Un lieu de recueillement a été créé près de l’endroit où est décédé M. Ouellette (Emmanuel Delacour/EMM)

UN HOMME SANS-ABRI MEURT DANS LA RUE DANS MHM

Un homme en situation d’itinérance est décédé dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve ce mardi. Une intervenante auprès des personnes sans-abri avait mentionné craindre pour sa vie avec l’arrivée imminente de l’hiver.

Il s’appelait Nelson Ouellette et il avait 62 ans. « Pour nous, c’était le grand-père des âmes meurtries. Quelqu’un que tout le monde connaît et respecte. C’est vraiment triste », raconte Michelle Patenaude, directrice générale du CAP Saint-Barnabé.

Celle-ci dit que les intervenants du quartier s’inquiétaient pour sa sécurité avec l’approche des températures froides. « Il avait des problèmes de santé. Vivre dans la rue, on vieillit plus rapidement. C’est pour cela qu’on s’inquiétait encore plus de ce qui allait se passer avec Nelson. On se disait qu’il n’allait pas passer l’hiver », affirme-t-elle. Dans un précédent reportage, la directrice du CAP Saint-Barnabé indiquait être très inquiète pour la sécurité des personnes qui campent à l’extérieur, notamment aux abords de la rue Notre-Dame.

Selon les informations transmises par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), les policiers sont arrivés pour prêter assistance aux ambulanciers à la suite d’un appel logé à Urgences-santé mardi matin, vers 7 h. « Puisque nous n’avons pas constaté quoi que ce soit nous indiquant que son décès était de nature criminelle, le dossier a été repris par le Bureau du coroner », indique Véronique Dubuc, agente de communication au SPVM.

(Courtoisie Pierre Sigouin)

L’homme est décédé à l’endroit où il passait la majeure partie de son temps, devant une épicerie située à l’angle de l’avenue Morgan et de la rue Sainte-Catherine. Mardi matin, au passage d’EST MÉDIA Montréal, une photographie et des fleurs avaient été déposées non loin de là, à sa mémoire.

« Je l’ai vu deux jours avant qu’il meure. Il était un peu caché et il ne bougeait pas. Je n’ai pas osé le déranger. C’est très triste », affirme une passante nommée Nicole.

« Je lui achetais des cafés des fois. On ne le voyait pas souvent l’hiver, mais tout l’été, il était là, devant l’épicerie. Il était si gentil. Ça m’a fait beaucoup de peine de savoir qu’il était mort », ajoute pour sa part Luce Duchesne.

M. Ouellette utilisait les services du CAP Saint-Barnabé de façon ponctuelle depuis à peu près cinq ans. « Il était connu de tous. Il campait souvent là l’été et ne dérangeait personne », affirme Mme Patenaude.

Selon la directrice de l’organisme, dont un des refuges se trouve à deux pas du lieu de décès de l’homme, celui-ci avait une longue histoire d’itinérance, mais n’utilisait pas souvent les services d’hébergement d’urgence, « parce qu’il trouvait cela extrêmement difficile ». « Il venait surtout lors de périodes de froid intense dans notre hébergement d’urgence. La dernière fois qu’on l’a vu là, c’est à la fin de l’hiver dernier », affirme-t-elle.

« Il a été délogé de la station de métro Langelier au début de la pandémie, dans le contexte de la COVID-19 où les personnes en situation d’itinérance qui utilisaient les espaces publics faisaient peur aux gens », explique Mme Patenaude.

Beaucoup d’aînés dans la rue

De plus en plus de personnes qui font appel aux services des organismes en itinérance dans le quartier sont âgées de 65 ans et plus, relate la directrice. Il n’est pas rare de voir des personnes de 75 ans, voire au-dessus de 80 ans, se retrouver dans la rue en raison du manque d’accès au logement abordable. La situation est d’autant plus difficile pour ces aînés qui nécessitent des services en gériatrie qui ne sont habituellement pas offerts par les organismes d’intervention en itinérance. « C’est difficile d’aider une personne sans-abri lorsqu’elle est atteinte de démence, par exemple. Dans certains cas, ils deviennent agressifs et désorganisés, et ça complexifie les choses. »

Contacté par EST MÉDIA Montréal, le cabinet de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a indiqué que ses « pensées vont aux proches de M. Ouellette ».

« Il s’agit d’un père, d’un ami qui pourrait être le nôtre. Le décès d’une personne en situation d’itinérance est toujours un signal d’alarme. Il manque de places pour offrir un toit à tout le monde, autant en urgence que de manière permanente avec des ressources », souligne-t-on dans un courriel. « Il est nécessaire que le gouvernement du Québec, la Ville et les OBNL travaillent de concert pour offrir des alternatives durables aux personnes en situation d’itinérance », poursuit le cabinet de Mme Plante.

On indique qu’une rencontre doit se tenir prochainement avec le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, pour parler de la situation et des suites à donner. « Nous sommes déjà en action, en appui au réseau de la santé, pour l’identification de lieux où ouvrir des haltes chaleurs », conclut-on.

Une veillée à la mémoire de M. Ouellette se tiendra à l’angle de l’avenue Morgan et de la rue Sainte-Catherine vendredi soir, dans le cadre de la Nuit des sans-abris, événement qui se tient du 15 au 18 octobre.