L’hôtel de ville de Montréal (Emmanuel Delacour/EMM)

FINANCEMENT DES ARRONDISSEMENTS : L’EST PERD-IL AU CHANGE?

L’inflation et la hausse des coûts de rémunération mettent à mal les finances des arrondissements de l’est, alors que les transferts qui leur sont octroyés par la Ville de Montréal ne sont pas à la hauteur des attentes de certains élus. La mairesse de Montréal-Nord et le maire de Saint-Léonard dénoncent les politiques fiscales de l’administration Plante et craignent de devoir couper dans leurs services offerts aux citoyens ou « d’augmenter considérablement leurs taxes locales ».

« Le manque de financement récurrent de la ville centre force malheureusement l’arrondissement de Montréal-Nord à faire des choix déchirants. Nous aurions souhaité que les transferts centraux soient indexés selon l’inflation, avec un minimum de 2 % », souligne Christine Black, mairesse de l’arrondissement de Montréal-Nord pour le parti Ensemble Montréal, dans une déclaration par courriel.

La mairesse de Montréal-Nord, Christine Black (Denis Beaumont/EMM)

De plus, celle-ci demande à l’administration de Projet Montréal de fournir à l’arrondissement une compensation financière afin d’absorber la hausse salariale annuelle incluse dans les nouvelles conventions collectives qui sont de l’ordre de 2 % à 3 %. La masse salariale des employés de Montréal-Nord représente 78 % de l’ensemble des dépenses pour 2025, selon les informations transmises par Ensemble Montréal.

« Ce n’est pas de gaieté de cœur que l’on se voit forcer de prendre des décisions difficiles. Je pense entre autres à la réduction des heures d’activités de certaines bibliothèques la fin de semaine ou au report possible de projets de réfection de parcs et de sécurisation d’intersections », se désole Mme Black.

Michel Bissonnet, maire de Saint-Léonard (Courtoisie Ensemble Montréal)

Son homologue de Saint-Léonard, Michel Bissonnet, ajoute que le manque « de financement récurrent nous force à revoir le calendrier de réalisation de certains projets. » L’élu prend en exemple les travaux de réfection de la bibliothèque de Saint-Léonard, l’augmentation de la capacité du collecteur Langelier ou encore la construction d’un bassin de rétention dans le secteur nord-est.

Les élus d’Ensemble Montréal demandent que les transferts centraux soient augmentés pour couvrir les charges supplémentaires résultant de nouvelles conventions collectives et soient indexés annuellement à l’inflation, avec un minimum de 2 %.

Mercredi dernier, La Presse rapportait que le président du comité exécutif, Luc Rabouin, avait en partie cédé aux demandes de l’Opposition officielle, en prévoyant faire passer les transferts de la ville centre vers les arrondissements de 1 % à 1,8 % en 2025, comparativement à cette année. Ce nouveau taux serait basé sur celui de l’inflation survenue entre 2023 et 2024, d’après l’Institut de la statistique du Québec.

Selon les informations transmises par Ensemble Montréal, jusqu’à tout récemment, la Ville prévoyait fixer le taux des transferts à 1 % à Montréal-Nord et Saint-Léonard, mais des coupes liées à la revue des activités, dans des programmes de la ville centre, ainsi que dans des postes équivalents à 100 000 $ dans tous les arrondissements seraient venues faire baisser la valeur réelle desdits transferts. « Ainsi, le transfert réel de la ville centre en 2025 se situe à 0,65 % plutôt qu’à 1 % pour Saint-Léonard. Et assurément, tous les arrondissements ont reçu un transfert moindre que le 1 % annoncé », avance l’Opposition officielle dans un courriel.

Ailleurs dans l’est

Contacté par EST MÉDIA Montréal, le cabinet du maire de Rosemont–La Petite-Patrie (RPP), François Limoges, a indiqué attendre le dépôt du budget de l’arrondissement le 7 octobre prochain avant d’émettre des commentaires à ce propos.

Par ailleurs, plusieurs médias ont rapporté la semaine dernière que l’administration de RPP avait été contrainte de trouver du financement de dernière minute pour maintenir des activités dans ses deux bibliothèques, dont l’heure du conte. En effet, les établissements avaient précédemment annoncé devoir être forcés d’annuler leur programmation pour les prochains mois, faute de fonds. La mairesse de Montréal, Valérie Plante, avait alors reconnu que les arrondissements devaient faire face à des décisions pénibles en raison d’une période financière difficile que ceux-ci doivent affronter en ce moment.

Du côté du cabinet du maire de Mercier – Hochelaga-Maisonneuve, Pierre Lessard Blais on indique vouloir réserver tout commentaire pour le dépôt du budget 2025 de l’Arrondissement le 7 octobre. « L’excellente performance financière de l’arrondissement dans les dernières années est la démonstration de notre gestion responsable de nos budgets », affirme-t-on dans un courriel.

Son de cloche similaire de la part de l’équipe de Caroline Bourgeois, mairesse de Rivière-des-Prairies – Pointe-aux-Trembles (RDP-PAT). « Le 8 octobre prochain, RDP-PAT présentera son Budget 2025, qui témoigne de notre engagement à gérer les finances publiques de manière responsable tout en répondant aux besoins et aspirations de notre population. Ce budget reflétera notre détermination à maintenir les services aux citoyennes et citoyens tout en respectant leur capacité financière », souligne-t-on par courriel.

Résumé des dépenses et transferts à Montréal

Depuis 2017, les dépenses de la Ville de Montréal (l’ensemble de la ville) sont passées de 5,2 milliards à 6,9 milliards entre 2017 et 2024, soit une augmentation de 34,5 %. À la ville centre, les dépenses ont grandi de 2,4 milliards à 3,4 milliards pour la même période, une croissance de 41 %, tandis que les dépenses des arrondissements sont passées de 862 millions à 1,07 milliard de 2017 à 2024, soit une augmentation de 23,8 %. C’est entre autres cette disparité entre la croissance des dépenses de la ville centre et des arrondissements que critique l’Opposition officielle.

Pour leur part, les transferts centraux aux arrondissements sont passés de 649 millions en 2017 à 748 millions en 2024, une croissance de 15,3 %, alors que pour la même période, l’inflation dans la Région métropolitaine de Montréal a été de 27 %.