Fridha, une touriste américaine en vacances à Montréal avec sa famille, sur la navette N3 (EMM/Sophie Gauthier)

UNE JOURNÉE EN NAVETTES SUR LE SAINT-LAURENT

EST MÉDIA Montréal a testé le parcours des trois navettes fluviales qui arpentent le fleuve Saint-Laurent dans l’est de la ville. Qu’elles soient utilisées en tant que moyen de transport quotidien ou encore comme une occasion de se balader sur l’eau pendant les vacances, les navettes semblent dans tous les cas populaires puisque de nombreux passagers étaient à bord lors de notre visite.

Sur les six lignes de navettes fluviales de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), trois touchent le secteur de l’est de Montréal. La N1, qui fait le trajet entre Montréal-Mercier et Boucherville, se trouve au quai de la Promenade Bellerive (à 35 minutes à pied du métro Honoré-Beaugrand). La N3 fait le trajet entre le Vieux-Port et Pointe-aux-Trembles et se rend depuis l’an passé jusqu’à Varennes. Il s’agit de la première ligne à fonctionner 7 jours sur 7, du matin au soir. « C’est d’ailleurs la navette la plus populaire parmi les navettes qui touchent l’est », déclare Gilles Tanguay, capitaine et directeur des opérations chez Navark, l’opérateur des navettes fluviales. Finalement, la N6 fait le trajet de Montréal-Mercier jusqu’à l’île Charron, qui offre un accès au Parc national des Îles-de-Boucherville. « Cette ligne fonctionne seulement les samedis et dimanches, et la clientèle est purement récréotouristique », renseigne Gilles Tanguay. 

Gilles Tanguay, capitaine et directeur des opérations chez Navark, l’opérateur des navettes fluviales dans l’est de Montréal (Courtoisie)

Lors de la visite d’EST MÉDIA Montréal, un jeudi en début d’après-midi, la navette N3 est déjà presque pleine. Sur une capacité d’accueil de 47 places, 43 personnes se trouvent à bord. Il est possible de rester assis à l’intérieur ou bien de profiter de l’extérieur, en se rendant soit à l’arrière ou à l’avant du bateau. Certains s’amusent même à reproduire la scène iconique du film Titanic entre les personnages de Rose et Jack. Mais en fonction de l’heure de la journée, il vaut mieux se couvrir car le vent souffle très fort!

Un trajet en navette coûte 6 $ et est gratuit pour les 11 ans et moins. La carte OPUS est valable si le passager possède un abonnement hebdomadaire, mensuel ou annuel, sur les navettes N3 et N6, et aussi sur la N2, qui ne fait pas partie des trajets dans l’est. Il est possible d’acheter un billet sur place, mais il est préférable de le réserver en amont sur le site Internet de Navark. Vélos, poussettes et fauteuils roulants sont les bienvenus à bord de la navette.

La navette N3 amarrée au quai de Pointe-aux-Trembles (EMM/Sophie Gauthier)

Une population mixte 

Force est de constater que la navette rencontre un franc succès auprès de tous les publics. « Je vois autant de travailleurs que de touristes! Et je vois aussi des personnes qui partent du centre-ville pour découvrir l’est de Montréal et inversement », explique Jonathan Lapointe, pilote de la navette N3. 

Des passagers prennent la navette qui va du centre-ville à Varennes pour profiter d’une balade sur le fleuve, comme c’est le cas pour Fridha, une touriste venue du Connecticut, en vacances avec son mari et leurs trois enfants : « Prendre le bateau nous donne une autre perspective de la ville de Montréal, que nous sommes venus visiter. Cette promenade était recommandée dans notre guide touristique, et nous ne sommes pas déçus! » 

Le pilote de la navette N3 énumère les instructions à respecter à bord (EMM/Sophie Gauthier)

La navette n’est pas uniquement appréciée des touristes. Les locaux prennent également goût à cette activité récréative. Certains la prennent seulement pour le plaisir de la balade sur le fleuve. « On garde notre petite-fille de huit ans aujourd’hui, c’est une façon différente de lui montrer l’île. On peut la lui montrer depuis le bateau », expliquent des grands-parents qui prennent la ligne du Vieux-Port à Varennes, dont l’aller-retour dure 2h05 min (en comptant l’arrêt de 25 min à Varennes). 

Mathieu, qui habite au centre-ville, prend la navette pour se rendre à son travail, aussi situé à Varennes. « J’ai commencé à la prendre cette semaine, et c’est génial! Je dois me rendre deux jours par semaine sur place, et c’est certain que je vais la prendre constamment désormais » , se réjouit-il. 

Depuis son entrée en poste en 2019, le pilote Jonathan Lapointe explique avoir observé une augmentation très importante de l’achalandage : « Durant ma première année, l’achalandage était de 80 000 passagers environ. L’an passé, on a terminé la saison avec 330 000 passagers! »

Le pilote Jonathan Lapointe au gouvernail de la navette N3 (EMM/Sophie Gauthier)

Une économie de temps et d’argent 

Parmi les motivations des passagers réguliers du bateau-navette, l’évitement du trafic arrive en tête de liste. Vincent, qui habite sur la Rive-Nord, prend aussi la navette pour se rendre à son travail à Varennes. « C’est beaucoup moins compliqué que le tunnel Lafontaine. En auto, je mets environ 1h45 min. En navette, je mets 50 min. C’est quand même beaucoup plus agréable d’être ici, sur l’eau, plutôt que d’être pris dans le trafic! », précise-t-il.

« Les réguliers me racontent pour la plupart qu’ils économisent entre 6h et 8h de trafic en moyenne par semaine en prenant la navette », ajoute le pilote de la N3. 

Ce moyen de transport fluvial permet également de réduire le budget consacré au stationnement. « On fait des économies car on ne doit pas payer de stationnement. Au Vieux-Port, je paye 24 $ la journée habituellement! », confie Pierre-André, Varennois qui se rend ponctuellement au centre-ville pour son travail de technicien de plateau sur les tournages de différentes productions cinématographiques. 

Les passagers attendent le départ de la navette au quai de Pointe-aux-Trembles (EMM/Sophie Gauthier)

À l’heure actuelle, ni Navark ni l’ARTM ne sont encore en mesure d’annoncer le renouvellement des navettes fluviales pour 2025. Une chose est sûre : beaucoup de personnes espèrent monter de nouveau à bord l’année prochaine… dont notre propre équipe de rédaction!