Élèves du Centre de formation des métiers de l’acier (photo courtoisie CSSPI)

FORMATION PROFESSIONNELLE : DES METIERS EN FORTE DEMANDE

Les centres de formation professionnelle préparent, au travers de diplômes d’études professionnelles (DEP), des jeunes à des métiers qui sont pour la plupart actuellement en pénurie de main-d’œuvre. Ils peinent cependant à combler leurs cohortes, malgré des taux de placement en entreprise exceptionnels.

Les spécialités enseignées font pourtant partie de notre quotidien, comme lorsque nous nous rendons chez le coiffeur, l’esthéticienne, au restaurant, visiter un ainé ou encore quand nous faisons entretenir notre jardin ou croisons des travailleurs sur un chantier.

Des métiers dévalorisés

« Les élèves du secondaire n’entendent pas assez parler de ces métiers. Le chemin pour y arriver est souvent subi par le jeune. Or les taux de placement sont excellents », indique Pierre Lamoureux, directeur du Centre de services aux entreprises, au sein du Centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île (CSSPI).

En effet, les diplômés rencontrent rarement des difficultés pour trouver un emploi. Le site internet trouvetonmetier.com parle de 100 % de taux de placement pour un chaudronnier, 95 % pour un technicien en maintenance industrielle, 90 % pour un carrossier, un électricien, un plombier ou un mécanicien, 85 % pour un boucher, charpentier, peintre, élagueur, technicien en métallurgie, monteur de charpentes métalliques ou une infirmière auxiliaire, ou encore 80 % pour un aide de maintien à domicile.

Les étudiants au DEP sont en majorité dans le début de la vingtaine ou ont moins de 2o ans. Ils s’inscrivent en grande partie, encore aujourd’hui, après avoir raté leurs études supérieures ou vécu une fin de secondaire compliquée.

« Très peu de jeunes âgés de 16 ans font le saut direct entre le secondaire 4 et le DEP, déplore M. Lamoureux. Les métiers techniques ne sont pas assez valorisés au Québec et au Canada, contrairement à des pays comme l’Allemagne, le Danemark ou dans certaines régions françaises. Ils ne sont que 5 % à vouloir s’orienter vers une formation professionnelle. Mais ces 5 %, il nous faut absolument les rejoindre. »

Selon le directeur, les parents présentent parfois un obstacle, car ils ne veulent pas que leur enfant suive un DEP, mais souhaitent plutôt qu’il se dirige vers le cégep puis l’université, afin qu’il « devienne astronaute, avocat ou médecin », dit-il avec une pointe d’humour. Néanmoins, il précise que lorsque les parents décident de se déplacer dans un centre de formation professionnelle avec leur enfant pour s’informer, un grand pas est alors fait.

Des atouts

« Les centres de formation sont très bien équipés, comme en mécanique avec des garages ressemblant à ceux des professionnels, ou en construction avec la reconstitution de contextes de formation très réalistes », précise par ailleurs Pierre Lamoureux.

La technologie de pointe est de plus en plus présente et peut aussi attirer les jeunes. On retrouve de plus en plus de composantes électroniques de haut niveau en usinage et en automobile par exemple, alors que les métiers évoluent à vitesse grand V pour s’adapter à cette réalité.

Le programme « Élève d’un jour » du CSSPI est un outil intéressant également pour intéresser les jeunes à la formation professionnelle. Il permet d’expérimenter un ou plusieurs métiers dans un centre de formation et de confirmer, ou non, l’attrait pour ces formations. « Le jeune peut voir la réalité de l’apprentissage, l’environnement, les infrastructures, comment la formation est planifiée, organisée, structurée. C’est une excellente façon de voir si cela l’intéresse réellement »

Lors d’activités de valorisation, les centres de formation peuvent aussi se rendre dans les écoles secondaires avec des équipements pour réaliser des démonstrations et interagir avec les jeunes. Cela permet à certains de se découvrir un intérêt pour des métiers auxquels ils n’avaient pas encore pensé.

Des élèves de l’École hôtelière de Montréal Calixa-Lavallée (photo courtoisie CSSPI-Crédit Mario Desroches)

Des adaptations et de belles réussites

Le DEP en Vente conseil semble peu attractif, du moins de prime abord. C’est pourquoi on l’appelle maintenant Formation en vente-conseil automobile, au Centre Anjou. Tout a été mis en œuvre pour favoriser son attractivité, comme la location d’un bus qui se rend chez des concessionnaires ou la simulation grandeur nature d’une vente privée de véhicules. Un concessionnaire de voitures de prestige engage depuis les élèves du cursus. « Nous avons monté cinq cohortes en deux ans au Centre Anjou, un grand succès. Un jour, un parent est venu avec son fils et n’était pas convaincu. Il a vu son enfant se réaliser et s’épanouir avec un salaire de 75 000 $ à sa première année, et a fini lui-même par s’inscrire ! », raconte M. Lamoureux.

Les formations en coiffure et en esthétique, avec les magnifiques installations du Centre Antoine-de-St-Exupéry, peinent aussi à combler les cohortes. Une formation de cosméticienne en vente-conseil de 900 heures a été montée. « Cette formation a pour but d’avoir de la crédibilité face aux clients des rayons cosmétiques, comme de savoir expliquer ce qu’est le beurre de karité, la glycérine, la différence entre un lait, une mousse et une émulation, par exemple. »

Des nouvelles formations à venir dans l’est

Délivrés par le ministère de l’Éducation, peu de nouveaux DEP voient le jour, alors que plusieurs attestations d’études professionnelles (AEP), formations de courte durée sous l’égide de la Fédération des centres de services scolaire du Québec, apparaissent, comme Mécanique de véhicules électriques, par exemple, créée en 2022.

Pour l’AEP Mécanique de vélo, elle va bientôt être offerte dans un centre de formation du CSSPI. « On parle de mobilité, de transports écologiques. On voit de plus en plus de vélos, de pistes cyclables et de vélos électriques, cela va certainement intéresser les jeunes », pense Pierre Lamoureux.

Voici des exemples de métiers en demande ainsi que les centres du CSSPI qui offrent les formations qui y sont reliées :

  • Cosméticienne vente-conseil (Centre de services aux entreprises Pointe-de-l’Île)
  • Vente-conseil automobile (Centre Anjou)
  • Mécanicien automobile (Centre Daniel-Johnson)
  • Technique d’usinage (Centre Anjou)
  • Opérateurs d’équipements de production (Centre Anjou)
  • Commis à la comptabilité (Centre Daniel-Johnson)
  • Infographiste (Centre Calixa-Lavallée)
  • Esthéticienne (Centre Antoine-de-St-Exupéry)
  • Coiffeuse (Centre Antoine-de-St-Exupéry)
  • Chaudronnier (Centre de formation des métiers de l’acier)
  • Boulanger (École hôtelière de Montréal Calixa-Lavallée)
  • Montage structural et architectural (Centre de formation des métiers de l’acier)
  • Plomberie-chauffage (Centre Daniel-Johnson)
  • Secrétaire juridique (Centre Daniel-Johnson)
  • Préposé aux bénéficiaires (Centre Antoine-de-St-Exupéry)
  • Machiniste sur machine CNC (Centre Anjou)
  • Infirmière auxiliaire (Centre Antoine-de-St-Exupéry)
  • Électromécanicien (Centre Antoine-de-St-Exupéry)
  • Éducatrice de la petite enfance (Centre Anjou)
  • Cuisinier (École hôtelière de Montréal Calixa-Lavallée)
  • Boucher (École hôtelière de Montréal Calixa-Lavallée)
  • Aide de maintien à domicile (Centre Antoine-de-St-Exupéry)

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