
Linda Blouin, fondatrice des Fées Marraines (Courtoisie)
13 avril 2025LES FÉES MARRAINES : UN BAL DE FINISSANTS MAGIQUE POUR TOUS
Pour une dixième année consécutive, des bénévoles s’apprêtent à enfiler leur costume de fées marraines pour offrir gratuitement leur soutien à des élèves de cinquième secondaire qui se préparent à célébrer leur bal de finissants. Voilà le vœu formulé et exaucé depuis une décennie par Linda Blouin et son organisme Fées Marraines, celui d’offrir à des jeunes en difficulté des vêtements de soirée dignes de ce nom afin de permettre, à tous ceux qui le souhaitent, de participer à cet événement significatif.
Enseignante d’anglais langue seconde à l’école Antoine-de-St-Exupéry, dans l’arrondissement de Saint-Léonard, Linda Blouin s’implique depuis longtemps dans l’activité du bal des finissants. « C’est un rite de passage, comme il en reste peu aujourd’hui. Le bal des finissants en secondaire cinq, c’est marquant, c’est important », soutient la fondatrice des Fées Marraines.

Linda Blouin, fondatrice des Fées Marraines (Courtoisie)
Même si, à l’époque, le portrait socio-démographique de l’école léonardoise est bien différent de celui d’aujourd’hui, l’enseignante a vent que certains élèves ne peuvent pas participer au bal pour des raisons financières. Elle se met alors à leur offrir des billets pour accéder à la soirée. Néanmoins, des jeunes restent dans l’impasse, puisque certains ne possèdent pas les vêtements appropriés. Mme Blouin contacte alors son entourage et trouve quelques robes à donner à aux jeunes filles dans le besoin.
Un bon matin, elle partage en classe son rêve de pouvoir permettre à tous les jeunes qui le souhaitent, sans discrimination, de participer à leur bal de finissants. L’année scolaire se termine, l’été puis l’automne passent et, à l’hiver, une de ses anciennes élèves cogne à sa porte, sa propre robe de bal en main : « Alors, on le fait, ce projet? », dit-elle à Linda Blouin, tout sourire. Les Fées Marraines étaient nées.
Bal et persévérance scolaire
Aujourd’hui retraitée, Mme Blouin et ses petites fées accueillent donc chaque printemps des centaines d’élèves de cinquième secondaire lors de ce qu’elle appelle les journées-boutiques. Un véritable tapis rouge y est déroulé pour ces jeunes, chacun étant accueilli par deux bénévoles et choyé tout au long de l’expérience, alors qu’il ou elle choisit la robe ou l’habit de ses rêves parmi une sélection soigneusement présentée. Chaussures, sac à main, bijoux, trousse de maquillage, bas collants, ceinture, chemise ou cravate : tout est fourni afin de compléter l’ensemble.
Pour avoir droit à ce service quasi royal, les jeunes doivent remplir un formulaire en ligne qui doit contenir une lettre de motivation d’une centaine de mots, expliquant pour quelles raisons ils ou elles souhaitent participer au programme des Fées Marraines. Un adulte doit également soutenir leur candidature, que ce soit un enseignant de leur école, un animateur de leur maison de jeunes ou encore un intervenant de leur centre jeunesse, par exemple.
Avec les années, Linda Blouin s’est bâti un grand réseau de contacts, à travers l’est de la métropole au départ et aujourd’hui dans tout le Grand Montréal, en collaboration avec 24 centres de services scolaires. « Le démarchage est une partie essentielle de mon travail. Je prends le temps de développer des relations de confiance avec chaque nouvelle personne impliquée dans le processus pour assurer une bonne compréhension de la mission de l’organisme et des critères d’admission des jeunes », explique la fondatrice.
Les élèves soutenus proviennent souvent de contextes difficiles. Plusieurs causes peuvent expliquer leurs défis : familles monoparentales, immigration récente, parcours dans le système de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ). Ces obstacles affectent souvent leur trajectoire scolaire, limitant leur participation à des événements importants comme le bal de fin d’année, et impactant aussi leur réussite académique. « Cet événement symbolise la réussite de leurs efforts scolaires sur plusieurs années. En permettant à ces jeunes d’y participer, nous enlevons une certaine pression financière, certes, mais nous encourageons aussi la persévérance scolaire car les enseignants nous font souvent remarquer que ça les motive à se présenter en classe de savoir qu’ils pourront participer au bal. »

Les bénévoles des Fées Marraines lors d’une journée-boutique (Courtoisie)
L’histoire de Shirin
Durant son parcours au sein des Fées Marraines, Linda Blouin a connu plusieurs belles histoires, dont celle de Shirin, une de ses élèves qui a traversé plusieurs épreuves sur le plan personnel. La jeune femme vivait dans un environnement familial difficile et manquait fréquemment l’école, devant travailler pour subvenir aux besoins de sa famille. Arrivée vers la fin de son secondaire, elle a formulé une demande et a pu bénéficier du soutien des Fées Marraines pour son bal.
Très performante en classe malgré ses absences, Shirin a néanmoins rencontré d’autres obstacles lors de ses études postsecondaires à cause de son statut d’immigrante non régularisée, notamment. « Je me souviens de mes discussions avec elle, elle me confiait son désir de continuer ses études », se remémore Linda Blouin. Finalement, grâce à un programme de soutien, Shirin a pu suivre des cours de langues. En 2024, elle a été sélectionnée pour un programme en Allemagne et a poursuivi son cheminement en Italie dans le cadre du programme Erasmus. « Le tout illustre l’impact de notre soutien et l’importance d’encourager les jeunes à poursuivre leurs rêves malgré les obstacles », souligne la fondatrice de l’organisme.

Une jeune choisit sa robe (Courtoisie)
Un avenir incertain
Dix ans, 2 000 bénévoles et 3 000 robes plus tard, l’impact des Fées Marraines est palpable et le nombre de bénéficiaires, croissant. Le grand public fait preuve d’une grande générosité en offrant des vêtements à l’organisme.
Profitant depuis huit ans d’un local au sein de la succursale Renaissance de Montréal-Nord, il y reçoit ses dons. « La collecte de robes de soirée est relativement simple, car beaucoup ont des tenues en bon état qui trainent. Pour les vêtements plus spécifiques, comme des costumes pour garçons, la collecte reste plus difficile », explique Linda Blouin. Heureusement, cette dernière a développé un partenariat avec Angomode, une compagnie qui lui fait cadeau de 250 habits.
Soutenant aussi la persévérance scolaire, l’organisme participe à la distribution de bourses d’études. En plus des partenariats qui leur permettent de faire profiter les jeunes bénéficiaires de différents produits, les Fées Marraines doivent donc travailler à lever des fonds. Linda Blouin aimerait pouvoir assurer une permanence à l’organisme en embauchant des employés, ce qui permettrait du même coup d’assurer une relève. « On est vraiment efficace dans ce qu’on fait, notamment dans le développement de partenariats, mais il n’empêche qu’on est tous bénévoles et que l’argent reste le nerf de la guerre », se désole Linda Blouin.
En attendant de lever toujours plus de fonds, près de 200 garçons et de 300 filles sont déjà en liste afin de participer cette année aux journées-boutiques et d’ainsi devenir le plus beau et la plus belle du bal grâce à leurs Fées Marraines.
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Journées-boutiques HABITS : 13 avril 2025
Journées-boutiques ROBES : 26 et 27 avril 2025
Site web des Fées Marraines : feesmarraines.ca