(Vincent Morreale)

LE QUARTIER DES ARTS DU CIRQUE PRÉSENTE SA VISION ET SONDE LA POPULATION

Une trentaine de citoyens et d’employés d’organisations et d’organismes du quartier Saint-Michel ont pu participer hier soir à une assemblée publique à la TOHU afin de découvrir la vision actualisée du projet du Quartier des arts du cirque (QUAC) et s’exprimer sur celle-ci. Lancée en 2022, le QUAC avait pour objectif de créer un « pôle écoresponsable international dédié aux arts du cirque » qui appuierait le développement économique, résidentiel et culturel de ce secteur de l’est. 

Le projet du QUAC, soutenu par le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, le Secrétariat à la région métropolitaine et la Ville de Montréal, a été créé par la TOHU, l’École nationale de cirque, le Cirque du Soleil et PME MTL Centre-Est. 

Conçu sous forme d’OBNL, le Quartier des arts du cirque, qui vise entre autres à « positionner le quartier Saint-Michel comme une zone d’excellence dédiée aux industries culturelles et créatives » selon une description du projet publié sur le site web de PME MTL Centre-Est, semblait sur la glace depuis son annonce il y plus de deux ans.

À l’époque, le directeur général et de la programmation de la TOHU, Stéphane Lavoie, avait indiqué en entrevue à Radio-Canada que le rassemblement des partenaires du projet, l’achat des terrains et la construction des aménagements allaient se faire « sur plusieurs années », lançant une estimation de « 10 à 15 ans ». 

L’assemblée publique du QUAC, le 11 septembre dernier (Courtoisie PME MTL Centre-Est)

Sur scène, au cours de l’assemblée publique, le nouveau directeur général du QUAC, Charles-Mathieu Brunelle, s’est montré plus optimiste. « C’est faisable rapidement, j’en suis convaincu. Ce qui est important est de se mettre en route », a-t-il assuré, sans toutefois s’avancer sur un délai potentiel.

Interrogé par EST MÉDIA Montréal au sujet des étapes de développement, il a précisé que le QUAC représentait « un travail de longue haleine, de précision et de vision », et qu’il s’agissait d’éventuellement « réaliser la conception d’un bout de territoire. Et c’est ce qui a été développé dans le mémoire qui a été préparé. » 

Le QUAC, qui s’inscrit au Programme particulier d’urbanisme (PPU) de la rue Jarry Est, déposé en 2015, s’oriente vers la Stratégie 2030 de la Ville de Montréal, un plan déployé sur 10 ans qui axe notamment ses actions vers une « stimulation de l’innovation et la créativité » dans la métropole. Le mémoire, qui sera déposé sous peu au PPU, permettra de présenter plus concrètement les plans d’urbanisme envisagés par le QUAC.

Une vision pour développer de manière écoresponsable autour des arts

L’assemblée publique était l’occasion pour l’équipe du QUAC de partager une vision actualisée du projet et de prendre le pouls des besoins des citoyens afin de collaborer avec ces derniers à développer « des laboratoires et des chantiers sur lesquels nous voulons consulter les citoyens et les citoyennes pour articuler le projet et le faire avancer », a expliqué M. Brunelle. Des rencontres de consultation ultérieures regroupant notamment des artistes des milieux du cirque et du théâtre sont à l’agenda de ce « processus évolutif », a-t-il ajouté.

L’échelle d’intervention proposée par le Quartier des arts du cirque au cœur de Saint-Michel (Courtoisie QUAC)

Projeté sur écran, un document informatif présentait différentes pistes d’action, comme celle intitulée « Déambulation des arts dans la rue » visant à réunir la rue Jarry et les espaces sous l’autoroute Métropolitaine dans le but d’offrir « un canevas de création aux artistes du cirque et des lieux de rencontres citoyennes ». La transformation de la rue Jarry en artère végétalisée et l’aménagement d’un espace public de rassemblement sous l’autoroute Métropolitaine, accessible par l’entremise de portiques, ont notamment été proposés.

Globalement, la vision exposée misait sur le désenclavement du secteur, sur une mobilité durable et sécuritaire (sécurisation des traverses), sur le verdissement et l’enrichissement urbain, sur le logement abordable, sur l’alimentation de proximité ou encore la formation et la réinsertion sociale. 

Une première piste intitulée « Sous le soleil : le parc rentre dans la ville (rue Jarry) » proposait l’aménagement d’une rue végétalisée qui allait entre autres contribuer à la réduction de la pollution et atténuer les effets des îlots de chaleur, offrir des espaces verts et de détente, et améliorer l’esthétique du quartier, notamment par l’ajout de « texture » (art de rue, installations artistiques, aménagement des vitrines commerciales).

La deuxième proposition, nommée « Sous le chapiteau (Métropolitaine) » suggérait de créer un lieu de rassemblement et de socialisation sous la Métropolitaine où pourraient se tenir des événements artistiques ou encore s’installer des galeries d’art, des marchés publics ou des boutiques éphémères. 

Lors de son lancement, le projet visait une amélioration de l’accès au site du QUAC, mais aussi au parc Frédéric-Back, ancienne carrière et ancien site d’enfouissement, adjacent à la Cité des arts du Cirque (TOHU) et au siège social du Cirque du Soleil. Cet espace vert, « un site emblématique de la Ville de Montréal », est au cœur du projet du QUAC, a affirmé Charles-Mathieu Brunelle.

Plan des propositions « Sous le soleil : le parc rentre dans la ville (rue Jarry) » et « Sous le chapiteau (Métropolitaine) » (Courtoisie QUAC)

Des interrogations en matière de logement et de financement 

​​Plusieurs citoyens entendus au micro durant l’assemblée d’hier soir se sont prononcés sur leur désir de voir sortir de terre dans le Quartier des arts du cirque des logements sociaux et abordables, craignant que l’aménagement du QUAC cause une gentrification dans leur quartier. D’autres ont pris la parole pour exposer l’importance de créer des initiatives en soutien à la sécurité alimentaire, notamment en implantant davantage de jardins urbains.

À la question du logement, Charles-Mathieu Brunelle a indiqué qu’il fallait « assurément réfléchir à ça ». « L’idée est d’aller chercher de l’argent pour pouvoir faire l’acquisition de différents terrains, pour permettre à des entrepreneurs identifiés de faire les choses correctement, de construire du logement abordable, selon les besoins de la population », a expliqué le directeur général.

EST MÉDIA Montréal a révélé cette semaine qu’un projet immobilier majeur porté par la Société de développement Angus (SDA) était sur le point de se concrétiser sur un terrain appartenant à Transport Rosemont, situé rue Jarry Est, près de la 6e avenue. Cet espace, voisin de l’École nationale de cirque, serait donc au cœur du Quartier des arts du cirque. Le projet, qui n’a pas été confirmé par la SDA ni par le directeur du QUAC au moment d’écrire ces lignes, consisterait en la construction d’ici 2 à 3 ans d’un complexe de 350 logements abordables et sociaux ainsi que de quelques commerces de proximité.

À l’époque de l’annonce du projet, l’équipe du QUAC avait mandaté la firme d’architecture Rayside Labossière pour la réalisation d’une étude d’avant-projet qui permettrait d’établir « les opportunités de développement immobilier dans le quartier ». Le projet est toujours « en cours de réalisation » sur le site Internet de la firme montréalaise. Selon M. Brunelle, on voudrait pour le QUAC soit plus qu’une « place publique axée sur la mobilité ». « On a réajusté le tir pour ne pas faire une installation du même genre que le Quartier des spectacles, par exemple, mais plutôt réfléchir à nos valeurs intrinsèques et fondamentales, et à comment elles pourront influencer l’aménagement de ce quartier-là. On veut que ce soit écologique dans sa fibre. »

Questionné par un autre citoyen sur le plan du QUAC en matière de financement municipal, provincial et fédéral du projet, M. Brunelle a dit ne pas en avoir pour le moment, expliquant ne pas être actuellement rendu à cette étape. « Le financement s’en vient, on travaille présentement sur une fiducie immobilière pour le logement social. L’argent est une conséquence, il n’est pas une motivation. Mais il va venir, croyez-moi, parce qu’il va y avoir des projets assez forts. »

Cet été, le projet du QUAC a reçu un montant de 800 000 $ du Fonds signature métropole (FSM) du gouvernement provincial pour le « déploiement du Quartier des arts du cirque », selon un communiqué transmis par le FSM. 

Concernant l’utilisation de ce montant, le directeur général explique que l’argent reçu servira à financer « plusieurs études qui doivent être menées en matière de stationnement ou de mobilité, par exemple ». Il ajoute que le financement ultérieur de ce projet « multi volets » pourrait débloquer rapidement. « Ça dépendra de plusieurs facteurs et opportunités, comme des annonces, des événements importants, des regroupements ou des élections », a-t-il mentionné.  

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