Photo: Flickr/Philippe Du Berger.

L’IMMOBILIER DEMEURE FORT DANS L’EST

Après une année de surchauffe à Montréal, le marché immobilier a ralenti au début de 2023 avec une baisse des prix et du nombre de ventes, entre autres causée par la hausse des taux d’intérêt. Toutefois, l’est de Montréal semble se distinguer par la résilience de son marché, selon les experts.

En consultant les plus récentes statistiques de la base de données provinciale Centris compilées sur la plateforme WOWA.ca et par l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ), EST MÉDIA Montréal a pu brosser un portrait de l’état du marché immobilier à Montréal.

De manière générale, l’accès à la propriété demeure plus facile dans l’est de la métropole, puisque le prix de vente moyen des maisons de tous types confondus y est généralement en deçà de celui dans l’ensemble de la ville. Alors qu’à Montréal le prix de vente moyen d’une maison était de 550 956 $ en mars, dans la pointe est de l’île (RDP-PAT et Montréal-Est) il était de 420 438 $, tandis qu’à Anjou et Saint-Léonard, il s’élevait à 540 285 $. À Montréal-Nord, la moyenne affichée était de 497 118$ et à Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, celle-ci était de 515 478$.

Quartier Angus dans Rosemont. Photo: EMM

Il faut aller dans les quartiers plus centraux pour dépasser la moyenne montréalaise. Par exemple, à Villeray–Saint-Michel–Parc Extension, la moyenne de vente était de 625 537 $, alors que dans Rosemont–La Petite-Patrie, celle-ci était de 655 087 $.

De façon générale, les prix de vente ont chuté à Montréal de 6,2 % comparativement à l’année précédente. Cependant, dans l’est, cette baisse a été moins ressentie dans la plupart des quartiers. Elle ne fut que de 0,2 % dans la pointe est et de 4,9 % dans Montréal-Nord.

Les prix ont chuté plus rapidement à Anjou et Saint-Léonard, accusant une perte annuelle de 14,4 % des prix de vente. Complètement à l’opposé, dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, c’est une hausse des prix de 1,3 % qu’on a connu en mars. « Ce qui est intéressant quand on regarde l’est de Montréal par rapport à l’Île, c’est que le marché immobilier y semble un peu plus résilient. Bien entendu, l’augmentation des taux d’intérêt touche tout le monde et l’est n’est pas épargné. Cependant, puisque les prix dans l’est y étaient un peu moins élevés que dans le reste de Montréal, ce qu’on voit, c’est que les reculs en termes de vente sont moins élevés », souligne Stéphanie Lapierre, économiste principale à l’APCIQ.

Plex dans l’Arrondissement Saint-Léonard. Photo: EMM

En effet, dans les quartiers de l’est, la baisse annuelle des transactions varie entre 35,7 % (pointe Est) et 49,1 % (Anjou–Saint-Léonard), tandis que dans les quartiers centraux, ce taux grimpe jusqu’à 51,4 % (Plateau-Mont-Royal). Il faut toutefois prendre en compte que le nombre de transactions réel est toujours moins élevé dans les quartiers en périphérie comparativement à ceux du centre. À titre d’exemple, en mars, il y a eu 171 ventes dans la pointe est de l’Île, tandis qu’il y en a eu 290 à Ville-Marie.

La hausse des taux d’intérêt et la valeur des maisons ne peuvent pas à elles seules expliquer les différences entre les marchés immobiliers selon les secteurs de Montréal, selon l’économiste. L’arrivée de travaux sur les infrastructures routières (Pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine), le prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal et la cohabitation avec des milieux industriels peuvent tous exercer une influence sur l’attractivité des propriétés dans l’est.

De plus, malgré le fait que le nombre de propriétés mises en vente a augmenté comparativement à l’année dernière, celui-ci demeure toutefois relativement bas par rapport à la demande, ce qui a pour effet d’avantager les vendeurs, explique Mme Lapierre. « Le manque de propriétés disponibles tend à favoriser les vendeurs. Il y a encore peu de mises en chantier. Cependant, si l’on compare aux années précédentes où le marché était en surchauffe, ça s’est quelque peu relâché. Les acheteurs ne font plus face à de la surenchère et cela leur laisse un peu plus de temps pour faire leur choix. Ça donne un peu d’air aux acheteurs », affirme la porte-parole de l’APCIQ.

Enfin, celle-ci croit que le marché immobilier devrait se stabiliser au courant de l’année 2023 et revenir « à la normale », variant surtout en raison de cycles saisonniers, comme on pouvait le voir avant la pandémie.