L’édifice de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, vu de l’entrée de l’urgence (Photo : Emmanuel Delacour/EMM)

HMR : LES URGENCES DÉBORDENT ENCORE UNE FOIS

Les urgences sont surchargées dans l’ensemble du Québec, et l’est de Montréal n’y échappe pas. Cette fin de semaine, le taux d’occupation des civières aux urgences de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) a atteint 181 %. La situation est particulièrement complexe dans cet établissement de santé, qui doit répondre aux besoins de près du quart de la population montréalaise tout en disposant de ressources proportionnellement limitées.

Les personnes qui se sont présentées aux urgences de HMR au courant de la fin de semaine ont dû prendre leur mal en patience, puisque certaines ont patienté plus de 7 heures dans la salle d’attente avant d’être vues par un médecin. Au moment d’écrire ces lignes, la situation s’était quelque peu résorbée, alors que le taux d’occupation des civières était descendu à 120 %, avec un temps d’attente de près de 4 heures.

Pour Denis Cloutier, président du Syndicat des professionnelles en soins de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, la pression sur les équipes aux urgences est telle que, depuis une semaine, celles-ci ont entrepris des moyens de pression. L’état des lieux n’est cependant pas aussi catastrophique qu’en janvier 2023, alors que les infirmières avaient mené un coup d’éclat pour faire fermer partiellement les urgences de l’établissement durant une nuit. Toutefois, « des sit-in ont été organisés, parce que la situation ne s’améliore pas », affirme-t-il.

Selon M. Cloutier, le principal problème est toujours le même en cette période de l’année. « On a un haut taux de fréquentation des urgences à cause des virus, mais malheureusement, ça ne sort pas à l’autre bout. On connaît un manque de personnel à HMR et le roulement des patients n’est pas assez rapide », souligne-t-il. La présence accrue de personnes âgées, qui manquent de ressources vers lesquelles se tourner, surtout lorsqu’elles ont des complications liées à la grippe, fait en sorte que les services d’urgences demeurent engorgés, donne en exemple le président du syndicat associé à la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec.

La rétention de personnel reste un défi majeur à l’HMR, en raison des horaires exigeants imposés aux équipes de première ligne, qui compliquent la conciliation entre travail et vie familiale. « On a encore beaucoup d’infirmières qui décident de quitter parce que c’est trop demandant de ne pas savoir à l’avance quand et pendant combien de temps elles devront travailler », souligne M. Cloutier.

Ce dernier croit que le fait que HMR dessert 550 000 Montréalais, soit 26 % de la population de l’île, mais avec seulement 17 % de la capacité de soins à Montréal, demeure un enjeu de taille. « C’est comme si vous n’aviez qu’un seul hôpital pour toute la ville de Québec. L’est de Montréal est une région où la population a grandement augmenté durant les dernières années et c’est là où on a de la difficulté à donner des soins, parce que les budgets attribués [par le gouvernement] sont historiques et ne tiennent pas compte de la croissance de la population. On se retrouve avec une pression financière qui n’est vraiment pas nécessaire ces temps-ci », se désole le président du syndicat.

Un taux similaire à l’an passé

Au CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, on indique qu’une mobilisation a été mise en place pour limiter la fréquentation des urgences de HMR et qu’elle porte ses fruits. « Les efforts des équipes sont visibles. On observe dans nos urgences que, malgré une augmentation des visites de près de 15 personnes par jour, le taux d’occupation est resté similaire à l’an passé pour la même période », indiquent les relations médias de l’organisme dans un courriel.

Le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal continue d’être en lien constant avec Santé Québec et les autres établissements afin d’évaluer la situation, ajoute-t-on. « Bien que les équipes soient mobilisées, les besoins importants en soins hospitaliers et en hébergement de longue durée limitent nos admissions, ce qui crée une pression sur l’urgence et les étages », reconnait-on.

En outre, en cette période très achalandée en raison des « contacts sociaux des dernières semaines » qui ont fait augmenter la circulation des virus dans la population, l’organisme a mis en circulation depuis décembre dernier plus de 75 000 cahiers informatifs. Le document intitulé « Quoi faire avec mon problème de santé » vise à guider les personnes à domicile en leur indiquant quand il est essentiel de consulter un médecin. Les fiches d’information imagées sont disponibles en ligne sur monproblemedesante.ca.

« En comparant les années antérieures, nous pouvons nous attendre à une baisse de la propagation de ces virus d’ici environ trois semaines », anticipe-t-on au CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal.