Le refuge CAP CARE dans l'ancien édifice du YMCA HM. Photo : Emmanuel Delacour/EMM.

Le refuge CAP CARE dans l’ancien édifice du YMCA HM. Photo : Emmanuel Delacour/EMM.

ITINÉRANCE : DE NOUVEAUX REFUGES SOUHAITÉS DANS HOCHELAGA

De nouveaux refuges pour les personnes en situation d’itinérance seront créés dans les prochaines années dans Hochelaga-Maisonneuve. C’est ce qu’entrevoient les acteurs du milieu qui ont pris part au Rendez-vous sur l’itinérance, une initiative épaulée par le député Alexandre Leduc.

En entrevue avec EST MÉDIA Montréal, l’élu de Québec solidaire a indiqué que des discussions actives avaient présentement lieu entre divers organismes et établissements institutionnels pour que soient créés des refuges et des maisons de chambre dans le quartier. « On sait qu’il y a un besoin pour de nouveaux refuges. Par exemple, celui qui se trouve dans l’ancien YMCA sur la rue Hochelaga (occupé par CAP-CARE), est très vétuste. Il faudra un jour le rénover, il n’est pas éternel », souligne M. Leduc.

Ce dernier affirme que plusieurs partenaires ont été à l’écoute de ces besoins lors du Rendez-vous, qui s’est tenu à la fin du mois de mai dernier, incluant le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal. Le député solidaire entrevoit ainsi la possibilité qu’on fasse appel à des bâtiments institutionnels pour loger les organismes de lutte à l’itinérance et leurs usagers.

Contacté à ce sujet, les CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal et du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, ce dernier ayant la charge du dossier des sans-logis, n’ont pas souhaité commenter les propos de M. Leduc.

Pour sa part, la Ville de Montréal assure qu’« il n’est pas prévu de fermer le site (de CAP-CARE) actuellement ». L’établissement, qui peut recevoir 70 personnes, fait l’objet de réparations régulières qui n’exigent pas de bris de services pour les personnes en situation d’itinérance, souligne-t-on. De plus, on maintient que « si les personnes devaient être relocalisées pour des travaux majeurs (sur ce site), la Ville et ses partenaires chercheraient des solutions alternatives ». Enfin, l’administration indique ne pas avoir de projet à l’étude pour convertir un de ses bâtiments en refuge ou maison de chambres dans MHM actuellement.

Le député de Québec solidaire dans Hochelaga-Maisonneuve, Alexandre Leduc. Photo: courtoisie Québec solidaire

Quoi qu’il en soit, M. Leduc entrevoit qu’il faudra la création de plus d’un centre de ressources pour répondre à la demande pour les sans-logis dans le quartier. « On ne veut pas d’un «Wallmart» de l’itinérance. De gros projets comme ça, c’est trop compliqué au niveau de la cohabitation avec les gens du quartier. » Le député pense plutôt que quelques sites distribués sur le territoire conviendraient davantage aux besoins dans Hochelaga-Maisonneuve.

Il s’agit-là d’un enjeu primordial, puisque ce sont des frictions avec les résidents du quartier Longue-Pointe qui ont forcé en avril dernier le déménagement du refuge de l’Auberge Royal Versailles, près du métro Radisson, vers le sous-sol de l’église Sainte-Jeanne-d’Arc, sur la rue de Chambly, dans Hochelaga. De nombreuses plaintes de citoyens avaient été logées à la Ville à la suite de l’ouverture du précédent centre, créé pour pallier le manque de ressources alors que la pandémie frappait la métropole et exacerbait sa problématique d’itinérance.

Démantèlements

« On ne peut pas retourner à seulement 30-40 lits dans Hochelaga », martèle le député solidaire. Au lendemain de deux années de pandémie, de démantèlements à répétition de campements sur Notre-Dame et dans le boisé Steinberg, le visage de l’itinérance dans ce secteur de l’est montréalais a changé et les ressources disponibles peinent à suivre les besoins, constate-t-il.

Même son de cloche de la part de Julien Montreuil, directeur adjoint chez L’Anonyme, qui d’entrée de jeu dénonce les interventions musclées dont on a été témoin à l’hiver 2020 sur la rue Notre-Dame. « On est en désaccord complet avec les démantèlements, qui ne font qu’accentuer l’insécurité des personnes en situation d’itinérance », clame-t-il. Selon lui, la précarité que vivent certaines personnes est non seulement exacerbée par l’inflation et la flambée du marché locatif, mais aussi par la stigmatisation des personnes qui se rassemblent en camps de fortune. Ce dernier plaide aussi en faveur de la création de nouveaux refuges dans l’est de Montréal, afin de répondre aux besoins spécifiques de cette clientèle. « On ne veut pas déraciner les gens et les envoyer dans des gros centres de ressources plus à l’ouest, au centre-ville. La plupart ne veulent pas y aller. »

L'Étape, un autre refuge géré par l'organisme CARe Montréal, situé sur la rue de Chambly.

L’Étape, un autre refuge géré par l’organisme CARE Montréal, situé sur la rue de Chambly. Photo: Emmanuel Delacour/EMM

D’ailleurs, les participants du Rendez-vous sur l’itinérance craignent de plus en plus de perdre leurs contacts sur le terrain. Effectivement, M. Leduc ainsi que M. Montreuil affirment que plusieurs sans-logis hésitent désormais à partager de l’information avec les travailleurs sociaux et intervenants, surtout en ce qui concerne l’apparition de nouveaux campements, par crainte que ceux-ci soient dénoncés et une fois de plus démantelés.

« Les grands camps comme celui sur Notre-Dame, ça n’arrivera peut-être plus, mais plusieurs petits campements, d’une à cinq tentes, il y en a. Malheureusement, les gens choisissent des lieux plus reculés, à l’abri des regards et ils ne veulent plus nous en parler. C’est un problème, parce que ça accentue les risques de surdose et les enjeux d’insécurité », insiste le directeur adjoint de L’Anonyme.

Le premier Rendez-vous sur l’itinérance dans Hochelaga s’est tenu en mai de cette année. C’est à la suite du démantèlement du camp de fortune sur la rue Notre-Dame à l’hiver 2020 que cette initiative est née, pilotée par Alexandre Leduc. L’opération de démantèlement, menée par le Service incendie de la Ville de Montréal et assistée par le Service de police, avait alors semé l’indignation auprès de plusieurs citoyens et groupes communautaires.