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HOCHELÉGAL : L’AIDE JURIDIQUE PLUS NÉCESSAIRE QUE JAMAIS

Confronté à des besoins grandissants dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, notamment en ce qui concerne le droit du logement, l’organisme HocheLégal a lancé une campagne de financement pour élargir ses services à la population.

Fondé il y a cinq ans, l’organisme à but non lucratif (OBNL) offre des services de conseil juridique aux citoyens grâce à son équipe de juristes bénévoles. Cette offre s’est ensuite développée au fil du temps en cliniques juridiques mensuelles. « Ce service est devenu de plus en plus populaire, ce qui est très bien parce qu’on répond à une demande. Toutefois, cela exige toujours plus d’organisation », explique Yoann Gauthier, conseiller juridique et co-fondateur de HocheLégal.

Yoann Gauthier, avocat et co-fondateur de HocheLégal (LinkedIn)

De plus, l’OBNL a récemment déployé de nouveaux services, incluant des ateliers juridiques. Pour monter cette nouvelle offre, l’organisme doit embaucher des employés, particulièrement pour combler des postes de coordination. « Initialement, on a embauché des étudiants l’été pour nous donner un petit coup de main, notamment par l’entremise de la contribution salariale d’Emplois d’été Canada. Mais, on se retrouvait à la fin de l’été avec des besoins, donc éventuellement, on a réussi à obtenir une subvention pour embaucher une coordonnatrice, Samantha », explique Me Gauthier.

Le financement vise ainsi à pérenniser les cliniques juridiques en fournissant un salaire aux employés de l’OBNL. La campagne, lancée le 20 novembre dernier, a réussi à collecter 4720 $ sur son objectif de 5000 $. Au départ, l’organisme avait prévu de la clore le 20 décembre, mais a plutôt décidé de la prolonger durant tout le temps des Fêtes. « On est dans « le dernier droit » et on espère pouvoir atteindre notre objectif », insiste le conseiller juridique.

HocheLégal observe une « forte hausse de demandes pour de l’information juridique » sur le terrain, note Samantha Gauthier, coordonnatrice-avocate pour l’organisme. « Vous ne tomberez pas en bas de votre chaise si je vous dis que c’est notamment pour des questions concernant le droit du logement. De plus, on a beaucoup de demandes en droit de la famille. Ce sont deux domaines pour lesquels nous sommes très sollicités. »

En 2024, l’OBNL a comptabilisé entre 130 et 140 demandes d’inscription pour un accès à de l’information juridique.

La croissance de cette demande provient aussi du fait que de plus en plus de personnes de la classe moyenne, souvent avec un emploi et un revenu, ne parviennent plus à joindre les deux bouts. « On le voit dans les nouvelles, les gens qui font appel aux banques alimentaires, par exemple, ce ne sont plus les mêmes populations qu’il y a une quinzaine d’années », insiste-t-elle.

Samantha Gauthier, coordonnatrice-avocate chez HocheLégal (LinkedIn)

Les gens qui font appel à HocheLégal requièrent des services de proximité, n’ayant pas « les moyens de se déplacer au travers de la ville pour trouver des ressources juridiques », souligne-t-elle. De plus, plusieurs clients sont des personnes qui vivent dans l’isolement et qui n’ont pas nécessairement accès à internet ou même à un téléphone.

« C’est pourquoi on ressent l’importance d’être dans le quartier, mais aussi dans l’est de Montréal, parce qu’il n’y a pas vraiment d’autre OBNL juridique qui répond à la demande spécifiquement sur ce territoire, avec ses particularités », remarque l’avocate.

L’information juridique offerte par l’organisme ne constitue pas une aide légale complète, mais est un premier coup de pouce en ce sens. « Le simple fait de mettre des mots sur ce que vivent les gens, de circonscrire leur problématique, c’est important », assure-t-elle.

Par ailleurs, HocheLégal a mis en place un volet d’action auprès des OBNL afin d’aider les organismes du quartier à trouver des ressources juridiques. « On s’est rendu compte qu’ils ont de nombreux besoins, notamment pour négocier et réviser les modèles de contrats d’emploi, réviser des règlements, pour la gestion de leur conseil d’administration et encore pour la révision de leurs baux. Grâce à cet autre volet, on jumèle un juriste qui donne des mandats pro bono à ces OBNL, tandis que nous remplissons un rôle de médiateurs dans tout cela », affirme l’avocat et co-fondateur de HocheLégal, Yoann Gauthier.