Esquisse Faubourg Contrecoeur Phase V

LOGEMENTS ABORDABLES : LE PRIVÉ CONSTRUIT PLUS À L’OUEST QU’À L’EST

Selon des données obtenues auprès de la Ville de Montréal par EST MÉDIA Montréal, seulement le tiers des logements abordables bâtis ou dont la construction est planifiée par le secteur privé se trouve dans l’est de Montréal.

D’après les statistiques consultées à la suite d’une demande d’accès à l’information, 33,7 % des logements abordables construits dans l’est de la ville depuis les 20 dernières années se situent à l’est de l’avenue Papineau. On dénombre dans ce secteur 2 267 logements abordables sur un total de 6 727 habitations construites ou prévues, selon des informations compilées entre juin 2003 et septembre 2022.

Une analyse de leur nombre par arrondissement démontre que le secteur Mercier–Hochelaga-Maisonneuve se place en tête de liste avec un total de 1 325 logements abordables sur son territoire. Fait à noter, le projet du Faubourg Contrecœur, inscrit au registre en 2007, dénombre à lui seul 648 unités abordables dans cet arrondissement. Suit ensuite le secteur Rosemont–La Petite-Patrie, qui compte 339 logements abordables, puis l’arrondissement de Ville-Marie avec une proposition de 268 unités. L’arrondissement de Saint-Léonard fait également bonne figure alors que la construction de 192 logements abordables a été prévue dans trois projets immobiliers depuis 2014. Finalement, le secteur Ahuntsic-Cartierville compte 26 unités abordables situées à l’est du boulevard Papineau, des logements construits en 2018 dans le cadre d’un projet résidentiel. 

Les arrondissements de Montréal-Nord, d’Anjou, de Rivière-des-Prairies−Pointe-aux-Trembles et de Villeray−Saint-Michel−Parc-Extension se classent aux dernières positions puisque leur territoire respectif ne dénombre aucun projet immobilier privé comprenant des logements abordables et ce, depuis les 20 dernières années.

Ces données n’étonnent en rien Pierre Choquette, vice-président des communications et des affaires publiques à la Société de développement Angus. « C’est de plus en plus difficile de faire du logement dans l’est de Montréal avec l’inflation et la montée des coûts de construction. Une entreprise d’économie sociale comme la nôtre peine à atteindre la rentabilité, alors c’est d’autant plus difficile pour les entreprises privées qui doivent atteindre un niveau de profitabilité en intégrant du logement social ou abordable », souligne-t-il.

Pierre Choquette, vice-président des communications et des affaires publiques à la Société de développement Angus (photo courtoisie).

Selon ce dernier, les promoteurs immobiliers préfèrent développer des projets résidentiels près du centre de la métropole car ils sont plus susceptibles d’y faire des profits intéressants. Leur peu d’intérêt envers l’est de Montréal s’explique également par le fait que les secteurs qui composent ce territoire demandent une planification additionnelle au niveau des infrastructures. Puisque moins de projets privés voient le jour dans l’est, une proportion plus faible de logements sociaux ou abordables se retrouvent donc dans les plans de construction. « Les terrains qui sont libérés dans l’est pour une vocation résidentielle ne sont pas toujours connectés aux réseaux des égouts et des eaux. Il y a aussi l’enjeu de la décontamination des sols qui fait en sorte que des frais supplémentaires peuvent s’ajouter aux projets. C’est beaucoup plus facile de développer au centre-ville et dans les quartiers centraux », résume-t-il. 

Contactée à ce sujet, la Ville de Montréal n’a pas répondu aux demandes d’entrevue d’EST MÉDIA Montréal.

Logements non livrés ou compensés

Dans certains cas, les logements abordables dont la construction a été planifiée par les promoteurs immobiliers au dépôt du projet ne sont finalement pas réalisés. À ce sujet, l’est montréalais s’en tire plutôt bien puisque son territoire représente uniquement 20,9 % du nombre de logements non réalisés sur l’île de Montréal selon les dernières données disponibles, soit 117 logements sur un total de 560.

Dans le cadre de la Stratégie de développement jusqu’en 2021 de 12 000 logements sociaux et abordables – un nombre divisé à parts égales pour ces deux types de logement – la Ville de Montréal imposait aux promoteurs immobiliers le versement d’un montant de garanti si ces derniers se trouvaient en défaut de réalisation par rapport à la cible définie par l’administration. Cette dernière prévoyait 15 % de logements sociaux et 15 % de logements abordables par projet.

Photo : archives EMM.

Les promoteurs immobiliers dont les projets se trouvent à l’est de l’avenue Papineau ont ainsi été contraints de verser à la Ville un montant de 1 060 000 $, échelonné sur vingt ans. Au total, ce sont 5 415 000 $ qui ont été collectés suite à l’application de cette réglementation municipale. Cette somme déboursée par les promoteurs de l’est de Montréal au fil tu temps représente donc 19,6 % des montants versés dans le cadre de cette entente.

Rappelons que selon le Règlement adopté en janvier 2021 visant à améliorer l’offre en matière de logement social, abordable et familial, la Ville a réévalué à 20% le seuil du nombre de logements sociaux, abordables et familiaux que doivent inclure les nouveaux projets immobiliers dans chacune des catégories (le Règlement 20-20-20).