LES DEMANDES ALIMENTAIRES CONTINUENT D’AUGMENTER AUPRÈS DES ORGANISMES
Pour M.Simard, cette hausse s’explique notamment par « une augmentation assez drastique du coût de la denrée, mais aussi du coût de la vie en général. Les gens sont forcés de se trouver des mécanismes alternatifs pour répondre à leurs besoins de base. Les restaurants communautaires en font partie ».
Le directeur général a rapidement dû adapter ses pratiques, compte tenu de la situation et des variations des ressources financières. « Quand je suis arrivé en poste en 2022, mon budget pour les denrées alimentaires était de 190 000 $. Pour 2024-2025, j’ai un budget d’environ 400 000 $ », précise-t-il.
Thierry Bachelier, directeur général du Réseau alimentaire de l’Est de Montréal, observe des bouleversements semblables au sein de son organisme, entre autres au niveau de l’approvisionnement. « Les produits étant plus chers, le choix est donc plus restreint parce qu’on a le même volume d’argent ou à peu près. Et les prix étant élevés, on devient plus sélectifs. Nutritivement parlant, on essaie toujours d’être dans le coup, mais parfois c’est pas évident d’offrir un bon rapport qualité-prix. »
Selon Béatrice Nadeau, coordonnatrice du Service d’aide communautaire Anjou, l’augmentation du nombre de bénéficiaires s’est manifestée dès la pandémie. « Le nombre de gens qu’on dessert pour la banque alimentaire a plus que doublé et on a dû commencer une liste d’attente. Ce qu’on n’avait jamais fait », indique-t-elle.
Nouveaux profil de bénéficiaires
Non seulement le nombre de bénéficiaires est en forte augmentation, mais un nouveau profil de clientèle fait désormais appel aux différents services alimentaires. « Quand je suis arrivé en poste en octobre 2022, je ne voyais pas le même monde. Aujourd’hui, on est vraiment plus dans les familles. Aussitôt qu’il y a une journée pédagogique, la salle [du restaurant] est pleine d’enfants », remarque M. Simard
En plus des familles, certains travailleurs n’arrivant plus à joindre les deux bouts recourent désormais aux banques alimentaires, précise M. Bachelier. « Des gens qui ont une rémunération mais qui, à cause de l’inflation et des loyers qui ont augmenté, n’ont pas forcément assez d’argent pour boucler les fins de mois. Il y en a un paquet dans l’est de Montréal », indique-il.
Non seulement le visage de la pauvreté change, mais celle-ci touche même les employés d’organismes qui tentent d’aider leur prochain. « Il y a des gens dans mon équipe qui ont besoin d’aide alimentaire, se désole le directeur général du Chic Resto Pop. J’en reviens pas! Ça fait 2 ans qu’on fait des augmentations salariales de l’ordre de 10% pour l’ensemble du personnel. J’essaie que [la situation] touche le moins possible mes équipes. »
Thierry Bachelier estime également que dans le monde communautaire « les gens ne sont pas rémunérés à la hauteur des efforts qu’ils font ». « Il y a un roulement de personnel relativement important parce que les gens ont besoin d’argent pour vivre », ajoute-il.
Indispensables bénévoles
Un restaurant communautaire comme le Chic Resto Pop peinerait à fonctionner sans eux, confie Marc-André Simard. « C’est plus d’une centaine de bénévoles qui sont mobilisés chaque semaine. On a des gens qui sont ici tous les jours, même sur les deux services, sur le service du midi, le service du soir. »
Béatrice Nadeau partage le même avis et louange le dévouement de son équipe : « Dans l’organisme au total, on a une centaine de bénévoles et on ne pourrait rien faire s’ils n’étaient pas là. Juste à la banque alimentaire, ils sont peut-être 25 qui sont au rendez-vous semaine après semaine. Ils sont fantastiques! »
Le 19 décembre prochain, le Chic Resto Pop convie ses bénéficiaires à son populaire souper de Noël annuel. Comme le rapporte Marc-André Simard, «il y a des gens dont c’est le seul repas de Noël. Des personnes seules à la maison, souvent des personnes âgées. Pour nous, c’est une manière de briser l’isolement ».