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AYITI-LÀ! LA COMMUNAUTÉ HAÏTIENNE REND HOMMAGE À SES DISPARUS

Afin de commémorer le terrible séisme qui s’est produit en Haïti il y a dix ans, faisant plus de 250 000 morts et près d’un million de sans-abris, la diaspora haïtienne montréalaise s’est réunie en grand nombre le week-end dernier à La TOHU, dans le quartier Saint-Michel.

Deux journées d’activités bien remplies et pour toute la famille ont ainsi été offertes gratuitement pour l’occasion par la Maison d’Haïti, La TOHU, l’Association québécoise des organismes de coopération internationale et Concertation pour Haïti, attirant plus de 2 500 personnes. L’événement s’est terminé avec une émouvante cérémonie de clôture dimanche en fin de journée où de nombreuses personnalités de la communauté haïtienne étaient présentes, de même qu’un nombre impressionnant d’élu-e-s.

Grande solidarité de la classe politique

Les trois paliers de gouvernement étaient en effet exceptionnellement bien représentés lors de l’événement principal avec la présence entre autres de la mairesse Valérie Plante, de l’ex-maire Denis Coderre, de maires d’arrondissements, des ministres Pablo Rodriguez, Benoit Charrette, Chantal Rouleau et Nadine Girault, ainsi que plusieurs députés et conseillers municipaux, particulièrement de l’Est de Montréal, dont Mario Beaulieu, Frantz Benjamin et Emmanuel Dubourg, que nous avons croisés parmi d’autres. Soulignons également la présence remarquée de la candidate à la chefferie du Parti Libéral du Québec, Dominique Anglade, qui a livré un autre touchant témoignage (la députée a perdu ses deux parents lors de la catastrophe).

Une communauté en réflexion

La cérémonie de commémoration, où bien sûr plusieurs ténors de la diaspora haïtienne montréalaise ont livré de vibrants témoignages et messages d’espoir, s’est déroulée dans une atmosphère plutôt sobre et dépouillée d’artifices, mais tout de même colorée et à l’image de la culture haïtienne. Un équilibre bien dosé qui n’est pas toujours facile à atteindre dans ce genre d’événement.

Si la mémoire des disparus a été célébrée avec respect, dignité et amour, on sentait également, entre les lignes de plusieurs interventions, que la communauté haïtienne montréalaise est actuellement en recherche de solutions pour sortir le pays d’une misère qui semble aujourd’hui plus persistante que jamais, après l’échec déplorable de l’intervention humanitaire qui a suivi le fameux séisme depuis 2010. « On constate 10 ans plus tard que le grand élan de générosité de milliers de personnes, ainsi que l’engagement de plusieurs États, qui avait permis de recueillir des milliards de dollars n’a pas mené à la reconstruction du pays et au renforcement de ses institutions, comme on pouvait l’espérer à l’époque. Au contraire, le manque de coordination entre les grandes agences humanitaires et leur contournement de l’État haïtien ; les fonds promis, mais jamais déboursés ; la démarche non participative de l’élaboration du plan de reconstruction et le manque d’appropriation de ce plan par la population ; entre autres, ont contribué à fragiliser encore davantage l’État et la population », peut-on lire sur le site de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale, fait que l’on ressentait en trame de fond tout au long de la cérémonie.

Quoiqu’il en soit, l’événement du week-end dernier a toutefois démontré une fois de plus que la communauté haïtienne québécoise, elle, prend de plus en plus sa place dans les instances décisionnelles du pays et s’y intègre naturellement et harmonieusement. De mieux en mieux organisée et dynamique, espérons qu’elle saura aider et inspirer ses compatriotes à sortir enfin du marasme. À cela elle pourra certainement et toujours compter sur la nation québécoise.