La Fiducie régionale solidaire (FRS) a pour mission d’offrir un accompagnement gratuit aux personnes éprouvant des difficultés à payer leur logement. Ce nouveau service vise à promouvoir l’inclusion financière et à garantir la stabilité résidentielle des populations vulnérables. Les grandes lignes de la FRS ont été dévoilées dans les locaux de l’organisme Pas de la rue, situé dans Mercier-Est.

Cette nouvelle initiative est le fruit d’une collaboration entre l’Accueil Bonneau et la Fédération des OSBL d’habitation de Montréal (FOHM). Chantal Desjardins, directrice générale de la FOHM, et Fiona Crossing, directrice de l’Accueil Bonneau, figuraient parmi les représentantes venues exposer le fonctionnement de la FRS. Elles ont chacune souligné l’impact des dettes liées à la consommation, au jeu, ou encore des pertes de revenus, qui empêchent de nombreux locataires de payer leur loyer à temps.

Ce nouveau programme comprend également des outils pédagogiques et des formations pour aider les usagers à devenir plus autonomes au niveau de leur gestion budgétaire. Les participants pourront, entre autres, s’initier à la littératie financière et à l’ouverture d’un compte bancaire. La FRS propose même un service de clinique d’impôt.  

Des partenaires financiers essentiels 

Pour mener à terme le projet, l’Accueil Bonneau et la FOHM ont dû se tourner vers divers partenaires financiers. La FRS se verra ainsi financée en partie par le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal pendant 4 ans à hauteur de 300 000 $ par année. « On veut non seulement sortir les gens de la rue, mais aussi les empêcher d’y retourner», a précisé dans son allocution Catherine Giroux, coordinatrice au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal. Elle a aussi rappelé l’importance d’offrir dans ce programme d’aide « des outils d’intervention psychosocialepour établir un lien de confiance avec les personnes en situation de précarité ». 

Selon Marc Picard, directeur général de la Caisse d’économie solidaire Desjardins, également partenaire financier de cette initiative, cette nouvelle fiducie cadre parfaitement avec le rôle de son institution. « Le vocabulaire a changé, mais les motivations et les valeurs restent les mêmes : justice sociale et respect de l’environnement. La Caisse est active dans les logements communautaires et développe de plus en plus de partenariats », a-t-il expliqué. 

Pour Robert Beaudry, membre du comité exécutif, responsable de l’urbanisme, de l’OCPM et de l’itinérance à la Ville de Montréal, ce projet représente un « coup de cœur personnel » et une « clef de voûte pour fermer la porte au retour à la rue ». Il a d’ailleurs lui-même dirigé l’organisme Pas dans la rue, hôte de la conférence de presse. 

M. Beaudry a commenté la crise du logement actuelle en ces termes : « On marchandise un besoin de base qui est le logement. On ne doit plus se fier à l’offre et à la demande pour maintenir l’abordabilité des logements de la métropole. »  

Ces divers partenariats permettront à la FRS de développer cinq points de service d’ici 2026.  Pour le moment, trois points de service sont ouverts dans les quartiers Centre-Sud, Montréal-Nord et Mercier-Est.  

Détresse et itinérance cachée 

Luis Carlos Cuasquer, directeur de l’organisme Pas de la rue, qui dispense depuis 27 ans des services alimentaires aux personnes vulnérables âgées de 55 ans et plus, a souligné l’importance de l’arrivée de ce nouveau service dans l’est de Montréal.

En entrevue avec EST MÉDIA Montréal, M. Cuasquer a exprimé ses préoccupations croissantes pour le quartier Mercier-Est : « On voit la détresse des personnes qui viennent chercher du soutien psychosocial dans le centre avec nos intervenants. C’est quelque chose qui nous inquiète beaucoup dans l’est de la ville. » 

Il voit aussi la clientèle s’élargir. « Il y a un changement au niveau de la précarité, de la solitude de vie. On le voit aussi avec la rue Notre-Dame et les personnes dans les campements. Ce sont des gens qui s’approchent de plus en plus de nos services. », explique-t-il.

Sa collègue Cloé Gauthier, directrice adjointe pour l’organisme Pas de la rue, observe quant à elle une hausse de l’itinérance cachée dans le quartier. « On parle d’une personne qui n’a pas de logement, mais qui va passer une semaine dans sa voiture. Puis après, elle va aller les 3 jours en refuge. Et après, elle va dormir 2 semaines sur le canapé d’un ami », illustre-t-elle. 

Les personnes intéressées pourront s’inscrire au service de la Fiducie régionale solidaire en s’adressant à un centre de service de la Fédération des OSBL d’habitation de Montréal ou auprès de l’Accueil Bonneau.