En cette période où le confinement et la distanciation sociale sont plus que fortement recommandés, et même imposés pour la majorité de la population. En ces temps où seuls les services essentiels devraient être appelés à poursuivre leurs activités, alors que le Québec se serre les coudes, adapte son quotidien et le mot solidarité prend tout son sens. En cette période d’incertitude économique pour tous, particulièrement pour les petits commerçants de quartier, il y en a de ceux-ci qui se démarquent, dans l’ombre, en priorisant avant tout la santé de leurs employés et de leurs clients, avant celle de leur chiffre d’affaires.

C’est le cas, parmi bien d’autres qui mériteraient certainement tout autant d’attention, du fleuriste Dames D’Alcantara, situé rue Sherbrooke dans le quartier Mercier. Si le commerce ne fait évidemment pas partie de la liste des services essentiels, et que sa boutique doit donc être fermée au public, rien ne lui interdit par contre, selon les règles actuelles, de poursuivre ses activités commerciales via sa  boutique en ligne, qui existe depuis 18 ans, et son service de livraison. Toutefois, au contraire de quelques commerçants qui ont fait les manchettes ces derniers jours, la propriétaire de Dames D’Alcantara, Dany D’Alcantara-Gaudet, a décidé de suspendre temporairement toutes les activités de l’entreprise, même en cette journée d’or pur que s’avère Pâques (le printemps est en fait la saison la plus lucrative de l’année pour les fleuristes).

« Pour moi c’est clair que des fleurs, même si bien sûr, ça peut faire du bien au moral, ce n’est pas un service essentiel. Quand on demande à toute la population de faire d’immenses efforts pour se confiner autant que faire se peut, d’éviter les contacts inutiles, je me vois mal de demander à mes employés de continuer à se rendre à la boutique pour préparer des commandes en ligne et d’envoyer des livreurs chez des gens. Je pense que comme tout le monde, on doit faire l’effort de rester à la maison, même si c’est difficile sur le portefeuille », affirme la femme d’affaires, que nous avons contacté cette semaine par téléphone.

Mme D’Alcantara-Gaudet se questionne également sur la grande latitude laissée actuellement aux commerces en ligne, alors que les magasins doivent eux être fermés pour des raisons évidentes. « Je pense que c’est jouer sur les mots que de dire, par exemple, que livrer des fleurs en ce moment peut aider des gens, et que la loi le permet si la transaction se fait en ligne. En plus, je suis vraiment loin d’être convaincue que quelques commandes en ligne peuvent faire une différence significative pour la santé financière d’un fleuriste ou d’un commerce de détails qui habituellement génère la majorité de ses ventes en magasin. Moi, la question que je me pose, c’est à quel prix on peut mettre des gens à risque. Pour un bouquet de fleurs? Je ne pense pas », clame-t-elle.

Dany D’Alcantara-Gaudet. (Photo tirée du site culturemhm.com).

Est-ce que Dames D’Alcantara serait alors mieux nanti que d’autres pour faire face aux difficultés financières que cause la crise actuelle? « Vraiment pas. Mes employés et moi devons comme bien des gens demander le Programme d’aide d’urgence du fédéral (PCU), et je devrai certainement faire une demande de prêt pour aider à renflouer le fond de roulement. Encore une fois, je pense qu’il faut en ce moment penser collectivement, et que c’est en faisant chacun des efforts que nous nous en sortirons mieux et plus vite, tout simplement », soutient Mme D’Alcantara-Gaudet.

Nouvel emplacement

Situé actuellement au 5714, rue Sherbrooke Est, coin Dickson, Dames D’Alcantara s’apprête à déménager plus à l’est, avons-nous par ailleurs appris, à la hauteur du Repos Saint-François d’Assise, toujours rue Sherbrooke, mais cette fois dans un condo commercial. « Pour la première fois, je serai dans un local qui m’appartient, et ça m’excite vraiment! Je suis à finaliser l’achat de l’espace commercial, une nouvelle construction, dont nous avions prévu prendre possession cet été, mais là je crois que le déménagement sera plutôt à l’automne avec tout ce qui se passe en ce moment », explique la femme d’affaires. La prochaine boutique devrait arborer un look moderne laissant place à un amalgame de matériaux brut tels que le bois, le béton et l’acier « où les clients retrouveront du premier coup d’œil le style et le côté chaleureux de Dames D’Alcantara », ajoute-t-elle.

Pour ceux qui s’en doutaient, Dany D’Alcantara-Gaudet est bien sûr la fière descendante de l’illustre famille de fleuristes D’Alcantara, établie dans l’Est de Montréal depuis maintenant plus de 100 ans. Si vous désirez en savoir davantage sur l’histoire fascinante de cette famille d’origine espagnole, nous vous invitons à lire cette section du site de Dames D’Alcantara, en attendant un reportage complet à ce sujet dans un dossier spécial d’EST MÉDIA Montréal à paraître au mois d’octobre 2020. À suivre!