Photo courtoisie studio Locomotion.

LES GYMS DE L’EST SONT-ILS EN SANTÉ ?

Comme bien d’autres domaines, le milieu des salles d’entrainement du Québec a été mis à mal par la pandémie. Contraintes à fermer, puis rouvrir, puis refermer à nouveau, elles ont dû employer leur système D pour s’assurer de rester à flots. Deux ans plus tard, les gyms de l’est sont-ils en santé?

13 mars 2020. La mise sur pause de la province tombe sur les salles d’entrainement comme un couperet. Offrant pour la plupart leurs services sur place, les gyms se retrouvent orphelins de leurs abonnés et leurs appareils se mettent à prendre la poussière. Plusieurs se tournent alors vers l’offre de cours en ligne. Ça n’a pourtant pas été le choix du studio Locomotion, logé dans les shops Angus. « La panique a duré 48-72 heures. Puis, notre solution a été de mettre tous les abonnements sur pause : tous les contrats des clients ont été suspendus durant la fermeture. On a offert seulement quelques cours live en ligne, mais c’était gratuit. C’était vraiment pour garder le contact avec nos clients, mais on n’avait pas pour objectif de faire de l’argent avec ça », explique Julie Bernard, l’une des cinq propriétaires du gym de Rosemont. Ces derniers peuvent d’ailleurs se vanter d’avoir pu garder tous leurs employés en poste durant ces épreuves. Ils se comptent chanceux de pouvoir s’appuyer sur des employés fidèles, qui restent souvent très longtemps dans l’équipe. Locomotion fait affaire avec des établissements d’enseignement entre autres et accueillent des stagiaires qui deviennent parfois employés par la suite. Néanmoins, la salle d’entrainement souffre aussi du contexte de pénurie de main-d’œuvre actuel, notamment en ce qui concerne l’embauche de réceptionnistes.

Subventions, fidélité et innovation

Durant cette tempête, les subventions gouvernementales ont été bien utiles à l’unique gym du secteur Angus. « Un membre de notre équipe était très fort en administration et en finances. On a été super stratégiques et très chanceux : on a eu accès à toutes les subventions et on a réussi à naviguer à travers ça », note Julie Bernard. En effet, la documentation à fournir et les formulaires à remplir pour obtenir de telles aides peuvent donner bien des maux de tête et demandent beaucoup de rigueur de la part des entreprises, en comptabilité notamment.

Julie Bernard, copropriétaire du studio Locomotion (photo courtoisie).

Le gym a aussi pu compter sur sa clientèle formée de plus ou moins 800 personnes, chaque fois au rendez-vous lors des réouvertures. Julie Bernard et son équipe, comme ils avaient peu développé le volet en ligne, ont craint que les adeptes des salles d’entrainement ne changent leurs habitudes durant la pandémie et reviennent en salle en moins grand nombre. « Au contraire, les gens ont utilisé les services en ligne dans la première vague, mais après, ils se sont tannés, ils avaient envie de contacts avec des gens. Donc, on n’a pas senti qu’on avait perdu des clients. Certaines personnes plus âgées ou avec des problématiques de santé nous ont demandé de maintenir la suspension de leur abonnement plus longtemps parce qu’ils n’étaient pas nécessairement à l’aise de revenir dans des lieux où il y avait beaucoup de monde, mais c’est tout. » Afin de respecter les consignes sanitaires, Locomotion a diminué la capacité d’accueil dans ses cours, qui fonctionnent désormais tous par réservation.

En 2021, le studio Locomotion avait aménagé des installations temporaires donnant sur l’extérieur afin de pouvoir poursuivre ses activités (photo courtoisie).

Le studio a aussi eu une brillante idée, celle d’aménager un gym à l’extérieur de ses installations! D’avril à octobre 2021, les abonnés pouvaient profiter d’appareils cardiovasculaires ou de musculation à l’arrière, dans le stationnement libéré à cette fin. Des cours de yoga et de boxe y étaient aussi offerts, là et dans le parc qui se trouve à l’avant. « C’est vraiment quelque chose que les gens ont adoré et ça a fait beaucoup parler de nous. Ça s’appelait l’Air[e] Locomotion », se remémore Julie Bernard.

Garder la tête hors de l’eau

Plus au sud, un autre gym a subi les relents de la pandémie. Beaucoup plus grand, avec son impressionnant secteur aquatique et ses 3000 abonnés en moyenne, le Centre sportif du Parc olympique a aussi réussi à garder la tête hors de l’eau durant ces deux ans de pandémie. Il comporte 170 appareils cardiovasculaires et de musculation, mais c’est surtout ses bassins aquatiques qui retiennent l’attention : 2 bassins de 25 m, une pataugeoire, un bassin de plongeon, un bassin de nage artistique et un bassin d’assouplissement le composent. S’y entrainent tout autant les athlètes olympiques, les sportifs aguerris et les adultes que les enfants et les parents avec leurs bébés. « C’est vraiment un centre multifonctionnel, dont l’ADN est avant tout un centre aquatique », mentionne Cédric Essiminy, porte-parole pour le Parc olympique. « Mais il contient également une salle de musculation avec tous les appareils nécessaires. C’est un très grand centre qui est situé au bas de la tour et qui est en opération depuis 1976, donc depuis la toute fin des Jeux [olympiques de Montréal]. Il a beaucoup de clients fidèles, certains sont avec nous depuis plus de 30 ans! »

Photo courtoisie Parc olympique.

Même s’il a peut-être les reins plus solides qu’un petit gym de quartier, le Centre sportif du Parc olympique a tout de même dû se retrousser les manches et attendre que la tempête passe. « Ça a été un énorme casse-tête logistique et nos équipes ont très bien fait afin d’essayer de proposer une offre aux abonnés intéressés. La demande était très forte. C’est sûr qu’étant donné qu’on devait respecter les mesures sanitaires, on n’a pas été en mesure d’ouvrir complètement et à pleine capacité », indique le porte-parole. Les grands espaces du lieu ont notamment permis d’accueillir rapidement les nageurs dans les multiples couloirs tout en respectant les contraintes. Les athlètes de la dizaine de disciplines olympiques qui s’entrainent en ces murs ont aussi pu poursuivre, dès que possible, leur entrainement à l’Institut national du sport du Québec (INS Québec). « L’INS Québec est dans le Centre sportif », précise Cédric Essiminy. « Il est ouvert aux athlètes amateurs, aux élèves en sports-études, etc. » Du côté des salles et des dojos, ces athlètes et le public ne partagent donc pas les mêmes locaux. « Je ne vous cache pas que, comme pour tous les gyms, ça n’a pas été facile. Mais là, on est content, on revient. » En effet, le centre bourdonne! Les cours de natation affichent rapidement complets et le volet événementiel se remet en branle avec des séries mondiales de plongeon, des équipes en résidence, des activités de qualifications, etc.

Du côté de ses 90 employés, le Centre sportif du Parc olympique peut se vanter de compter sur du personnel qualifié. Mais même s’il se distingue comme employeur avec ses installations spectaculaires et mythiques, il souffre aussi, comme tout le monde, de la pénurie de main-d’œuvre.

Photo courtoisie Parc olympique.

Somme toute, le beau temps pointe à l’horizon pour ces deux gyms de l’est de Montréal. Tandis que le studio Locomotion s’apprête à injecter un demi-million de dollars pour revamper sa salle d’entrainement et son deuxième étage, le Centre sportif du Parc olympique, lui, ouvrira sous peu une toute nouvelle boutique-cafétéria, qui offrira des marques de vêtements exclusives ainsi que des repas axés sur les besoins nutritionnels de sa clientèle de sportifs et élaborés avec l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ). Et d’autres projets, plus embryonnaires ceux-là, sont à venir pour les deux joueurs. Alors, êtes-vous prêts à vous remettre en forme? Car ces deux gyms se portent bien et sont prêts, eux, à vous recevoir!