LES JEUNES DE RDP–PAT DEMANDENT UN MEILLEUR ACCÈS AU TRANSPORT EN COMMUN
À peine un an après sa création, le Conseil jeunesse de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles (RDP–PAT) dénonce les injustices auxquelles font face les jeunes de cet arrondissement, notamment en matière de transport en commun et de sécurité urbaine.
Les deux co-présidents de l’entité rattachée au Conseil d’arrondissement de RDP–PAT critiquent vertement le gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) et plus particulièrement le ministère des Transports et de la Mobilité durable du Québec pour leur désengagement dans la création d’un réseau structurant de transport collectif dans l’est.
« RDP–PAT est complètement détaché du système de transport de Montréal et ce sont les jeunes qui en paient le prix. C’est un des principaux enjeux que nous avions identifiés lors de la création du Conseil jeunesse, que nous avons pour la première fois proposée à l’arrondissement en 2022 », explique Daniel Di Stefano, l’un des co-présidents du comité exécutif du Conseil jeunesse.
« L’est a toujours été l’enfant pauvre de Montréal. On a toujours été oubliés, écartés. On a eu un regain d’espoir en 2018, lorsque le gouvernement nous a promis le projet du REM de l’Est, qui est par la suite devenu une deuxième promesse en 2022 : le Projet structurant de l’Est. On avait encore espoir que la ministre [des Transports] allait annoncer un projet, mais finalement, elle l’a abandonné, et c’est ça qui nous a poussés à dénoncer la situation. On se sent complètement abandonnés », ajoute pour sa part Alexandre Fabien Gagné, l’autre co-président du comité exécutif.
Dans une lettre ouverte adressée à la ministre du MTQ et vice-première ministre du Québec, Geneviève Guilbault, le Conseil jeunesse rappelle que le pourcentage d’individus de 15 ans et plus sans diplôme d’études secondaires s’élevait à 23 % à PAT, à 25 % à RDP et à 30 % à Montréal-Est, tandis que la norme montréalaise est de 17 %.
« En nous éloignant des transports collectifs, on nous éloigne aussi des établissements d’études supérieures. De plus, l’établissement de santé le plus proche de PAT, c’est l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, à côté de la station de métro Assomption. Si vous devez vous rendre à l’hôpital sans véhicule, vous n’aurez d’autre choix que de passer par ce transport collectif déficient », insiste M. Fabien Gagné. Une image frappante est mise de l’avant par les deux co-présidents pour illustrer le manque d’accès au transport en commun dans les quartiers de l’est : une personne en automobile peut mettre moins de temps pour se rendre de RDP jusqu’à l’Université de Trois-Rivières à partir de Montréal qu’un étudiant de RDP en met pour se rendre à l’Université de Montréal en transport collectif. En effet, les deux parcours durent environ une heure et demie, selon les conditions routières.
« On aimerait inviter la ministre Guilbault à venir sur le terrain et à prendre les transports collectifs avec nous pour qu’elle comprenne ce qu’est notre réalité », souligne M. Di Stefano.
Sécurité urbaine
Au-delà du transport en commun, un autre enjeu inquiète les jeunes de ces territoires de l’est montréalais : la sécurité urbaine. « On connait un haut taux de délinquance dans nos communautés et on en voit les conséquences quotidiennement; les gens vivent avec la peur », insiste M. Di Stefano.
Selon son comparse, le manque d’espaces désignés pour les jeunes ainsi que l’insuffisance de débouchés dans leurs quartiers exacerbent la problématique de la délinquance. « On a très peu de lieux pour se rassembler, pour discuter et se détendre. Dans RDP–PAT, il n’y a même pas une salle de cinéma accessible! », se désole M. Fabien Gagné. Néanmoins, selon ce dernier, le Plan d’action présenté en 2022 par l’arrondissement de RDP–PAT pour lutter contre la violence urbaine a quelque peu porté ses fruits, puisqu’il est à l’origine des réflexions qui ont mené à la création du Conseil jeunesse. « On supporte tous les efforts qui ont été faits en ce sens », souligne-t-il.
En outre, l’amélioration des services de santé, surtout en matière de santé mentale, de la communication auprès de la communauté ainsi que l’accroissement de la participation citoyenne chez les jeunes sont d’autres objectifs sur lesquels planchera le Conseil jeunesse durant les prochaines années, concluent les co-présidents.