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AMÉLIORATION DES INFRASTRUCTURES, VERDISSEMENT ET PARTICIPATION CITOYENNE AU CŒUR DE LA DÉCENNIE DU MAIRE CROTEAU

 

Comme le dirait probablement l’auteur-compositeur Vincent Vallières, Rosemont est sans aucun doute le « repère tranquille » du maire de l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie, François Croteau, poste qu’il occupe depuis son élection en 2009, sans trop d’opposition d’ailleurs. Un règne qu’il aimerait bien voir se poursuivre pour quatre autres années alors qu’il nous confirme sa candidature pour l’élection municipale de 2021, toujours sous les couleurs de Projet Montréal. « Pour moi ce n’est vraiment pas un règne, mais plutôt un privilège de représenter les gens de Rosemont–La Petite-Patrie. Je me considère très privilégié de pouvoir contribuer activement, à ma façon aussi, à l’évolution du secteur et à la qualité de vie des résidents. Et je ne prends surtout rien pour acquis », a exprimé d’entrée de jeu François Croteau, en entrevue dans le cadre de notre dossier spécial sur le secteur Rosemont (ce dernier fait partie du territoire de l’est de la ville couvert par EST MÉDIA Montréal).

Douce évolution rosemontoise

Est-ce que le quartier Rosemont a changé depuis 2009? En réponse à cette question, le maire François Croteau est d’avis que le secteur a connu une évolution « harmonieuse et plutôt progressive, sans changement brusque » depuis son arrivée à la mairie d’arrondissement. Une évolution démographique assez soutenue toutefois, notamment dans le sud-ouest du territoire, aux frontières d’Angus et du Vieux-Rosemont, où ont émergé de grands projets immobiliers comme MÙV, Rosemont les Quartiers, U31, TAK Village, Unicité, Cité-Angus, et autres. Pour l’ensemble de l’arrondissement de RPP, on dénombre aujourd’hui plus de 145 000 résidents, alors qu’en 2009 ils étaient 132 000. « Si on vous parle d’exode urbain, sachez que ce n’est certainement pas le cas pour Rosemont–La Petite-Patrie », clame son maire.

Si l’arrondissement voit sa population augmenter considérablement, il n’en va pas de même nécessairement pour son budget, car c’est la ville-centre qui perçoit les taxes, alors que la plupart des infrastructures sont du ressort de l’administration locale. « C’est bien de constater que le quartier est en croissance, mais ça met aussi de la pression sur les finances de l’arrondissement car il faut livrer les infrastructures qui accompagnent ces développements et aussi les services municipaux. La répartition des finances de la ville-centre ne suit pas automatiquement le même rythme », explique François Croteau.

Et c’est justement au niveau des infrastructures que Rosemont a connu un renouveau tangible ces derniers dix ans, de l’aveu même du maire. En fait, surtout en termes de mise à jour des équipements de loisirs, des parcs et espaces verts, et de nombreux kilomètres de voirie. « C’est pour cela que je dis que l’évolution de Rosemont a été tranquille ces derniers dix ans, mais visible tout de même. Il y avait tellement de rattrapage à faire concernant le maintien et la mise aux normes des infrastructures que ça ne laissait pas beaucoup de marge de manœuvre pour faire autre chose, et il y en a encore à faire à ce chapitre. Mais je dirais qu’on a fait un très gros bout de chemin, et ça commence à avoir des effets sur notre capacité à projeter des investissements autres pour les prochaines années. C’était moins spectaculaire de remettre des routes en états, refaire des chalets de parcs et des aires de jeu, renouveler du mobilier urbain, mais c’était nécessaire », soutient le maire.

Questionné sur les « bons coups » de son administration depuis 2009, le principal intéressé y est allé spontanément, dans un premier temps, avec la sécurisation de la mobilité piétonne dans le secteur du Nouveau Rosemont (à l’est de Pie-IX). « Il y a beaucoup de rues et d’artères plus larges dans ce secteur, la circulation automobile était plus rapide et dense, plus problématique pour la sécurité surtout des jeunes, des personnes âgées et des gens à mobilité réduite. On a posé beaucoup d’actions d’atténuation de la circulation dans ce territoire, réaménagé des coins de rue pour les rendre plus sûrs, et cet ensemble de mesures a très bien fonctionné. Beaucoup de gens de ce quartier se sont réapproprié leur environnement et peuvent maintenant y marcher de façon plus sécuritaire, et ça j’en suis assez fier », affirme François Croteau.

François Croteau est maire de RPP depuis 2009. Il est aussi membre du Comité exécutif de la Ville à titre de Responsable de la ville intelligente, les technologies de l’information, l’innovation et l’enseignement supérieur (photo : EMM).

Le maire ajoutera aux bons coups de son administration l’ajout de plusieurs équipements de loisirs et de sports diversifiés dans les parcs de Rosemont « autres que du baseball et du soccer. » Il parlera notamment d’aires de détente, de modules de jeux pour enfants modernes, et même de canons à neige « pour assurer que les buttes dans les parcs soient assez enneigées pour glisser dès le début de l’hiver. »

Deux autres faits marquants ont caractérisé la vie rosemontoise depuis les dernières années, et il faut reconnaître le mérite de l’administration Croteau à ce chapitre, il s’agit du verdissement et de l’appropriation de l’espace public par les citoyens. En une décennie, Rosemont–La Petite-Patrie s’est avéré le champion incontesté des ruelles vertes, des saillies de trottoir naturalisées et des jardins urbains à Montréal. S’il y a eu un changement vraiment remarqué dans Rosemont depuis 2009, c’est bien à ce niveau. « Mais je pense que nous avons réussi, surtout, à créer chez le citoyen un désir plus présent, plus spontané de s’approprier davantage l’espace public. Toutes ces initiatives de participation citoyenne, ça permet aux gens de sortir de chez eux, de rencontrer le voisinage et de développer un sentiment d’appartenance à leur quartier, et ça c’est à mes yeux très positif », dit François Croteau.

S’il parle bien sûr de ses bons coups avec plaisir, le maire ne rechigne pas à répondre à la question des moins bons coups de son administration jusqu’à maintenant. Malgré les investissements importants dans la refonte des équipements de sports et de loisirs sur le territoire ces dernières années, c’est à ce sujet que François Croteau semble avoir le plus de déception. « On a réussi à sauver ou à reconstruire carrément plusieurs infrastructures qui étaient en fin de vie ces dernières années, mais on en a aussi perdu des très importantes sans pouvoir jusqu’à maintenant les remplacer, et ça me travaille énormément. Je pense notamment à la piscine du Collège de Rosemont, à la perte du centre de loisir Alphonse-Desjardins, et éventuellement à la perte de la piscine du parc Joseph-Paré qui est en fin de vie actuellement et dont on tente de trouver une solution viable ou débloquer des fonds importants, mais rien n’est facile dans ce dossier. Donc, oui, je dirais que le nombre et la qualité d’équipements de sports et de loisirs ne sont pas adéquats selon moi partout sur le territoire, et j’aimerais pouvoir faire plus. »

Rosemont est-il encore abordable ?

Toutes les analyses du marché immobilier le confirment, RPP est plus populaire que jamais auprès des acheteurs de plex et de condos, et les secteurs du Vieux-Rosemont et d’Angus sont parmi les plus recherchés à Montréal, une tendance qui se maintient depuis déjà plusieurs années d’ailleurs. En 2021, il n’est pas rare de voir un duplex friser le million de dollars dans Rosemont, ou un condo de 850 pi2 à 500 000 $. Reconnu pour être un quartier à forte concentration familiale, est-ce que Rosemont devient justement plus difficile d’accès pour les jeunes familles? « C’est sûr que du moment où on travaille à rehausser la qualité de vie d’un quartier, ses installations, etc., il y a un impact direct sur la spéculation immobilière et c’est un élément très difficile à contrôler voire même impossible pour une administration municipale. Nous n’avons aucun pouvoir sur la valeur d’une résidence », exprime François Croteau, qui reconnaît que l’accès à la propriété est plus difficile aujourd’hui dans le quartier, « à l’instar de tous les quartiers centraux montréalais, le phénomène est partagé par les autres arrondissements voisins. »

Toutefois, l’arrondissement tente d’amenuiser les effets négatifs de la gentrification et selon le maire, le sujet serait une préoccupation évidente de son administration depuis 2009, elle qui a posé plusieurs gestes en ce sens dit-il. « Nous avons travaillé beaucoup, mais vraiment beaucoup sur cet aspect dans Rosemont, même si les prix continuent de grimper, heureusement pour les uns et malheureusement pour les autres. Par exemple, nous avons été parmi les premiers arrondissement à appuyer le règlement 20-20-20 pour assurer davantage de logements sociaux et abordables sur notre territoire. On a pris des mesures pour protéger le parc locatif, c’est beaucoup plus difficile aujourd’hui de convertir des logements en condo par exemple. Nous avons aussi gelé cette année la hausse de taxes (1,8 %), malgré une baisse importante des revenus de l’arrondissement à cause de la COVID. Bref, on essaie à titre d’élus de tout faire pour, au moins, ne pas stimuler de hausse du marché immobilier dans Rosemont. »

Espace Affaires Rosemont : pas de stress…

Avec le boom de développement immobilier qui se terminera bientôt dans le sud-ouest de Rosemont, le quartier offrira vraisemblablement peu d’opportunités dans les prochaines années pour la création de nouvelles infrastructures d’envergure, manque de pi2 disponibles (à part le site de la Société de développement Angus qui continue le développement de sa Phase II). Mais à peine un peu plus au nord, entre D’Iberville et Papineau, se trouve le secteur Espace Affaires Rosemont, qui a fait l’objet d’un de nos reportages récemment, et qui semble être un secteur qui aurait besoin d’une certaine requalification compte tenu du vieillissement visible du parc immobilier industriel.

Mais attention affirme le maire, il n’y aurait pas autant d’urgence à investir massivement dans ce secteur, contrairement à ce que peuvent penser plusieurs personnes. « J’avoue que c’est vrai que c’est vieillissant, et qu’il y a des améliorations à apporter physiquement sur ce territoire, mais le son de cloche que nous avons des gens d’affaires qui occupent le secteur, dont beaucoup sont des fabricants, des artisans, des studios, des petites entreprises, eh bien c’est qu’ils ne veulent pas d’un grand bouleversement qui viendra stimuler la spéculation et faire augmenter le prix du pi2. »

Il serait donc étonnant que la Ville autorise dans les prochaines années de grands chantiers dans l’Espace Affaires Rosemont, mais on annonce plutôt des efforts de verdissement, l’amélioration de la mobilité active (piste cyclable notamment bientôt), et un renouveau du côté du mobilier urbain. Par ailleurs, soulignons que l’Espace Affaires Rosemont demeure un secteur convoité et qu’il y a peu de locaux à louer ou à vendre dans cette enclave industrielle mixte. Beaucoup de demandes par contre pour la construction de complexes de condos, que refuse systématiquement l’administration Croteau dans ce secteur.

Un électorat exigeant, mais conciliant

Si on se fie à ce que l’on peut lire sur les réseaux sociaux à propos des administrations municipales montréalaises, on peut aisément constater que celle de Rosemont–La Petite-Patrie est plutôt est plutôt dans les plus épargnées en termes d’animosité ou d’insatisfaction, du moins en général. Est-ce que RPP est du coup un arrondissement facile à gouverner? « Je dirais qu’il n’est pas difficile. D’après-moi, ce qui caractérise RPP, c’est que la population est très progressiste, très audacieuse, même visionnaire, et elle a tendance à pousser l’administration à aller plus loin. Et c’est ma foi du pain béni pour les élus qui veulent justement faire des changements », avance François Croteau.

Parmi les sujets qui ont suscité ces dernières années certaines insatisfactions ou débats dans le public rosemontois, il y a entre autres la lenteur et la lourdeur administratives dans le traitement des permis de construction ou d’occupation, secteur qui a fait l’objet de plusieurs remaniements de la part de l’administration Croteau (aujourd’hui ces problèmes seraient plutôt réglés affirme le maire), et surtout les mesures d’atténuation de la circulation. À ce sujet, l’administration est plutôt reconnue pour son engouement à propos des dos d’âne, des saillies de trottoir, de la limitation de vitesse sur ses rues, et autres initiatives qui, selon certains, rendraient l’arrondissement peu accueillant pour les automobilistes, voire même hostile.

François Croteau ne nie pas que les efforts de l’administration ne vont pas dans le sens d’améliorer le sort des automobilistes, mais il croit que ce débat est souvent biaisé par une fausse perception des gens face aux contraintes imposées ou à l’impact de celles-ci. « Ces dernières années nous avons été en mesure de réaliser beaucoup de projets d’atténuation de la circulation mais sans vraiment bouleverser de manière importante le quotidien des citoyens. Dans le cas de la rue Bellechasse par exemple, qui a suscité de vives réactions, c’était la première fois que nous faisions un changement de sens de rue depuis 2009 dans RPP, ce qui a amené également dans ce dossier la perte de plusieurs espaces de stationnement. Dans les faits, à part avoir ralenti la circulation un peu partout sur le territoire, à l’instar de la majorité des arrondissements montréalais d’ailleurs, il n’y a pas eu tant de changements drastiques pour les automobilistes ni de pertes de stationnements. C’est une fausse perception qui vient peut-être du fait que notre voisin direct, Le Plateau-Mont-Royal, a été plutôt très actif à ce sujet et a fait les manchettes ces dernières années. Aussi, je tiens à spécifier que ces mesures d’atténuation de la circulation, ce n’est pas un geste politique, ce sont des recommandations provenant à la fois d’études et d’analyses d’experts qui nous sont soumises depuis longtemps, et de demandes découlant de nombreuses consultations citoyennes », affirme M. Croteau.

Facile à diriger Rosemont–La Petite-Patrie, mais pas tout le temps finalement…


Le dossier spécial « Rosemont 2021 » a été rendu possible grâce à la collaboration des partenaires suivants :