MARCHÉ IMMOBILIER MONTRÉALAIS : LA RUÉE VERS L’EST?
Malgré son éloignement des quartiers centraux, l’est de Montréal pourrait attirer davantage d’acheteurs de propriétés immobilières au cours des années à venir. Les couples ou les familles désirant acquérir un immeuble doivent-ils lorgner dès maintenant du côté de ses arrondissements? Si les critères ne sont pas les mêmes pour tous quand vient le temps de choisir une maison et un quartier, des incontournables arrivent à convaincre les futurs acheteurs de choisir un voisinage plutôt qu’un autre.
Le prix le plus bas
Parmi les critères de sélection faisant l’unanimité : le coût bas des immeubles. « Quand tu te rapproches du centre – la fameuse ligne orange – les valeurs sont plus élevées. Quand tu t’en vas dans la pointe est, les valeurs baissent un peu», note le courtier immobilier François Chicoine, affilié au Groupe Sutton.
« Les gens se demandent “pour 400 000 $ qu’est-ce que je peux avoir? Tu vas peut-être avoir une chambre de plus si tu cherches un condo dans l’est versus les quartiers du centre. Tu vas avoir une plus grande superficie pour le même prix », précise-t-il.
La courtière immobilière Michèle Arsenault de l’agence Re/Max abonde dans le même sens. Selon elle, les secteurs les plus abordables s’avèrent être Pointe-aux-Trembles, Mercier, Anjou et Hochelaga-Maisonneuve. Et lorsqu’on lui demande s’il y a beaucoup de disponibilités en termes d’achat pour ces quartiers, elle répond que ceux-ci possèdent un « inventaire correct, mais on n’en trouve pas des tonnes selon le type de propriété ».
Certaines demeures de l’est de l’Île rivalisent en prix avec d’autres immeubles des quartiers plus à l’ouest. Selon le bulletin Fenêtre sur le marché immobilier, baromètre résidentiel 2e trimestre 2024 produit par l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec, depuis 5 ans, le prix médian des maisons à Rosemont a augmenté de 64%. Cette forte hausse s’expliquerait par « les années COVID qui viennent fausser les statistiques. Année après année, tu as une majoration naturelle de 3 ou 4%. Les années COVID, c’était 17, 18%. Maintenant, ça redescend un peu », nuance M. Chicoine.
Le bon moment?
Les acheteurs potentiels se posent tous la même question : est-ce que le moment est bien choisi pour acheter dans l’est? Michèle Arsenault répond sans hésiter par l’affirmative : « C’est toujours le bon moment pour acheter! Il faut embarquer dans le train. Les prix ne baisseront pas à Montréal. »
Selon M. Chicoine, l’occasion est bonne par les temps qui courent parce que « le marché de l’est n’a pas plafonné. Il n’est pas à son pic. »
Les attraits de l’est
En plus d’avoir vu ses rues s’animer et se développer autour de la Promenade Ontario et du Marché Maisonneuve, le quartier Hochelaga révèle un attrait particulier pour l’immobilier puisque « beaucoup d’immeubles industriels ont été recyclés en résidentiels. Ça fait des immeubles intéressants avec des grosses superficies, des gros volumes. La biscuiterie Viau est le plus bel exemple », illustre Michèle Arsenault.
En plus de ce patrimoine industriel, le quartier possède son petit domaine luxueux, selon cette dernière : « Le boulevard Morgan, c’est des maisons bourgeoises. C’est assez chic. Ça fait de belles propriétés. »
Parlant de patrimoine architectural, Madame Arsenault indique avec enthousiasme avoir dernièrement vendu une demeure construite en 1961 dans Montréal-Est : « On l’appelle la “maison figée dans le temps”. On peut la voir dans la série télé C’est comme ça que je t’aime. »
Transports en commun
Autre question à se poser : est-ce que le futur domicile est bien desservi par les autobus et la ligne de métro? À ce titre, l’est de Montréal fait parfois figure d’enfant pauvre. Est-ce que cet état des lieux peut nuire au développement? M. Chicoine croit que la situation n’est pas insurmontable. Il en tient pour preuve un autre secteur industriel revampé en résidentiel. «Rosemont est moins bien servi par le transport en commun… Mais les shops Angus, ça s’est développé! »
Pour sa part, Madame Arsenault croit plutôt que l’est va augmenter en valeur « si la situation du transport en commun s’améliore. »
Un petit retour en ville
Selon la courtière immobilière, la prochaine tendance en immobilier se manifestera dans l’achat d’immeubles à revenus. « Achetez des plex!, conseille-t-elle. C’est le meilleur investissement et c’est rempli de possibilités : condos, louer, loger sa famille. Ça coûte moins cher qu’un condo avec les revenus et la valeur augmente plus vite. »
François Chicoine croit quant à lui que « l’exode à l’extérieur de Montréal est en baisse ». Il définit cette tendance comme un « petit retour en ville » à prévoir. Et ce, pour l’est et Montréal dans son ensemble. Car durant la pandémie, « les gens voulaient sortir de la ville et acheter un chalet pour que ça devienne leur maison principale. Le coût d’emprunt était tellement bas. »
Ainsi, selon lui, bien des acquéreurs de résidences secondaires vont décider qu’avoir deux maisons, c’est trop. « S’ils sont encore sur le marché du travail, ils vont faire le choix de rester en ville. »