, c’est officiel dans l’est ou non?
Chantal Rouleau : (rires) J’ai vraiment hâte de pouvoir en parler de façon concrète, mais pour le moment, aucune décision finale n’a été prise au sujet du transport collectif électrique et structurant dans l’est de Montréal. Des rencontres ont toujours lieu avec les partenaires, notamment avec la Ville de Montréal. Vous savez, il n’y a pas si longtemps que la Caisse de dépôt et placement du Québec a déposé ses analyses et ses propositions. Alors du moment que le gouvernement se fait une tête sur la solution à adopter, il faut ensuite en discuter avec les parties impliquées pour arrimer beaucoup de choses qui s’y attachent, car on veut tous arriver au meilleur projet possible, et ça demande qu’on s’y attarde avec beaucoup d’attention. C’est ce que l’on fait en ce moment avec intensité, mais les annonces sont imminentes.
EMM : Continuons, si vous le voulez bien, sur le sujet du transport. Est-ce que le prolongement de la ligne bleue avance? Il semble y avoir des problèmes avec certains dossiers d’expropriation, notamment. Et est-ce que le dossier du SRB Pie-IX suit son cours?
CR : Le prolongement du métro dans l’est de Montréal est également un projet extrêmement attendu par la population, et ce, depuis de nombreuses années. C’est pourquoi notre gouvernement l’a intégré au projet de loi 66, présenté en septembre par ma collègue Sonia Lebel, la présidente du Conseil du trésor. Nous aurions voulu adopter la première mouture du projet de loi au printemps passé, mais les oppositions en ont décidé autrement. La mairesse de Montréal a d’ailleurs salué le projet de loi. Je souhaite donc voir les députés de l’est de Montréal et l’ensemble des élus mettre au cœur de leurs priorités le transport collectif et aller de l’avant avec les projets inscrits au projet de loi. Nous avons besoin de les accélérer. Pour la mobilité, mais aussi pour la relance économique de Montréal et du Québec. Pour le moment, les travaux préparatoires et les études pour le prolongement de la ligne bleue se poursuivent. Quant au SRB Pie-IX, j’ai annoncé en décembre dernier le prolongement jusqu’à Notre-Dame, alors qu’à l’origine le projet arrêtait à Pierre-de-Coubertin, à la station de métro Pie-IX. Le dossier, piloté par la STM et l’ARTM, va bon train. La mise en service est toujours prévue pour 2023.
EMM : Est-ce que les préparatifs en vue des travaux majeurs du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine se déroulent comme prévu?
CR : Dans l’ensemble oui, les travaux préparatoires sont en cours. Dès le printemps prochain, la nouvelle voie réservée en direction de Montréal sera construite et la préparation nécessaire pour implanter les mesures d’atténuation (stationnements incitatifs, terminus d’autobus à la station Radisson) sera faite. Ainsi, les usagers du pont-tunnel pourront compter sur des solutions de rechange alternatives qui seront en place avant les fermetures majeures qui ne sont prévues qu’à partir de 2022.
EMM : Est-ce que la réfection de l’autoroute 40 est toujours dans la mire de Québec?
CR : Il est important de maintenir nos actifs en infrastructure. C’est pourquoi notre gouvernement investit des sommes importantes dans le réseau routier, dont un montant historique de plus d’un milliard de dollars entre 2020 et 2022. Le projet du pont-tunnel en témoigne bien d’ailleurs. L’autoroute Métropolitaine est un axe très important pour la circulation dans la région de Montréal, et des travaux doivent être réalisés. Actuellement, pour la portion est de l’autoroute, nous en sommes à la préparation du projet et à l’octroi de contrats pour les plans et devis. Le dossier chemine comme prévu dans notre planification.
EMM : Un autre sujet très important que vous avez abordé d’entrée de jeu lors de votre campagne électorale, la décontamination des sols industriels dans l’est de Montréal, semble suivre son cours avec l’annonce de la Ville de Montréal au printemps dernier des modalités d’aide financière pour décontaminer les terrains des zones Assomption-Sud et SIPI. Des sommes qui seront tirées d’un premier 100 M $ octroyé par Québec, que vous aviez promis dans votre plateforme. Toutefois, les projets de décontamination semblent se faire attendre.
CR : Actuellement, l’est connaît un renouveau. Beaucoup de projets sont en cours de réalisation ou sont en discussion. Je suis certaine que cette vague de renouveau à laquelle nous assistons va inspirer les entreprises privées. Avec le projet de loi 66, nous voulons accélérer les projets d’infrastructures, et l’est a tout en main pour jouer un rôle important dans la relance économique de la métropole. D’ailleurs, nous pouvons vous confirmer en exclusivité que plusieurs projets de décontamination seront annoncés d’ici quelques jours. C’est du concret, et c’est une excellente nouvelle!
EMM : En campagne électorale vous parliez de 200 M $ pour la décontamination des sols dans l’est de Montréal. Est-ce toujours dans vos carnets?
CR : Nous travaillons dans l’intérêt de l’Est de Montréal. Nous suivons le dossier de la décontamination et du premier montant de 100 M $ de très près avec la Ville. Des échanges ont lieu régulièrement à ce sujet. Il est primordial pour nous qu’il y ait des investissements pour l’Est pour que nous puissions réaliser des projets qui changeront le quotidien des citoyens.
EMM : On parle de plus en plus de l’arrivée imminente des zones d’innovation, grand projet du gouvernement caquiste. Qu’est-ce au juste, et est-ce que l’est de Montréal est bien positionné pour en accueillir?
CR : La création de zones d’innovation permettra d’insuffler une culture d’innovation à des territoires géographiques délimités, où des acteurs de la recherche, de l’industrie et de l’entrepreneuriat sont regroupés et collaborent. Elle permettra d’augmenter la commercialisation des innovations, les exportations, les investissements locaux et étrangers ainsi que la productivité des entreprises dans des secteurs technologiques d’avenir pour lesquels le Québec détient des avantages comparatifs importants. Les zones d’innovation feront d’ailleurs partie des axes de la relance économique du Québec.
La Déclaration conjointe pour revitaliser l’Est de Montréal identifie plusieurs secteurs d’activité déjà présents dans ce territoire et à prioriser, dont les technologies propres, la chimie verte, l’agroalimentaire, le manufacturier innovant et la logistique avancée. Nous allons considérer tous les projets de zones d’innovation qui nous seront présentés. Certains groupes sont déjà prêts à déposer des projets auprès du MEI. J’ai donc bon espoir que nous pourrons faire de belles annonces très bientôt.
EMM : Qu’en est-il du projet de reconstruction de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont? Un échéancier est-il prévu?
CR : Nous sommes très conscients du défi de l’accès à l’urgence à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont et suivons ce dossier quotidiennement. Il est évident que la pandémie a mis davantage de pression sur les hôpitaux. Le dossier de la reconstruction chemine normalement. (NDLR : le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal en est à la planification clinique du projet de reconstruction. Les plans et devis devraient suivre, en théorie, dans les prochains mois, voire peut-être un an ou deux).
EMM : Un grand projet de revitalisation sur la rue Notre-Dame, dans le Vieux-Pointe-aux-Trembles, a été annoncé tout récemment par la Société de développement Angus, en collaboration avec Québec et l’arrondissement de RDP-PAT. Est-ce une continuité, en quelque sorte, du développement du « cœur du village » que vous aviez amorcé comme mairesse de l’arrondissement il y a déjà plus de dix ans?
CR : J’ai toujours travaillé très fort pour le développement de RDP-PAT et de l’est de Montréal, et je continue de le faire comme députée et comme ministre. Je salue par ailleurs le travail de la mairesse Caroline Bourgeois qui continue la vision que nous avions ensemble à l’époque. L’arrivée de la Société de développement Angus dans le secteur marque le commencement d’un projet collaboratif, novateur et porteur pour l’est de Montréal, au cœur du village du Vieux-Pointe-aux-Trembles, qui est d’ailleurs situé dans ma circonscription. Ce projet s’inscrit en tout point dans la démarche de revitalisation de l’Est de Montréal que j’ai entreprise lors de mon arrivée au gouvernement. Le projet proposé par la SDA est structurant pour la communauté et contribuera à dynamiser ce secteur et à y améliorer la qualité de vie. C’est en travaillant ensemble, avec le milieu des affaires et avec des organisations engagées que les citoyens et citoyennes verront une différence dans leur quotidien. Plus que jamais, un gouvernement pose des actions concrètes pour valoriser le développement de l’Est de notre métropole. C’est d’ailleurs ce qui me motive grandement depuis mon passage de la politique municipale vers mon rôle de ministre responsable de la Métropole.
EMM : Après la rénovation majeure et la création de la magnifique Maison du citoyen, des places publiques des alentours, près du fleuve, de la mise en place de la navette fluviale, etc., le secteur semble enfin redevenir assez dynamique. Est-ce qu’il sera même bientôt attractif selon-vous avec la transformation qui se poursuit, notamment du côté de l’offre commerciale?
CR : Certainement. Je me souviens notamment qu’il n’y a pas si longtemps, lorsque nous procédions aux premiers essais avec la navette fluviale, les gens qui arrivaient dans le secteur nous disaient souvent : c’est vraiment très beau dans ce coin, mais est-ce qu’il y a un endroit où on peut manger un petit quelque chose, prendre un verre, magasiner un peu… et ça revenait toujours sur le tapis. Le projet de la SDA sur Notre-Dame, c’est pour développer cette offre commerciale et redonner de la vie au secteur au profit des résidents et des visiteurs. Et l’Association de commerçants déjà sur place est aussi de plus en plus dynamique et intéressante. J’espère que ce projet sera une locomotive qui attirera d’autres projets, d’autres investisseurs, et que le Vieux-Pointe-aux-Trembles redevienne un endroit de destination.
EMM : Parlant de navette fluviale, est-ce que le projet va être relancé après la COVID?
CR : Oui, bien sûr. Et je continue de croire que nous serons éventuellement en mesure d’étendre le projet à un réseau de navettes fluviales, pas seulement de P.A.T. au centre-ville, mais que l’on pourra relier plusieurs points d’embarquement, sur la rive-sud notamment.
EMM : La COVID-19 a fait des ravages considérables dans l’est de Montréal lors de la première vague. La deuxième semble moins problématique pour l’instant. Les autorités sont-elles mieux préparées?
CR : Oui car nous avons beaucoup appris depuis ce printemps, et nous sommes aujourd’hui mieux préparés et mieux équipés, dans la mesure du possible. La communication entre les parties prenantes est plus efficace et mieux organisée, avec les deux CIUSSS sur le territoire (Est et Nord), les institutions, organismes, communautés d’affaires, etc., et cela est une condition essentielle à notre capacité d’intervention et notre rapidité sur le terrain. Ça fait une différence, surtout dans les zones plus hypothéquées pour toutes les raisons que l’on connaît. La COVID a mis en lumière des situations ou des problématiques que l’on ne voyait pas avant ou sur lesquelles les autorités tardaient à agir. Alors cela a changé nos priorités dans certains cas, mais chose certaine, c’est ensemble, avec nos efforts communs d’hygiène et de distanciation sociale, que nous serons collectivement mieux en mesure de faire face au virus.
EMM : Le secteur nord-est de Montréal-Nord est toujours aux prises avec de graves problématiques de pauvreté, de criminalité et de gangs de rue, et cela continue de faire les manchettes. Il y a eu beaucoup d’effets collatéraux de la COVID dans ce quartier et la quiétude des résidents est mise à rude épreuve, notamment. Vous seriez intervenue dans le dossier ces derniers jours. Qu’en est-il au juste?
CR : J’ai créé un comité réunissant des élus de tous les paliers de gouvernement afin de se concerter sur les actions à prendre à Montréal-Nord. Malgré tout l’historique que l’on connaît dans ce secteur, c’est la première fois qu’on arrive à faire cela, imaginez… Une première rencontre a eu lieu il y a à peine quelques jours et je pense que ça va apporter de bons résultats. Tout le monde, toutes les parties prenantes dans ce secteur de l’est possèdent un morceau du puzzle pour régler la situation, ou du moins l’atténuer, alors il faut les mettre ensemble pour créer quelque chose de fort, une fois pour toutes. Ça va prendre de la volonté politique, un plan d’action concerté, et des moyens pour y arriver, et il faudra aller au bâton. Et je vais le faire, le processus est en branle.
EMM : Le Comité de développement économique de l’Est de Montréal (CDEM), cette grande table de concertation sur le territoire, semble suivre une nouvelle direction avec le départ de la présidente-fondatrice Nicole Léger et l’arrivée de deux nouveaux co-présidents, le maire de Montréal-Est Robert Coutu, et celui de l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Pierre Lessard-Blais. Vous-même et votre personnel politique ne participez plus aux activités du CDEM depuis votre élection au provincial. Avec la nouvelle mouture, pensez-vous revenir à cette table?
CR : D’abord, je tiens à souligner le travail remarquable de Mme Léger avec le CDEM, vraiment. Par contre, il faut savoir que le CDEM est aussi un groupe de pression, et en ce sens, étant au gouvernement, et ministre de la Métropole, je ne peux faire partie d’une organisation dont un des principaux mandats est de faire des revendications auprès des autorités. Mais je suis entièrement à l’écoute de cette table, comme des autres regroupements que sont par exemple l’Alliance pour l’Est de Montréal ou encore la Chambre de commerce de l’Est de Montréal. Je suis disponible, ces organisations le savent, et en général la collaboration est très bonne avec elles.
EMM : Êtes-vous satisfaite de ce qui se passe actuellement dans l’est de Montréal? Est-ce que, selon vous, la transformation, la revitalisation si souhaitée ces dernières années, est réellement en train de se faire?
CR : Je suis très, très heureuse de voir l’évolution de ce grand mouvement en ce moment. Oui il est véritablement amorcé et on peut le constater chaque jour. On peut voir les actions et les gestes posés concrètement par Québec et Montréal, sur le terrain, comme on voit les investissements du secteur privé se manifester comme jamais auparavant depuis les dernières décennies. On constate des grands travaux de décontamination des sols, les grands chantiers de transport collectif sont en marche, il y a plusieurs initiatives vertes dans l’est également, on regarde de très près pour une possible émergence de zones d’innovation, c’est sérieux, et mon dieu que ça fait du bien de voir cela dans l’est, enfin. Des projets comme le Hall Pré-Commercial Industriel du Cégep de Maisonneuve, l’entreprise Lithion qui recycle des batteries au lithium-ion, à Anjou, ou encore l’arrivée d’une première usine en Amérique du Nord de recyclage de matières fines de matériaux de construction à Montréal-Est, c’est le genre de projets qui, par exemple, restaient bien longtemps sur papier avant d’aboutir dans l’est. Aujourd’hui, il y a des annonces pratiquement tous les mois pour des projets d’envergure dans l’est. Et ça, ça veut dire quelque chose. Et ce n’est que le début d’un cycle, j’en suis convaincue.
Le dossier spécial « L’EST EN DÉVELOPPEMENT 2020» a été rendu possible grâce à la collaboration des partenaires suivants :