La qualité de l’eau de la rivière des Prairies demande une attention particulière (photo : Habiter Montréal).

L’ÉTAT DE LA QUALITÉ DE L’EAU DANS L’EST DE MONTRÉAL : UN DÉFI PERPÉTUEL

 

Selon le bilan environnemental sur la qualité des plans d’eau à Montréal, disponible pour tous les citoyens sur le site web de la Ville, 2019 a été une excellente année concernant la qualité des cours d’eau montréalais. Plus de 80% des stations d’analyse de l’eau ont été certifiées QUALO autour de l’île. Malgré cette année exceptionnelle, plusieurs stations dans l’Est de Montréal n’ont pas obtenu d’aussi bonnes notes. Spécialement dans le secteur de la rivière des Prairies, la qualité bactériologique de l’eau reste un enjeu majeur.

QUALO?

Pour évaluer la qualité de l’eau entourant l’île, la ville s’est dotée d’un programme d’échantillonnage de la qualité bactériologique de l’eau en rive, intitulé QUALO. La ville analyse l’eau de 103 stations, sélectionnées en fonction des sites d’intérêt faunique, des usages récréatifs en rive, des égouts pluviaux et des ruisseaux. En 2019, ces stations ont été échantillonnées du 27 mai au 10 octobre, soit sur une période de 20 semaines.

Comme on peut le lire dans le bilan, depuis 1999, l’ensemble des résultats du programme QUALO indique que la qualité bactériologique de l’eau en rive est très influencée par les précipitations. Si des échantillons sont prélevés dans les heures suivant de fortes pluies, ils vont mettre en évidence la détérioration de la qualité des eaux de surface par les eaux de ruissellement qui alimentent les égouts.

Le fleuve à la hauteur de la Promenade Bellerive (photos : EMM).

Durant la saison d’échantillonnage de 2019, le Québec a connu des précipitations sous la moyenne. Donc, contrairement à l’année 2018 où le niveau de précipitations avait été très élevé et que les résultats illustraient une qualité particulièrement mauvaise dans l’est de Montréal, l’année 2019 démontre une amélioration dans plusieurs secteurs, notamment pour Pointes aux trembles et Montréal-Est.

La rivière des Prairies, cette mal-aimée

Il y a un cours d’eau qui, malheureusement, peu importe l’année exceptionnelle qu’il connaîtra, demeurera toujours un risque pour ceux et celles qui tenteront de s’y aventurer : la rivière des Prairies. Selon Ariane Cimon-Fortier, directrice adjointe à la concertation pour le comité Zip Jacques-Cartier, un organisme ayant pour mission la protection des rives du Saint-Laurent, il existe plusieurs raisons qui expliquent pourquoi cette rive n’obtient que très rarement la note de passage. Premièrement, la station d’épuration de l’île de Montréal vit plusieurs défis, notamment un engorgement récurrent de son réseau de canalisation. Lors de pluies diluviennes, l’eau de la pluie qui ruisselle de l’asphalte jusqu’aux égouts engorge le système qui reçoit également les eaux usées domestiques des maisons. Quand le réseau est trop plein, les eaux non traitées débordent dans le fleuve et dans la rivière des Prairies. « Il y a également des maisons qui peuvent être mal raccordées, explique Ariane Comier-Fortier. La canalisation des eaux usées domestiques peut être, par erreur, raccordée à la tuyauterie qui amène les eaux pluviales dans le fleuve. » Et boum, les résidus flottant de notre cuvette, en plus des restes de nos produits nettoyants, se retrouvent instantanément dans la rivière, sans passer par la station d’épuration. Un problème qui peut être réglé par un dépistage à la Ville de Montréal.

La qualité de l’eau : une responsabilité de tous

Les citoyens peuvent toutefois collaborer à l’amélioration de la qualité de l’eau. Premièrement, diminuer son utilisation de l’eau peut aider, d’une façon collective, à réduire les débordements dans le système et ainsi, limiter la quantité d’eaux usées qui se déversent dans le Fleuve. De plus, d’investir dans une ruelle verte, d’opter pour une cour en gazon plutôt qu’en asphalte ou d’aménager des platebandes devant notre maison sont des solutions toutes simples et intéressantes pour désengorger le réseau. Et finalement, d’éviter de jeter par terre nos déchets pour ne pas qu’ils se retrouvent dans le système d’égout ou encore, de s’abstenir de jeter nos produits d’hygiènes dans les toilettes peut aussi influencer la qualité de l’eau qui nous entoure.

« On veut des plages! »

Croyez-le ou non, selon Ariane Cimon-Fortier, exiger des plages à notre municipalité pourrait contribuer à améliorer la qualité de l’eau dans l’est de Montréal! Ce genre de demande peut devenir un réel moteur pour inciter nos décideurs à corriger des problèmes reliés aux cours d’eau.  « C’est un combat qui vaut la peine d’être fait. (…) À la Plage de l’Est, la qualité de l’eau n’était pas toujours extra, mais le site était super. Et c’est le désir des citoyens et les besoins exprimés qui ont fait en sorte que ce projet-là va se réaliser. » Le gouvernement du Québec a donné un montant d’argent à l’arrondissement pour qu’il puisse aller de l’avant avec la décontamination du sol de la plage. Cette décontamination permettra aux citoyens de se baigner dans l’eau en toute sécurité.

Et la rivière des Prairies, est-ce un combat déjà perdu d’avance? « Il y a une richesse au niveau de cette rivière. Oui, il y a des problèmes de contaminants. Oui, il y a des problématiques à régler, mais il y a aussi beaucoup de vies malgré tout. Et cette valeur écologique continue de fleurir malgré la situation. Ça donne un grand indice qu’il ne faut pas lâcher le morceau. »


Le dossier spécial Environnement 2020 a été rendu possible grâce à la collaboration des partenaires suivants :