Clément Laganière

Le fondateur de Groupe C. Laganière, Clément Laganière (photo courtoisie famille Laganière).

GROUPE C. LAGANIÈRE : 60 ANS À RÉHABILITER LES SOLS DE MONTRÉAL

Plus de 200 employés, amis et dignitaires se sont réunis samedi dernier au Complexe Environnemental Montréal-Est pour célébrer les 60 ans de l’entreprise familiale Groupe C. Laganière, spécialisée en réhabilitation environnementale et travaux de génie civil connexes. Pionnier de cette industrie dans l’est de Montréal, Groupe C. Laganière compte aujourd’hui quelque 175 employés et s’avère l’un des plus importants joueurs au Québec en décontamination de sols, en plus de posséder la presque totalité des anciens terrains de la pétrolière Shell dans la région.

Rappelons, pour la petite histoire, que c’est Monsieur Clément Laganière qui a fondé l’entreprise en 1962 avec son épouse Henriette Langlois, à Pointe-aux-Trembles. Selon le site web de l’entreprise, le fondateur est alors un mécanicien et opérateur hors-pair, et avant tout un passionné de machinerie lourde. Quant à Henriette, ayant la bosse des chiffres, elle assume les fonctions de gestion comptable et secrétariat, à même le sous-sol de leur modeste maison de la 5e avenue. Tous les soirs après le travail, Clément trouvait le moyen d’entasser dans sa propre petite cour arrière, façon Tetris, une rétrocaveuse, un chargeur sur chenille CAT955, un camion, une piscine, une balançoire, un cabanon, et le tout en préservant le précieux bosquet de lilas de sa femme, peut-on également lire.

« Je ne pense pas que mes parents se doutaient qu’un jour l’entreprise fêterait son 60e anniversaire, qu’elle aurait cette ampleur et qu’une 3e génération de Laganière serait encore aux commandes aujourd’hui. Je suis certain qu’ils étaient là quelque part avec nous aujourd’hui, et ils auraient certainement de quoi être fiers », a déclaré en entrevue Guy Laganière, président du Groupe C. Laganière, lors de l’événement.

Ce dernier aussi a de quoi être fier, puisque l’entreprise n’a cessé de croître depuis les 30 dernières années au point d’atteindre le groupe de tête de l’industrie de réhabilitation environnementale au Québec. Aussi, soulignons que parmi ses 3 enfants, les 3 de sa soeur Guylaine et les 2 de son frère Denis, 6 enfants de la 3e génération sont aujourd’hui sur le point d’assumer entièrement la gestion de la compagnie, les deux autres s’étant dirigés dans le secteur de la santé (médecin et chiropraticienne). Il faut dire qu’atteindre 60 ans d’histoire entrepreneuriale, c’est déjà une belle réussite dans l’écosystème économique québécois, mais que 6 enfants sur 8 de la 3e génération prennent les rênes de l’entreprise, c’est sans contredit du rarement vu. « Évidemment, comme parents, ça nous fait chaud au cœur et on est fiers de ça. La 3e génération est prometteuse, elle est bien formée, mais elle a aussi du cœur au ventre. Et le cœur au ventre, c’est essentiel pour faire avancer une entreprise. On est vraiment choyés de pouvoir compter sur ce support-là et de les sentir motivés », de dire le patriarche.

Famille Laganière Groupe C. Laganière

La ministre de la Métropole et députée sortante de Pointe-aux-Trembles, Chantal Rouleau, était présente lors de l’événement célébrant le 60e anniversaire de Groupe C. Laganière. On la voit ici avec les dirigeants de la 2e génération et leurs 8 enfants, dont 6 d’entre-eux évoluent au sein de l’entreprise. (Photo courtoisie Groupe C. Laganière).

Si Groupe C. Laganière est une histoire de famille, visiblement de famille tissée serrée, c’est aujourd’hui aussi l’affaire de nombreux employés clés et professionnels qui se sont greffés à l’entreprise au fil des années, dont plusieurs comptent 15-20 ans de service. « Je suis aussi très fier de cette équipe autour de nous et qui est essentielle pour amener plus loin l’entreprise, à tous les niveaux. Nous avons un taux de rétention exceptionnel de plus de 90 % et ça me touche de voir qu’aujourd’hui plusieurs de nos employés sont devenus des ambassadeurs de Groupe C. Laganière. Souvent, le recrutement passe par leurs contacts, et je trouve cela très intéressant », affirme Guy Laganière.

Terrains de Shell : un point tournant

C’est grâce à l’arrivée des prestigieux actionnaires que sont Fondaction et Investissement Québec en 2017 que Groupe C. Laganière a mis la main sur les 10 millions de pi2 de l’ancienne raffinerie de Shell à Montréal-Est, un événement qui changera les perspectives d’avenir de l’entreprise. « Quand on a vu l’opportunité de pouvoir acheter le terrain, que notre entreprise avait par ailleurs déjà décontaminé à près de 80 %, on s’est dit qu’il fallait faire quelque chose avec ça dans l’est de Montréal. Il y avait 500 emplois qui venaient de se perdre chez Shell, et on voulait faire un projet à caractère environnemental qui allait générer le double, voire le triple d’emplois, un projet qui servirait de tremplin pour une éventuelle relance de l’est de Montréal, un engouement pour le territoire que l’on voyait s’installer sérieusement », explique M. Laganière. Le projet, c’est le fameux Complexe Environnemental Montréal-Est, destiné à accueillir principalement des entreprises d’économie circulaire, de revalorisation environnementale ou de savoir dans ces domaines.

Sur les 10 millions de pi2 acquis, il en reste aujourd’hui environ 8 millions, à la suite de la vente de 2,5 millions de pi2 au constructeur Broccolini l’an dernier au coût de 56,5 M$, qui prévoit y construire un entrepôt pour le compte d’Amazon. « Évidemment, Groupe C. Laganière n’a pas besoin de tous ces millions de pi² pour ses propres activités. Lorsque les services publics vont être installés (égout, aqueduc, route, etc.) nous serons en mesure de commencer le développement du Complexe environnemental Montréal-Est tel que nous l’envisageons. Cela va certainement prendre quelques années encore, mais je suis confiant que nous allons atteindre nos objectifs et que notre vision pour la requalification de ce terrain verra le jour », affirme Guy Laganière.

Evenement 60 ans Groupe C. Laganière

Plus de 200 employés, amis et dignitaires se sont réunis samedi dernier au Complexe Environnemental Montréal-Est pour célébrer les 60 ans de l’entreprise familiale Groupe C. Laganière (photo : EMM).

Croissance en vue

La nouvelle génération de Laganière en mène déjà large dans l’entreprise, avoue l’actuel président, qui voit cette transition souhaitée se compléter doucement mais sûrement. Sa fille, Valérie, directrice – communications et développement et détentrice d’un MBA, est d’avis que Groupe C. Laganière va se diversifier et intégrer ses services de plus en plus.

« On veut faire mieux environnementalement parlant, on veut faire mieux pour nos employés, on veut vraiment se démarquer et être des leaders dans l’industrie. On veut aussi avoir du plaisir à le faire, parce que pour nous, c’est vraiment important de garder le plaisir au travail, c’est au centre de ce que nous sommes, c’est notre ADN », avance Valérie Laganière.

Si Groupe C. Laganière a le vent dans les voiles, c’est aussi le cas pour d’autres joueurs d’envergure dans l’est de Montréal qui évoluent dans les services de réhabilitation environnementale. La compétition est forte avec des voisins comme Englobe et SANEXEN, pour ne nommer que celles-ci. Mais cela ne semble pas inquiéter la jeune gestionnaire. « C’est vrai, il y a beaucoup de joueurs dans l’est. On voit par ailleurs beaucoup de consolidation dans le marché actuellement. Mais je pense qu’on est aussi moins dans un monde de confrontation ou de polarisation qu’avant. On travaille maintenant beaucoup plus en synergie et nos compétiteurs sont souvent aujourd’hui nos partenaires d’une certaine façon, parce que nous avons tous des forces complémentaires. Plutôt que d’échapper la tarte au complet, on préfère s’assurer d’en avoir une partie, le marché est de plus en plus bâti sur ce modèle et chez nous, on trouve cela plutôt intéressant, et même pertinent. »

Quoique toujours très bien ancrée dans le marché du Grand Montréal, Groupe C. Laganière aurait entre autres des visées de développement dans l’est du Québec pour les prochaines années. « Est-ce que cela va se faire par acquisition, par croissance à l’interne, ça reste à voir. Mais ça fait partie de nos projets », conclut Valérie Laganière. La pomme n’est pas tombée loin de l’arbre, et c’est pareil pour les frères et sœurs. Il suffit d’un bref contact avec la famille pour s’en convaincre!