FINANCEMENT DE L’ÉCONOMIE SOCIALE : UN COUP DE POUCE POUR DE NOMBREUX ORGANISMES DE L’EST
La Ville de Montréal a annoncé des financements supplémentaires pour soutenir l’économie sociale au cours des deux prochaines années, des montants dont pourront notamment profiter plusieurs organismes de l’est. Les fonds alloués serviront à soutenir la croissance des entreprises d’économie sociale, ainsi qu’à fournir une aide pour les besoins immobiliers, et ce, face à la rareté des locaux abordables pour les organismes à but non lucratif (OBNL).
L’administration de la mairesse Valérie Plante a récemment présenté deux programmes renouvelés en ce sens, qui représentent 18,5 M$ d’investissements à ce jour.
La Ville a souhaité tout d’abord soutenir le développement et la croissance des entreprises d’économie sociale grâce à son programme Changer d’échelle en économie sociale. Plusieurs entreprises, dont la plupart se trouvent dans l’est, se sont ainsi vu remettre des chèques de 200 000 $. Gérer son quartier, Cyclo Chrome inc., la Corporation Mainbourg, Insertech Angus et le Répit-Ressource de l’Est de Montréal figurent parmi les bénéficiaires de ces financements.
Le programme vise à augmenter l’impact et les retombées des entreprises d’économie sociale sur la communauté, sur les plans social, structurel, économique, culturel ou environnemental. « Cela permet d’aider des entreprises d’économie sociale qui vont bien à passer à la prochaine étape de leur développement des affaires », illustre Alia Hassan-Cournol, conseillère associée au développement économique, au commerce et au design au comité exécutif de la Ville de Montréal. Au total, les différentes éditions du programme, incluant l’édition 2024, totalisent un investissement de 2 M$ pour soutenir la croissance des entreprises d’économie sociale.
Pour la Corporation Mainbourg, une entreprise d’économie sociale propriétaire et gestionnaire d’immeubles qui a réalisé ses premiers projets à Pointe-aux-Trembles, l’argent accordé par la Ville permettra une mise à l’échelle de ses opérations afin de « faire passer le nombre de logements qu’on a actuellement de 1 200 unités à 4 500 unités sur un horizon de 10 ans ».
« L’idée, c’est d’avoir une croissance soutenue, mais qui ne déstabilise pas l’organisation. L’argent qu’on obtient, c’est pour soutenir les dimensions stratégiques de cette croissance-là, en commençant par nos ressources humaines », explique Mathieu Riendeau, directeur du développement immobilier.
Une importante croissance est aussi anticipée chez Répit-Ressource de l’Est de Montréal, qui a reçu un coup de pouce de la Ville. L’OBNL a pour mission d’offrir des services à domicile à toute la population adulte de l’est de Montréal. « En ce moment, on dessert peut-être 4 100 usagers sur une base régulière et on a 200 employés qui se promènent au domicile des gens pour les aider. Si on regarde la tendance démographique, avec le vieillissement de la population et avec une forte croissance de la population des aînés, pour répondre à leurs besoins, il faudrait carrément doubler notre présence dans l’est », soutient Judy Bambach, directrice générale de Répit-Ressource de l’Est de Montréal.
Son objectif est de faire passer l’entreprise de 200 à 600 employés, et d’élargir sa clientèle, la faisant passer de 4 100 à 12 500 usagers. Il s’agit d’un projet totalisant 7,5 M$ pour structurer cette future offre de services qui est mis en branle et que vient ainsi soutenir Montréal par l’entremise de son programme.
Enfin, chez Insertech Angus, une entreprise d’insertion à but non lucratif qui oeuvre dans le domaine de la récupération de matériel informatique, la subvention de 200 000 $ donnera un élan à son projet de premier établissement satellite à Montréal-Nord. « Cet argent nous permettra dans un premier temps d’intensifier la mobilisation des organismes et de la communauté [de Montréal-Nord], donc de créer davantage de liens avec la population et d’organiser aussi différentes activités », affirme Marie-France Bellemare, directrice générale d’Insertech Angus.
Ce projet d’espace satellite viendra répondre à des enjeux d’accessibilité pour plusieurs participants au programme d’insertion de l’entreprise établie dans le quartier Angus, pour qui le trajet entre Montréal-Nord et Rosemont est parfois long, surtout en transport en commun. Le projet, qui sera lancé cet hiver, pourrait à terme répondre à des enjeux de « décrochage scolaire et de chômage, mais aussi d’accessibilité à du matériel informatique », soutient Mme Bellemare.
Acheter, construire et rénover des locaux
Depuis 2020, un autre programme, Accélérer l’investissement durable – Économie sociale, a déjà permis l’octroi de 13,5 M$ pour soutenir 97 projets immobiliers. Cette aide financière vise à soutenir les entreprises d’économie sociale dans leur acquisition d’immeubles, ou à construire, rénover ou agrandir des bâtiments qu’ils occupent.
À partir de janvier 2025, Montréal rouvre ce programme pour une période de deux ans. Avec une enveloppe supplémentaire de 3 M$, incluant un montant résiduel de 1,25 M$ du programme initial et un investissement de 1,75 M$ supplémentaire accordé par la Ville, cette subvention représente des enveloppes pouvant atteindre 400 000 $ par projet.
Parmi les projets notables financés par ce programme dans les dernières années se trouvent les travaux aux cinémas du Parc et Beaubien, le projet immobilier du Centre LGBTQ+ de Montréal et celui de Lespacemaker, ainsi que plusieurs projets de l’entreprise d’économie sociale et circulaire Renaissance.
Le programme sera ouvert à partir du 6 janvier 2025. Les entreprises d’économie sociale auront jusqu’au 4 octobre pour soumettre une demande d’admissibilité pour la réalisation de travaux, jusqu’au 31 décembre 2025 pour procéder aux acquisitions de bâtiments et jusqu’au 31 décembre 2027 pour réaliser des travaux de rénovation.