L’ÉCOQUARTIER ANGUS RECYCLERA L’EAU DE PLUIE
Voulant « mener par l’exemple », le projet de l’Écoquartier de la Société de développement Angus (SDA) inclura un dispositif de taille pour collecter les eaux de pluies et ainsi réduire la consommation du voisinage en eau.
Un réservoir de 60 mètres cubes est en voie d’être enfoui sous l’îlot central du projet immobilier et servira à emmagasiner des milliers de litres d’eau en dehors des saisons de gel. « L’eau non potable recueillie pourra être utilisée pour le jardinage ou pour nettoyer les vélos », explique David Goulet-Jobin, responsable du développement à la SDA.
L’ajout d’un tel bassin de rétention dans le projet ne se fait pas à moindre coûts; à lui seul le réservoir accaparera 100 000 $ dans le budget de la société de développement immobilier.
« Ce projet, on le fait en espérant obtenir les normes les plus élevées possibles. On aime innover et on aime aller toujours un peu plus loin. Dans le cas de l’Écoquartier, ça été un des premiers à recevoir la certification LEED Platine à Montréal. C’est sûr que l’idée derrière ça c’est que ça fasse école, d’en inspirer d’autres à faire pareil parce qu’ils voient que c’est possible », insiste Pierre Choquette, vice-président des communications et affaires publiques de la SDA.
Ce dernier croit qu’à l’instar de la boucle énergétique, aussi planifiée dans l’Écoquartier, le modèle de réservoir des eaux de pluie sera éventuellement adopté par d’autres projets immobiliers. M. Choquette note que récemment le projet multifonctionnel Espace Montmorency développé à Laval a lui aussi inclus un système de boucle énergétique.
Éventuellement, la SDA prévoit l’ajout de trois autres petits réservoirs sous la future zone d’innovation en santé qu’elle souhaite réaliser en face de l’Écoquartier sur la rue Molson.
La rétention des eaux de pluies : un enjeu climatique
Afin d’encourager les résidents à utiliser cette ressource, la SDA fera installer plusieurs robinets sur le site desquels s’écoulera l’eau recirculée.
En plus de réduire de 40 % la consommation d’eau sur le site selon des projections de la SDA, la mise en place d’un bassin de rétention assurera que moins d’eau de pluie se retrouve dans les égouts de Montréal.
En effet, le système devrait être en mesure de réutiliser 95 % des eaux de pluie et permettra d’éviter les déversements excessifs dans la rivière des Prairies lors d’importantes précipitations. Il s’agit d’un enjeu de taille dans la métropole, là où près de 70 % des canalisations d’égouts et d’eaux pluviales sont communes.
« Des problèmes de contamination microbienne persistent à certains endroits à cause des débordements de réseaux d’égouts par temps de pluie. Les déversements en rive dans le fleuve, les rivières des Prairies et des Mille-Îles à Montréal, ainsi que dans la rivière Saint-Charles à Québec illustrent ce problème », selon le site internet du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.
Ainsi, « lors de pluies importantes, les stations d’épuration ne peuvent recevoir toutes ces eaux et des débordements d’eaux pluviales contaminées par des eaux usées non traitées s’ensuivent. De tels débordements peuvent se produire plus de 50 fois par année, la majorité du temps en été, ce qui contamine les cours d’eau récepteurs et empêche les activités récréatives », explique le ministère.
En effet, le ruissellement des eaux de pluie contribue aussi à la dégradation de la qualité de l’eau, car il entraîne par toute sorte de contaminants et de bactéries dans les cours d’eau. « On veut le plus que possible minimiser l’impact de la construction de l’Écoquartier sur les services municipaux. C’est notre façon à nous de prendre nos responsabilités », indique le vice-président.
Et il faudra sans doute que d’autres développeurs immobiliers adoptent ce genre de philosophie, car la situation des déversements d’eaux pluviales risque de s’aggraver dans les prochaines décennies, si l’on en croit les projections environnementales. Par exemple, à Montréal d’ici 2050, les précipitations annuelles devraient augmenter de 3 à 14 % selon les scénarios d’émissions du Pôle d’innovation sur la climatologie régionale, Ouranos, qui ont été repris dans le Plan d’adaptation aux changements climatiques de l’agglomération de Montréal, publié en 2017. « Les projections indiquent également une accentuation plus importante des pluies en hiver de 2 à 27 %, et au printemps de 3 à 18 % », souligne-t-on dans le Plan.
On s’attend aussi à une augmentation significative de la fréquence et de l’intensité des épisodes de pluies abondantes. L’intensité des épisodes de pluies abondantes devrait augmenter de 10 à 25 % d’ici 2100 selon les différents scénarios, poursuit le document de la Ville.