Un campus pour aider les adultes issus du circuit des centres de la protection de l’enfance et de la jeunesse pourrait voir le jour dans Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles (RDP-PAT). Le concept, porté par l’organisme Déclic, serait une première dans l’univers de l’innovation sociale.

Intitulé Agora, le projet est amorcé depuis de nombreuses années, indique Benoît Bernier, directeur du développement et cofondateur de Déclic. L’idée est simple : rassembler sur un seul site des services psychopédagogiques, des programmes en adaptation scolaire ainsi que des résidences pour des adultes en difficulté, dont certains ont vécu des traumatismes au fil de leur parcours. On espère construire, d’ici l’horizon 2027-2028, environ 130 places en résidence.

« Le campus Agora arrive dans un contexte où l’on regarde depuis 30 ans ce qu’il est possible de faire avec les structures publiques. On a fini par constater que ce que ça prend dans le fond, c’est une approche intégrée », explique M. Bernier.

Benoît Bernier (Courtoisie)

Pour s’assurer de la réussite des jeunes en difficulté à intégrer le marché de l’emploi,  il faut donc prendre en compte des dimensions psychosociale et scolaire. Toutefois, le logement est le « nerf de la guerre » dans ce combat, souligne le cofondateur de Déclic. « C’est nécessaire dans la stabilité de ces jeunes-là et dans leur disponibilité à l’apprentissage pour s’engager dans un cheminement qui va être long », insiste-t-il.

La question du logement est en effet un obstacle majeur au bien-être de ces jeunes. M. Bernier illustre ce fait avec une donnée qui marque les esprits : environ 30 % des personnes provenant des services de la protection de la jeunesse vont vivre une situation d’itinérance dans la première année, après leur sortie d’un centre jeunesse.

Selon une étude réalisée par l’École nationale d’administration publique portant sur les coûts de la sous-scolarisation des jeunes placés publiée en 2020, « à l’âge de 19 ans, seulement 24,8% des jeunes sortants de placement ont obtenu leur diplôme d’études secondaires, comparativement à 77,4% pour l’ensemble du Québec ».

Un site dans l’est

Selon le registre Carrefour Lobby Québec, l’organisme Déclic souhaite présenter le projet Agora à divers titulaires de charges publiques, dont des représentants du cabinet de la députée d’Anjou-Louis-Riel, au ministère du Conseil exécutif, au ministère de l’Économie et de l’Innovation, ainsi qu’au ministère de l’Éducation. Les lobbyistes de l’organisme ont en outre contacté l’administration municipale de RDP-PAT avec pour objectif de discuter de l’intérêt des élus envers la venue d’un tel projet dans l’arrondissement.

Rien n’est encore coulé dans le béton, affirme M. Bernier, puisque les négociations pour l’acquisition d’un terrain seraient toujours en cours. « On a plusieurs partenaires éventuels, mais rien de signé. En toute transparence, il y a un intérêt de la part du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, ainsi que de l’arrondissement de RDP-PAT, mais ce ne sont pas des partenaires officiels avec un grand «P» », explique-t-il.

Toutefois, ce dernier reconnaît que l’est de Montréal est un territoire privilégié pour le projet Agora. Le potentiel de revitalisation du secteur pourrait d’abord attirer les investissements du gouvernement, reconnaît M. Bernier. Il s’agit aussi d’un territoire moins bien desservi par les services ciblant les jeunes en difficulté, malgré le fait qu’ils composent environ 40 à 50 % de la clientèle de Déclic. « Nous avons déjà deux points de service dans l’est; un dans Rosemont–La Petite-Patrie et l’autre dans Hochelaga. C’est aussi dans l’est que l’histoire de notre organisme a débuté, alors que nos activités ont été lancées au Centre communautaire Roussin à Pointe-aux-Trembles », raconte M. Bernier.

Déclic est un organisme d’intervention scolarisant dont la mission est d’aider les jeunes adultes en difficulté à la réussite de leurs études et de leur projet de formation. Depuis 30 ans, la ressource adopte une approche globale d’accompagnement proposant des services d’orthopédagogie et de psychopédagogie, ainsi que d’aide et d’accompagnement spécialisé en santé mentale. De plus, l’organisme offre du soutien social au niveau du logement, de la sécurité alimentaire, du revenu, et de l’aide juridique.