
Laurence Lavigne Lalonde (Photo courtoisie Projet Montréal)
10 février 2025LAURENCE LAVIGNE LALONDE À LA CHEFFERIE DE PROJET MONTRÉAL : « JE SUIS RENDUE LÀ »
La mairesse de l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension (VSP) est l’une des candidates qui tente de succéder à Valérie Plante à la tête de Projet Montréal. Son ascension au sein du parti est d’ailleurs constante depuis sa première élection, il y a 11 ans, à titre de conseillère municipale dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, où elle a fait ses armes dans l’opposition.
Réélue en 2017, elle fait alors partie de l’équipe du maire Pierre Lessard-Blais et fera du dossier de l’implantation de Ray-Mont Logistiques son cheval de bataille, en plus de siéger au Comité exécutif de la Ville. En 2021, Laurence Lavigne Lalonde déménage sa famille dans le quartier de sa jeunesse, Saint-Michel, et rafle la mairie de VSP aux mains de la mairesse sortante Giuliana Fumagalli, exclue de Projet Montréal pour une affaire de conflit avec des employés.
« Ma décision de me présenter à la chefferie n’a pas été difficile à prendre. Je pense qu’avec mon parcours professionnel, je suis rendue là. J’ai l’énergie, j’ai l’envie, j’ai les idées, je me présente avec enthousiasme, tout en respectant mes valeurs et mes idéaux qui cadrent bien avec Projet Montréal », affirme Laurence Lavigne Lalonde. Optant en début de carrière pour l’aide humanitaire à l’international pendant quelques années, la titulaire d’une maîtrise spécialisée en gestion de projets aura l’appel de la politique lorsqu’elle s’installera à son retour dans un logement d’Hochelaga-Maisonneuve. « Je trouvais ça choquant de voir que, dans des quartiers plus défavorisés, les infrastructures étaient souvent moins intéressantes, moins attrayantes. Donc, les citoyens n’avaient pas l’impression d’avoir les mêmes droits et les mêmes aspirations qu’ailleurs en ville. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de me lancer en politique municipale. »
Logement, transport et l’est de Montréal
À l’instar de son collègue Luc Rabouin et adversaire à la chefferie, Laurence Lavigne Lalonde semble mettre l’accent dans son programme sur des actions que la Ville peut faire seule, sans le soutien conditionnel de Québec. Signe que la nouvelle garde tente de se détacher de l’image que s’est forgée Valérie Plante de régulièrement demander des subsides aux paliers supérieurs.
« Je suis très fière de ce qu’on a réalisé avec Projet Montréal jusqu’ici. Il y a des choses incroyables que nous avons mises de l’avant. Le règlement pour une métropole mixte, par exemple, le REV, le Plan climat… Mais je pense que sur certains éléments, le contexte a changé en huit ans et il faut accélérer et même changer les façons de faire concernant différents sujets », déclare la mairesse de VSP.

Laurence Lavigne Lalonde, candidate à la chefferie de Projet Montréal (Photo : Alexandre Cv / courtoisie)
Parmi ses priorités, Laurence Lavigne Lalonde met en haut de sa liste la situation du logement. « On a des leviers au municipal qu’on n’a pas encore utilisés, parce que nous avons tenté d’autres stratégies par le passé, mais qu’il faudrait penser à se servir aujourd’hui, parce que visiblement, la crise s’accentue. Par exemple, je souhaite plafonner l’augmentation des taxes municipales pour les coopératives d’habitation. Et j’aimerais aussi que la Ville offre un congé de taxes ponctuel de 5 ou 10 ans pour les OBNL qui veulent construire du logement social, ce qui en aiderait plusieurs à boucler le financement de leurs projets. Dans ce cas-ci, la Ville ne sort pas d’argent, elle fait juste reporter un revenu qui sera plus substantiel une fois le projet construit, car on parle ici la plupart du temps de terrains vacants, donc qui rapportent peu à la Ville », soutient la candidate.
Quant au problème de manque de logements qui accentue la crise de l’itinérance, Laurence Lavigne Lalonde est d’avis qu’il faut avant tout « essayer de sortir le 60 % de gens qui n’ont pas ou peu d’enjeux de santé mentale ou de toxicomanie, mais qui se retrouvent quand même à la rue ». Selon elle, il faut dégager des places en appartements et en maisons de chambre et réussir à mettre sur pied 200 unités modulaires par année pour accueillir temporairement ces sans-abris afin de les sortir le plus rapidement de cette situation, qui inévitablement ira en s’aggravant pour eux s’ils y restent. « Avec notre réseau d’aide déjà en place, on pourra alors s’occuper beaucoup mieux du 40 % qui demeure et qui demande une prise en charge plus importante », affirme-t-elle.
La question du transport collectif interpelle également Mme Lavigne Lalonde. « Il ne faut pas se leurrer, avec l’automobile qui augmente en nombre année après année, les gens vont être pris dans le trafic à Montréal, c’est inévitable. La solution pour atténuer le phénomène est bien sûr d’offrir plus d’options aux gens pour se déplacer collectivement. Maintenant, comment on fait ça? La Ville peut agir rapidement en installant des voies réservées pour les autobus, notamment dans l’est de Montréal sur Notre-Dame, Sherbrooke et sur une voie principale au nord, Henri-Bourassa peut-être, dont un tronçon est déjà prévu en SRB. Toujours dans l’est, on peut améliorer également la mobilité sur le territoire en élargissant le réseau BIXI et l’autopartage, et voir avec la STM si des parcours locaux supplémentaires seraient envisageables », avance-t-elle.
Toujours sur la question du transport, la candidate dit attendre avec impatience le plan que présentera Québec pour le PSE, vital pour la mobilité structurante dans l’est de Montréal. « Il faut que la Ville soit maintenant facilitatrice dans ce projet. Laissons les experts évaluer quel est le meilleur moyen de transport à adopter et assurons-nous qu’on ne soit pas le caillou dans le soulier. »
Laurence Lavigne Lalonde amène aussi des idées intéressantes pour augmenter la fréquentation du réseau de transport collectif en voulant imiter la Ville de Québec, qui impose aux étudiants universitaires le titre mensuel de transport à même les frais de scolarité; et en mettant en place une tarification sociale pour les gens à faible revenu, comme c’est déjà le cas dans d’autres villes québécoises. « À Québec, par exemple, on a constaté qu’après une baisse de tarif initiale de 33 % et un ajustement à 50 % par la suite, le taux d’utilisateurs a bondi et, après 4 ou 5 ans, la mesure était déjà rentable. Pourquoi on ne pourrait pas faire ça à Montréal et en faire bénéficier ceux qui en ont le plus besoin? », exprime la résidente de Saint-Michel.
Lors de notre rencontre avec Laurence Lavigne Lalonde, celle-ci a aussi abordé la question de l’optimisation des services qui, selon elle, reste à faire dans un prochain mandat. « Il y a des dédoublements dans les services offerts par les arrondissements et la ville-centre. En optimisant les ressources, ça nous permettrait de dégager une marge de manœuvre financière importante. »
Quant à l’offre culturelle, Mme Lavigne Lalonde est d’avis qu’elle devrait bénéficier d’une meilleure promotion auprès de la population, dans chaque quartier. Elle ajoute que, compte tenu de l’explosion des coûts de production ces dernières années dans le secteur culturel en général, la Ville se doit de mieux répondre aux besoins des artistes sur le territoire en termes d’accès aux lieux de diffusion et de moyens de production.
Soulignons en terminant que le développement de l’est de Montréal fait partie intégrante des cinq priorités de l’aspirante cheffe de Projet Montréal.