JARDINS COLLECTIFS DE MONTRÉAL-EST : UN MODÈLE QUI NOURRIT LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE
Le Réseau alimentaire de l’Est de Montréal (RAEM) a profité d’une belle journée de fin d’été pour inviter représentants politiques et partenaires locaux à parcourir les installations des Jardins Collectifs de Montréal-Est et à découvrir les locaux de la banque alimentaire Action Secours Vie d’Espoir. Une occasion pour les visiteurs de constater non seulement l’abondance des récoltes de cette saison estivale, mais surtout l’importance de ce type d’initiatives en matière de sécurité alimentaire.
C’est sous les chauds rayons du soleil de la fin d’août que le directeur général du RAEM, Thierry Bachelier, ainsi que les membres de l’équipe des Jardins Collectifs de Montréal-Est ont rappelé aux élues et aux collaborateurs présents la mission et le fonctionnement de cet espace dédié à l’agriculture urbaine, qui vise à « réduire le désert alimentaire, à renouer les individus avec la nature et à mettre l’emphase sur la biodiversité et l’importance de la conserver ».
Les fortes pluies et les chaleurs intenses qui se sont abattues sur le Québec ces derniers mois ne semblent pas avoir affecté cette 6e saison de récoltes, qui a permis d’amasser jusqu’ici 600 kg de denrées fraîches, soit 230 % de plus qu’en 2023. Les Jardins Collectifs, qui comptent une centaine de variétés de légumes et de fruits, diverses sortes de fines herbes en plus d’abriter une ruche d’abeilles, débutent la majeure partie de leur production au début du mois de juin.
L’équipe vise cette année « un objectif ambitieux de 800 kg de fruits et de légumes » produits d’ici la fin de la saison, planifiée pour les derniers jours de septembre, a indiqué Thierry Bachelier. Ce dernier a ajouté que les jardins allaient se doter sous peu de plus d’outils pour augmenter encore leur performance. « L’augmentation de la production n’est pas due à un agrandissement de la surface de jardinage, mais bien à un meilleur savoir-faire dans l’exploitation des lieux et à l’utilisation d’outils provenant de nos partenaires industriels », a expliqué le directeur général du RAEM.
Le projet d’une serre quatre saisons, qui permettrait de diversifier les produits cultivés, est actuellement dans les cartons. Pour une première année, les agriculteurs urbains ont décidé de conserver des graines, en plus « d’habituer la génétique » de certaines variétés de tomates, de laitues et de concombres aux terres dans lesquelles elles poussent. « Ça leur permettra de s’acclimater aux différentes conditions climatiques du terrain et de grandir encore plus aisément dans leur milieu », a précisé Marie-Felixe Baillargeon, animatrice en agriculture urbaine aux Jardins Collectifs, en charge notamment des récoltes et de l’entretien.
Un engagement continu envers la sécurité alimentaire
Les Jardins Collectifs de Montréal-Est sont le fruit de l’association de huit partenaires provenant de milieux variés, dont le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal et la Corporation de développement communautaire de la Pointe. Le projet compte également sur le soutien d’Énergie Valero, de Suncor, de l’Affinerie CCR, de la Ville de Montréal-Est et de la Direction régionale de santé publique. L’organisme Action Secours Vie d’Espoir, qui distribue les paniers alimentaires dans lesquels sont placées les récoltes des Jardins Collectifs, est également un partenaire-membre de premier plan du RAEM.
Thierry Bachelier a tenu a partagé sa reconnaissance « envers tous ceux qui ont participé à cette journée et qui contribuent quotidiennement à [leurs] efforts pour construire une communauté plus solidaire et résiliente. »
De passage aux jardins, la ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire et députée de Pointe-aux-Trembles, Chantal Rouleau, ainsi que la mairesse de Montréal-Est, Anne St-Laurent, ont pu découvrir les différentes variétés de plantes qui ont permis de produire cet été une abondance de denrées fraîches destinées aux personnes en situation précaire. Posant plusieurs questions sur le déroulement des récoltes de cette année, l’élue municipale s’est dite impressionnée et fière du travail accompli dans les Jardins Collectifs.
Pour Mme Rouleau, l’atteinte d’une sécurité alimentaire pérenne est urgente et dépend de la multiplication de projets « très importants » comme celui des Jardins Collectifs, soit des initiatives qui allient organismes communautaires locaux et partenaires engagés. « J’ai pu constater que le besoin en sécurité alimentaire est partout à Montréal, mais aussi au Québec. Il faut trouver une solution pour rapprocher la nourriture des gens le plus possible, compte tenu des circonstances socio-économiques qu’on connaît à l’heure actuelle. Et pour ça, il faut assurer une meilleure coordination de l’ensemble des joueurs, entre autres pour agir sur le gaspillage alimentaire. On produit beaucoup de nourriture au Québec, et il n’est pas du tout normal que les familles, les enfants, les aînés en manquent », s’est-elle exprimée dans les Jardins Collectifs.
L’élue provinciale, qui a tenu à féliciter les membres de l’équipe des jardins pour ce geste collectif au service de leurs concitoyens, a précisé vouloir augmenter de 30 % le nombre de projets en sécurité alimentaire soutenus par son ministère. « En juin, j’ai déposé le Plan de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, qui prévoit près de 141 M$ sur 5 ans dédiés à la sécurité alimentaire. Plus de 55 M$ de ce montant seront réservés pour soutenir des initiatives porteuses, des projets qui impacteront durablement l’accès à une alimentation saine », a-t-elle indiqué.
Un panier de qualité qui fait toute la différence
En continuité de la visite des Jardins Collectifs, Thierry Bachelier a profité du fait qu’il s’agissait de la journée hebdomadaire de distribution des paniers de denrées alimentaires pour présenter les locaux ainsi que l’équipe animée de bénévoles d’Action Secours Vie d’Espoir. En file devant une grande salle communautaire aménagée en centre de distribution, des citoyens attendaient patiemment de recevoir leur panier bien garni, des provisions qui viendront sûrement soulager ces personnes en situation de vulnérabilité alimentaire.
L’organisme Action Secours Vie d’Espoir est le destinataire de 90 % de la production des Jardins Collectifs, qui permettent de garnir à chaque semaine près de 245 paniers remis à ses bénéficiaires. En plus des légumes et fruits produits sur les terres des jardins, on retrouve dans les paniers des denrées de première nécessité fournies par l’organisme Moisson Montréal ainsi que des dons alimentaires provenant d’entreprises et de commerces locaux.
Avant chaque distribution, les légumes et fruits provenant des Jardins Collectifs sont soigneusement triés afin que des produits endommagés ne se retrouvent pas dans les paniers. « On va distribuer aux banques alimentaires seulement les denrées de qualité. Les bénévoles des jardins, qui sont une douzaine environ, vont donc pouvoir repartir avec une partie des récoltes que l’on ne va pas utiliser pour les paniers. Mais ils viennent surtout pour socialiser et en apprendre sur les techniques de jardinage et sur les enjeux environnementaux », précise en terminant Samuel Paradis-Campeau, chargé de projets en agriculture urbaine des Jardins Collectifs de Montréal-Est.