Photo courtoisie MHM/Louis-Étienne Doré

UNE INITIATIVE DE MHM ENCOURAGE LE COMPOSTAGE

D’ici 2024, les camions des éboueurs ne passeront plus qu’aux deux semaines dans l’arrondissement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, afin d’encourager les citoyens à adopter davantage le compostage. Il s’agit d’une stratégie qui est de plus en plus en vogue auprès des administrations municipales.

Depuis le début de 2022, l’arrondissement a mené pendant plusieurs mois un projet pilote d’espacement de la collecte des ordures dans les districts de Tétreaultville et de Maisonneuve-Longue-Pointe, dans Mercier-Est. On a aussi instauré la collecte des résidus alimentaires dans les immeubles de neuf logements et plus, afin de rendre la pratique accessible à tous. Or, selon les résultats présentés par MHM, le volume de résidus alimentaires valorisés a augmenté de 15% dans le secteur de Mercier-Est, alors qu’il a diminué de près de 5% dans le reste de l’arrondissement tout au long de l’expérience. De plus, le taux de participation au compostage aurait bondi jusqu’à atteindre 55% dans les secteurs du projet pilote, alors qu’il est de 36% dans un secteur voisin, se targuait le maire Pierre Lessard-Blais dans un communiqué émis en décembre dernier.

L’espacement des collectes d’ordures ménagères est une stratégie efficace à mettre en œuvre pour éviter que les matières organiques soient envoyées à l’enfouissement, selon Emmanuel Rondia, directeur général du Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal). « Cela va mener à des changements de comportement auprès des citoyens au niveau du recyclage, du compostage et de la gestion des matières organiques en général. C’est important, parce qu’on le voit, il y a encore beaucoup de matières organiques qui sont destinées à l’enfouissement », souligne-t-il.

Calendrier d’implantation du nouvel horaire de collecte des matières résiduelles. (Photo courtoisie MHM).

Le projet pilote a aussi permis d’identifier quelques irritants dans le cadre de cette nouvelle approche. Des problèmes de mauvaises odeurs, surtout en saison estivale, de manque d’espace pour les bacs bruns dans les édifices de neuf logements et plus, ainsi que de gestion de certains déchets en particulier, comme les couches pour bébés et adultes, ont tous été mentionnés par les participants. Certaines pistes de solution sont envisagées par l’arrondissement, incluant le maintien de la collecte hebdomadaire des ordures durant les vagues de chaleur et la période des déménagements, ainsi que la promotion de l’aide financière existante pour les couches lavables.

Les matières résiduelles encore peu valorisées

Dans l’ensemble du Québec, 85 % des matières qui finissent dans les sacs à ordures pourraient être valorisées via un autre type de collecte, dont 57 % de matières organiques et 21 % de matières recyclables, selon les données de Recyc-Québec. Ce sont 1,2 million de tonnes d’aliments comestibles perdus ou gaspillés, soit des aliments qui auraient pu être mangés ou donnés, qui se retrouvent aux poubelles chaque année, selon l’organisation.

Au niveau de MHM seulement, 38 % des matières résiduelles qui sont générées sont recyclées ou compostées. Du côté des matières organiques, 23 % étaient compostées en 2021 dans l’arrondissement, soit 5 243 tonnes, et on vise à faire grimper cette statistique à 60 % d’ici 2025 selon le Plan métropolitain de gestion des matières résiduelle de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), ce qui représente 19 108 tonnes de matières organiques.

De ce fait, MHM n’a pas réinventé la roue avec son initiative de modification de l’horaire des collectes. Selon M.Rondia, une soixantaine d’administrations municipales de la CMM ont choisi de ramasser les ordures ménagères aux deux ou trois semaines. C’est donc près de 75 % des municipalités de la CMM qui ont adopté cette stratégie. « C’est largement implanté et ça apporte de bons résultats. L’espacement de la fréquence de la collecte des ordures fait partie de la nouvelle mouture du Plan métropolitain de gestion des matières résiduelles qui est actuellement à l’étude », assure M.Rondia.

À la Ville de Montréal, on souhaite aussi atteindre des objectifs ambitieux, qui sont notamment énoncés dans le Plan directeur de gestion des matières résiduelles 2020-2025. Entre autres, on veut réduire la quantité de matières résiduelles produites de 10 %, valoriser 70 % des matières résiduelles et viser l’atteinte du zéro déchet en 2030. Il était nécessaire de placer la barre haute selon le directeur du CRE-Montréal. « Il faut se mettre des cibles ambitieuses, car c’est vraiment un enjeu majeur, surtout avec la crise qu’on connait dans les centres de tri. Ceux-ci risquent d’être au maximum de leur capacité d’ici 2030. Puisqu’on ne veut pas toujours agrandir ces sites, il faut se tourner vers de nouvelles solutions », indique M.Rondia.

Pour parvenir aux ambitions zéro déchet des administrations publiques, il faudra ajouter aux politiques municipales et gouvernementales des programmes d’accompagnement pour les entreprises privées, afin de réduire à la source la production de déchets, insiste ce dernier.