UNE (TRÈS) GROSSE RENTRÉE POUR LES CENTRES DE SERVICES SCOLAIRES

La rentrée en temps de pandémie est déjà un grand défi, imaginez lorsque l’on prévoyait, peu de mois auparavant, de restructurer complètement l’organigramme scolaire ! En plus de la crise reliée à la COVID-19, l’année 2020 représente la mise en place d’un nouveau modèle de gouvernance pour les écoles du Québec. EST MÉDIA Montréal a voulu en savoir plus sur comment s’organise cette nouvelle structure… organisationnelle.

Au revoir les commissaires; allo les C.A.

C’est officiel, depuis le 15 juin 2020, les commissions scolaires francophones sont maintenant des centres de services scolaires. Selon le site web du gouvernement du Québec, on explique que cette transformation vise à rapprocher la prise de décision le plus près possible des élèves et des personnes directement impliquées auprès d’eux, toujours dans leur intérêt supérieur. En résumé, on retire l’ancienne structure scolaire afin d’économiser des salaires et de la bureaucratie jugée inutile. Une décision qui n’a pas plu à tout le monde en 2019. Lire notre article à ce sujet ici.

Les principales nouveautés apportées par le plus récent modèle de gouvernance scolaire incluent, entre autres, une mise en place d’un conseil d’administration formé de parents, de membres du personnel et de membres issus de la communauté, en plus d’une attribution de nouveaux pouvoirs aux conseils d’établissement.

En ces temps incertains, il peut être effrayant de penser que tous ces changements sont survenus en pleine pandémie, mais Valérie Biron, directrice des Services corporatifs, communications et secrétariat général au Centre de services scolaires de la Pointe-de-l’Île, assure que la transition s’est bien déroulée. Dès l’adoption de la Loi 40, le 8 février 2020, les commissaires ont quitté leur poste et c’est le directeur général qui a pris le relais des fonctions du comité exécutif et du conseil des commissaires. Une structure a également été érigée afin d’assurer un suivi des décisions et un processus de consultation des directions pour conseiller le directeur général. Avant l’arrivée du nouveau coronavirus, la Loi prévoyait un conseil d’administration en fonction à partir du 15 juin. Le gouvernement a ensuite offert un délai jusqu’au 15 octobre pour trouver les candidats qui formeront les C.A. des nouveaux centres de services scolaires.

Remplacer des salariés par des bénévoles

Une décision qui a été très controversée dans le cadre de l’adoption de cette Loi a été de remplacer des commissaires payés par des membres bénévoles. C’était déjà difficile d’intéresser les gens à la politique scolaire, la population sera-t-elle au rendez-vous maintenant pour participer bénévolement à un conseil d’administration? « On le souhaite! On va lancer une campagne sur Facebook, le gouvernement aussi lancera une campagne pour inciter les gens à s’impliquer dans la gouvernance scolaire. C’est sûr que le processus est moins strict qu’une élection scolaire. Nous avons un processus à l’interne, via lequel on sollicitera les candidatures de la communauté » explique Valérie Biron. Dans la Loi, cinq membres du personnel scolaire, cinq parents et cinq autres personnes issues de la communauté aux profils intéressants pour une gouvernance scolaire seront recherchées. Les personnes de la communauté désirant s’impliquer doivent détenir certaines compétences spécifiques, comme une expérience dans le domaine de la gouvernance, des ressources humaines, des ressources matérielles, etc. Les candidats seront choisis par le comité de parents et les membres du personnel.

La Loi prévoit un minimum de quatre rencontres par année. Donc, on ne parle pas ici d’un emploi à temps plein, mais cette implication demandera quand même plusieurs heures de travail pour lire des dossiers et participer aux réunions. « On va aussi trouver des façons d’accommoder les gens pour avoir une belle participation auprès de nos membres » complète la directrice.

Mais, quatre à six rencontres par année, est-ce suffisant pour « gouverner » une institution scolaire? « Le C.A. aura comme rôle d’adopter les grandes orientations, le plan d’engagement vers la réussite, le budget, etc. Par la suite, le directeur général veillera à ce que les actions qui seront prises tiennent compte de ces grandes orientations » ajoute-elle.

En 2019, l’ex-commissaire à la Commission scolaire de Montréal, Diane Beaudet, avait mentionné à EST MÉDIA Montréal qu’un des rôles importants d’un commissaire était d’être le principal lien entre les parents et les directions d’écoles. Dans le nouveau système, quand un parent voudra parler à une autre instance que la direction d’école de son enfant, à qui pourra-t-il s’adresser? Devra-t-il téléphoner à des bénévoles qui seront en fonction seulement quelques jours par année? « Nous avons des directeurs de réseaux, répond Valérie Biron, qui exerce aussi des fonctions d’avocate au Centre de services scolaires de la Pointe-de-l’Île. Ce sont en fait les directeurs des directeurs d’école, répartis par réseaux géographiques. Ces trois directeurs recevront les plaintes des parents insatisfaits de la gestion dans les écoles. Si les parents sont encore mécontents à la suite de leur décision, je suis responsable de prendre ces plaintes en charge et de vérifier ce qui a été fait à l’interne au niveau de ces deux paliers, puis, de trancher. Si jamais les parents sont une fois de plus insatisfaits, ils peuvent contacter le Protecteur de l’élève. Et dans certains cas, au lieu de se tourner vers le responsable des plaintes, il y a toujours le comité de révision de décision. Ce comité fera une recommandation au C.A. qui tranchera par la suite », explique-t-elle. Bref, il semble qu’il y aura beaucoup de portes à aller cogner si jamais un problème venait à survenir. Mais, comme on dit, laissons la chance au coureur.


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