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Des maisons typiques de Saint-Léonard (Image tirée de Wikimedia Commons)

INONDATIONS : L’OPPOSITION DEMANDE LA CONSTRUCTION DE NOUVELLES INFRASTRUCTURES À SAINT-LÉONARD

L’opposition officielle demande à la Ville de Montréal d’en faire davantage en matière d’infrastructures d’eau, notamment dans l’arrondissement de Saint-Léonard.

Au courant de la semaine, le conseiller de Ville du district de Saint-Léonard Ouest, Dominic Perri, et ses collègues Vana Nazarian, conseillère de Ville du district de Côte-de-Liesse, et Alan DeSousa, maire de Saint-Laurent, ont déposé une motion demandant à l’administration de Valérie Plante de mettre en place un plan de financement en matière d’infrastructures d’eau qui préciserait notamment les interventions à prioriser sur le territoire montréalais.

Concrètement, la motion réclamait la création d’infrastructures luttant contre les inondations pluviales, dont le bassin de rétention Leduc, dans l’arrondissement Saint-Laurent, et l’agrandissement du collecteur Langelier, dans Saint-Léonard.

En effet, on s’étonne à l’opposition que le projet concernant les installations dans Saint-Léonard ait été retiré du plus récent budget et Programme décennal d’immobilisation (PDI) de la Ville.

« C’est irresponsable de la part de l’administration de dire : « On ne fera rien. » », juge M. Perri. Dans un communiqué précédemment diffusé, l’opposition demandait que l’administration Plante revienne sur sa décision et donne le feu vert à l’agrandissement du collecteur Langelier.

Un peu plus tard au courant de la semaine, la motion a été rejetée par l’administration après une tentative d’amendement de la part des deux partis.

Des infrastructures insuffisantes pour répondre aux pluies diluviennes

Selon un rapport produit en juin 2022 par la firme CIMA+, qu’a pu consulter EST MÉDIA Montréal, « les risques de refoulement et d’inondation augmenteraient d’environ 25 % à 40 % si aucune intervention d’ingénierie n’est effectuée » au courant des années à venir dans le secteur du bassin Langelier. « Autrement dit, la capacité du réseau, incluant notamment celle du collecteur Langelier, est, en moyenne, deux à cinq fois inférieure à ce qu’elle devrait être actuellement afin de drainer adéquatement le territoire lors d’une pluie de récurrence décennale », poursuit-on dans ledit rapport.

Selon M. Perri, l’entièreté du secteur au nord du boulevard Lavoisier pourrait être inondée lors de grandes pluies. « C’est environ le tiers de l’arrondissement qui est à risque. […] On parle d’à peu près 2 000 à 3 000 maisons à risque », s’inquiète le conseiller.

Dominic Perri, conseiller de la Ville au conseil d’arrondissement de Saint-Léonard (Courtoisie)

Celui-ci réitère que le rapport de CIMA+, commandé par la Ville de Montréal, proposait deux solutions : l’ajout de collecteurs supplémentaires en parallèle à celui situé sous le boulevard Langelier et la construction de nouveaux bassins de rétention. Le rapport suggère en effet de nombreuses interventions d’ingénierie afin d’augmenter la capacité hydraulique du réseau.

En outre, l’élu d’Ensemble Montréal s’insurge contre le fait que la Ville ait précédemment indiqué qu’elle souhaitait plutôt demander au gouvernement du Québec de bonifier ses programmes d’aide aux victimes d’inondation. L’administration demande aussi aux citoyens qu’ils fassent appel au financement offert par la Ville pour des rénovations afin de protéger leurs maisons contre les inondations. Enfin, la mairie de Mme Plante examine la possibilité d’élargir l’interdiction de la construction de logements en sous-sol sur l’ensemble du territoire montréalais, spécifiquement dans les zones de cuvettes, là où le risque d’accumulation des eaux de pluie est plus grand.

Pour M. Perri, il est inacceptable de demander aux citoyens de prendre en charge toute la responsabilité des solutions pour lutter contre les inondations. « Je comprends que les citoyens doivent adopter certaines mesures, comme l’installation de clapets contre les refoulements, mais l’administration ne doit pas s’en laver les mains. On sait que ce n’est pas un problème qui date d’hier. Il faut que la Ville investisse en ce sens. »

Enfin, M. Perri croit qu’il est impensable qu’on envisage de priver Saint-Léonard de logements en sous-sol dans un contexte de pénurie du logement. « Si on parle de 2 000 à 3 000 maisons affectées, c’est potentiellement 1 500 appartements qui seraient retirés du parc locatif s’ils ne peuvent plus abriter de logement en sous-sol. »

Plusieurs solutions doivent être envisagées

Questionné par EST MÉDIA Montréal, le cabinet de la mairesse de Montréal a rétorqué que penser que seule la mise à niveau du système d’égout « résoudra les problèmes d’inondation n’est pas réaliste » et qu’« aucun réseau d’égout, même surdimensionné, ne peut arriver à mettre une tempête tropicale, comme celle d’août dernier, sous terre ».

Dans un courriel, l’équipe de Mme Plante indique que l’étude réalisée par CIMA+ « a démontré que l’ajout de capacité hydraulique est une solution pour prévenir les inondations récurrentes du secteur. Toutefois, le risque d’inondation demeurera malgré tout, compte tenu de l’intensité des pluies. Il est toujours important de rappeler que l’augmentation de la capacité hydraulique de certaines conduites ne règlera pas les problèmes d’inondation de l’arrondissement de Saint-Léonard ».

L’administration affirme prendre en compte les nombreux besoins de l’ensemble de la métropole en priorisant les projets dans le cadre du Plan de drainage de la Ville, qui se base sur les plus hautes normes en ce sens (CSA W210). « Le projet du collecteur Langelier prévoit la construction de 4,8 km de conduites primaires (collecteur), mais aussi de 17 km de conduites secondaires (égout local). C’est immense en termes de travaux, qui ne peuvent s’échelonner que sur de nombreuses années, souligne le cabinet. Ce projet n’est pas dans le PDI actuel. Lorsque le prochain PDI sera déposé en novembre prochain, la mise à jour de la programmation du Plan directeur de drainage sera alors connue. »

Le cabinet souligne aussi qu’il est important de multiplier les saillies drainantes, les parcs éponges, de modifier les règlements d’urbanisme et que les gens adaptent leur maison pour éviter que l’eau n’y entre. « Il est difficile pour les gens d’entendre que la meilleure solution pour lutter contre les inondations pluviales est de combler leur entrée de garage en contre-pente et de rehausser les fenêtres du sous-sol ou encore d’installer des clapets sur tous leurs équipements sanitaires, mais c’est comme ça qu’ils protègeront le mieux leur maison contre les changements climatiques », affirme en terminant le cabinet de Mme Plante.