LA POLYCLINIQUE DE POINTE-AUX-TREMBLES FERME SES PORTES
Une annonce a porté un coup dur hier à la population de Pointe-aux-Trembles : la seule polyclinique et Groupe de médecine de famille (GMF) du secteur fermera ses portes le 31 juillet prochain. La plupart des médecins pratiquants de l’établissement de santé plient bagage et déménagent à Saint-Léonard et Tétreaultville.
« Veuillez prendre note que la Polyclinique Pointe-aux-Trembles fermera ses portes de façon définitive à la fin du mois, annonce-t-on d’emblée sur la page internet de la Polyclinique Pointe-aux-Trembles. Sachez que ce fut un privilège et un honneur pour notre équipe de servir les patients de notre communauté et des environs », poursuit-on dans ce message.
La fermeture de la Polyclinique par son entreprise propriétaire, Tooleto, serait survenue en raison de difficultés de recrutement du personnel médical et à cause d’un manque de viabilité financière, selon un texte publié ce matin dans La Presse. Appelée à confirmer ces informations, la présidente-directrice générale de Tooleto, Annie Blanchette a refusé d’accorder une entrevue à EST MÉDIA Montréal. « Je comprends votre intérêt, mais je ne ferai pas d’entrevue. Nous avons collaboré avec Mme Cousineau dans son dossier de la Presse. La situation est déjà très difficile pour notre équipe et les patients », affirme dans un courriel Mme Blanchette. Cette dernière indique que son équipe a « communiqué avec [la députée de Pointe-aux-Trembles, Chantal] Rouleau et qu’aucune forme d’aide n’a été proposée ».
Pour la suite des choses, la PDG indique simplement que l’entreprise se concentrera « sur le maintien des services au sein du Centre médical Hochelaga ». Cette polyclinique, affiliée au Groupe Santé Humana, se trouve à plus de 6 kilomètres de la Polyclinique Pointe-aux-Trembles, dans le quartier Tétreaultville. Sur le site internet de la Polyclinique de Pointe-aux-Trembles, plusieurs des médecins de famille annoncent déjà que leurs services seront déménagés au 9080, rue Hochelaga, ou à la Polyclinique Levasseur, située dans l’arrondissement Saint-Léonard.
Le gouvernement « doit intervenir »
Pour le président de l’exécutif du Parti Québécois (PQ) de Pointe-aux-Trembles, Jocelyn Desjardins, la députée caquiste de Pointe-aux-Trembles, Chantal Rouleau et le ministre de la Santé, Christian Dubé « ont le devoir d’intervenir » dans ce dossier.
« Le gouvernement a une responsabilité dans la distribution régionale des soins et pour qu’elle soit équitable, afin qu’il n’y ait pas d’iniquités sociales. Je crois que là-dessus il y a un manque à gagner. Les gens de Pointe-aux-Trembles sont clairement sous-desservis. Ils le sont en santé, mais aussi en transports et on le voit, c’est une des nombreuses raisons qui ont fait en sorte qu’on a de la difficulté à recruter en santé dans le secteur », se désole M. Desjardins.
Ce dernier interpelle la députée Chantal Rouleau afin qu’elle organise des assemblées qui informeront la population sur les solutions qui s’offrent à elle en termes d’accès aux soins de santé et sur les prochaines étapes qui seront entreprises pour assurer le maintient des services dans la Pointe-de-l’Île. « J’appelle la population à se mobiliser et à faire connaître ses besoins. »
Par ailleurs, le représentant du PQ refuse de voir dans cette fermeture une simple question de décision d’entreprise. « Quand on a un GMF, forcément, ce n’est pas tout à fait privé, c’est du privé-public. Il y a une question de philosophie politique là-dedans, affirme-t-il. Dans ce dossier, le discours sur le privé ne tient pas la route. Les subventions qui sont accordées pour la clientèle vue et pour le GMF, ce sont des montants qui sont publics. »
Si le privé « ne veut plus du secteur public », il faudra que le public assure la pérennité des services en santé, conclut M. Desjardins. Dans un communiqué publié en début de semaine, le PQ exige le maintien et le développement des services à la Polyclinique de Pointe-aux-Trembles et s’oppose au déplacement des services vers Hochelaga ou ailleurs. « Les services doivent être maintenus et même augmentés à Pointe-aux-Trembles pour répondre aux besoins de la population locale », insiste-t-on.
Contacté par EST MÉDIA Montréal, le cabinet de Mme Rouleau nous a fait parvenir un message courriel.
De prime à bord, la députée et ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire souhaite clarifier que « contrairement à ce qu’affirme le Parti québécois, le GMF est une entreprise privée donc, sa fermeture n’était pas une décision qui relevait de notre gouvernement, mais bien du propriétaire ».
« J’ai appris la fermeture de la Polyclinique de Pointe-aux-Trembles en même temps que nos concitoyens. J’ai immédiatement communiqué avec mes collègues et mes partenaires pour trouver des solutions à court et à moyen terme, soutient l’élue de la Coalition avenir Québec.
« Je travaille étroitement avec les différentes parties prenantes, dont le ministère de la Santé et des Services sociaux, ainsi que le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, pour que les concitoyens continuent d’avoir accès aux services de proximité en santé, poursuit-elle dans son courriel, qui par la même occasion assure qu’un suivi sera fait dans ce dossier pour « maintenir et améliorer les services de santé dans notre territoire et circonscription ».
Du côté du cabinet du ministre Dubé, on indique dans courriel déplorer la décision de Tooleto de consolider ses services et de fermer ce GMF malgré les impacts de ce choix sur les patients. « Maintenant, nous souhaitons assurer aux personnes touchées que nous concentrons nos efforts à trouver des solutions pour maintenir les services dans la région, et ce, en étroite collaboration avec le CIUSSS ainsi que la ministre responsable de la Solidarité sociale et députée de Pointe-aux-Trembles, Chantal Rouleau », indique-t-on au cabinet du ministre de la Santé.
De plus, un message du ministère transmis à l’aile parlementaire du PQ nous a été partagé par l’équipe de M. Desjardins. Dans celui-ci, on rappelle que « la décision du Groupe Tooleto de cesser l’exploitation du GMF-R Polyclinique Pointe-aux-Trembles pour concentrer ses activités au CMF-R Centre médical Hochelaga est une décision d’entreprise sur laquelle nous n’avons pas d’emprise ».
« Nous nous assurerons que les médecins qui pratiquaient au GMF-R Polyclinique Pointe-aux-Trembles maintiennent leurs services auprès des patients qu’ils ont à leur charge », peut-on lire dans le message.
« Nous sommes heureux que le Groupe Tooleto se soit engagé à maintenir sa collaboration avec le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal pour favoriser l’accès à des services médicaux sur le territoire de la Pointe-de-l’Île, notamment par sa participation au GAP. Nous continuerons à déployer tout le nécessaire pour que de nouveaux médecins s’intéressent au développement de leur pratique sur le territoire de la Pointe-de-l’Île », termine le ministère dans son courriel.
Pour sa part, le CIUSSS de l’Est-de-l’île-de-Montréal affirme avoir accompagné ce GMF, qui appartient à l’entreprise Tooleto, dans ses efforts de recrutement de médecins. « Plusieurs activités sont déployées par notre organisation pour intéresser les nouveaux médecins à installer leur pratique dans la Pointe-de-l’Ile », indique l’organisation dans un courriel.
« Nous les accompagnons également présentement pour inciter les médecins qui y pratiquent à maintenir leurs activités sur le territoire de la Pointe-de-Île. Il en est de même pour les infirmières et autres professionnels de cette clinique qui desservent la population du territoire », affirme le CIUSSS. L’organisme précise que les cliniques et les GMF sont des entreprises indépendantes avec qui elle collabore de manière à favoriser l’accès à des services médicaux de première ligne. « Un GMF n’est ni une installation, ni une entité gouvernementale relevant d’un établissement public. Le GMF est un regroupement de médecins accrédité par le ministère de la Santé et des Services sociaux ».