Chalets ile sainte-therese

Il n’y aura plus de chalets sur l’Île Sainte-Thérèse après 2028, selon ce qu’a appris EST MÉDIA Montréal (photo : EMM).

EXCLUSIF : LES OCCUPANTS DE L’ÎLE SAINTE-THÉRÈSE DEVRONT PARTIR

La saga juridique qui oppose les propriétaires de chalet sur l’Île Sainte-Thérèse, située entre les rives de Pointe-aux-Trembles et Varennes, tire à sa fin. EST MÉDIA Montréal a appris ce matin que la majorité des occupants de l’île auraient conclu des ententes avec le Gouvernement du Québec, propriétaire de l’île depuis 1975. Selon la représentante du regroupement d’une cinquantaine de résidents qui s’étaient opposés à l’éviction des propriétés par Québec en 2016, Fannie Martin, un règlement aurait finalement été signé par les occupants qui habitaient l’île avant 1975, alors qu’un autre règlement, moins généreux, serait proposé aux autres propriétaires de chalet.

On se rappellera que Québec ne reconnaissait pas de droits de propriété sur cette île qui est officiellement sur le territoire de Varennes, sauf quelques exceptions. Il n’y a par ailleurs aucun service public sur l’Île Sainte-Thérèse, accessible que par bateau. Depuis plusieurs années un cultivateur exploite une bonne partie de ce territoire de 5,4 km2 avec le consentement de Québec, alors qu’environ 120 chalets sont habités chaque été sur les rives nord et sud de l’île, illégalement soutenait jusqu’à aujourd’hui le gouvernement québécois, qui a dans les plans de faire de l’Île Sainte-Thérèse un grand parc naturel, de concert avec les administrations municipales avoisinantes (Varennes, Repentigny et l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles). Montréal espère d’ailleurs faire de l’Île Sainte-Thérèse un actif important d’un futur « grand parc de l’est ».

Chalets sur la rive nord de l’Île Sainte-Thérèse (photo EMM).

Dure bataille

D’après nos sources, les insulaires qui ont pu prouver que leur propriété était construite et habitée avant 1975 se seraient fait offrir par le gouvernement une compensation financière et le droit d’habiter l’île jusqu’à l’été 2028. Ensuite Québec prendra possession des bâtiments, fort probablement pour les démolir. Les autres occupants n’auraient droit à aucune compensation financière, et auraient trois ans encore pour quitter l’île. « Personnellement, ma famille a eu droit à la compensation financière et nous pourrons rester encore pendant 6-7 ans, comme plusieurs sur l’île. Mais il faut dire que le montant est minime, ça ne correspond pas du tout à la valeur de notre chalet loin de là, et avait-on le choix de toute façon? », se questionne Fannie Martin. Cette dernière affirme que selon ses avocats, même si des résidents refusaient les propositions du gouvernement et allaient en procès, Québec avait toujours le droit d’exproprier sur le champ quiconque sur l’Île et c’est probablement l’option que le gouvernement aurait envisagé s’il avait subi un revers devant les tribunaux. « C’était loin d’être sûr que l’on gagne, mais si c’était le cas, les gains provenant d’une expropriation n’auraient même pas couvert les frais d’avocat. Cette histoire, c’était David contre Goliath, malheureusement », affirme Mme Martin.

Les frais juridiques ont en effet essoufflé la quasi-totalité des plaignants du groupe d’origine, qui s’est rapidement effrité au point qu’au début de janvier 2022, au moment de la plupart des règlements nous dit-on, seuls 3-4 membres étaient toujours représentés par la firme d’avocats chargée du dossier.

Fannie Martin et son conjoint lors d’une visite d’EST MÉDIA Montréal sur l’île, en octobre 2020 (photo : EMM).

Une certaine reconnaissance, malgré tout

« Le plus important pour moi, c’est que personne ne pourra dorénavant nous qualifier d’illégaux ou de squatteurs. Avec ces ententes, ça prouve que nous avions une cause et que le gouvernement reconnait à certains égards que des résidents avaient acquis des droits. C’est selon moi assez rare, sinon unique que le gouvernement propose ce genre d’arrangements sur des terres de la Couronne. En ce sens, c’est une victoire pour les résidents de l’île, même si au final nous sommes tous tristes de devoir quitter nos chalets. Certains habitaient là à l’année maintenant », exprime Fannie Martin.

Elle a d’ailleurs une pensée spéciale pour nombre d’estivaux de l’île qui sont aujourd’hui assez âgés. « Il y a beaucoup de gens sur l’île, des femmes surtout, qui sont tout de même heureux de pouvoir rester jusqu’en 2028 car ils ont dans les 70, voir les 80 ans, et ils pourront vivre encore quelques étés là sans se faire trop bousculer. C’était extrêmement stressant les histoires de cour, pour tous les résidents, alors imaginez pour eux. L’aventure se terminera donc plus en douceur. »

Photo : EMM.

Un grand parc en devenir

Souhaité par les instances publiques et plusieurs organismes depuis au moins une vingtaine d’années, le projet de grand parc naturel de l’Île Sainte-Thérèse semble donc se diriger vers une réalisation imminente. Chantal Rouleau, mairesse à l’époque de l’arrondissement de RDP-PAT et ministre responsable de la Métropole ces quatre dernières années, a milité longtemps pour ce projet, en compagnie des maires de Varennes et de Repentigny. Récemment, Québec annonçait par ailleurs le financement d’études et d’analyses en vue de la préparation d’un plan directeur d’aménagement du parc qui serait préparé conjointement par Varennes, Repentigny et Montréal. Québec refusait toutefois de commenter le dossier alléguant la cause devant les tribunaux l’opposant aux résidents. Avec la campagne électorale provinciale qui doit s’enclencher dans un mois environ, gageons que le projet refera surface assez rapidement, alors qu’il est tout de même étonnant que l’information d’un règlement dans ce dossier n’ait pas été divulguée aux médias avant aujourd’hui.

Plus de détails à venir.

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