Le Jardin botanique, fleuron des attraits touristiques de l’est de Montréal (photo : EMM).

L’EST A-T-IL UN VÉRITABLE POTENTIEL RÉCRÉOTOURISTIQUE ?

Le mardi 6 avril dernier, la Chambre de commerce de l’est de Montréal a fièrement annoncé la tenue d’une réflexion sur le devenir récréotouristique de l’est de Montréal. S’ajoutent à cette étude les investissements locaux majeurs du gouvernement provincial depuis quelques années. Réussira-t-on enfin à mettre l’est sur la « map » touristique?

C’est la Chambre de commerce de l’est de Montréal (CCEM), une organisation œuvrant au développement des entreprises et organisations du territoire ainsi qu’au développement du territoire lui-même, qui est derrière l’étude en question. Ambitieuse, cette « réflexion stratégique sur le devenir récréotouristique de l’est de Montréal » compte identifier les actifs du territoire, réunir 25 acteurs issus surtout des milieux touristiques et culturels, et se terminer d’ici la fin de l’été 2021. À travers des entrevues et des consultations, la CCEM souhaite que des synergies se créent entre les acteurs du territoire en matière récréotouristique afin de consolider ce secteur et de développer une vision qui soit rassembleuse. « De quelle manière peut-on déployer des collaborations et arriver à une meilleure coordination afin d’adopter une vision porteuse pour le territoire? », se demande Christine Fréchette, présidente directrice générale de la CCEM. « C’est vraiment l’objectif qu’on s’est donné. »

Christine Fréchette, présidente directrice générale de la CCEM (photo courtoisie).

La zone étudiée ici s’étend à l’est de la rue Papineau. De nombreux attraits peuplent ce vaste secteur de Montréal. On pense d’emblée aux installations olympiques et à Espace pour la vie, mais il y a aussi les bâtiments patrimoniaux du quartier Hochelaga-Maisonneuve tels que la bibliothèque, l’ancien marché Maisonneuve ou le château Dufresne; la promenade Bellerive dans Mercier; la navette fluviale qui relie Pointe-aux-Trembles au centre-ville et qui a obtenu beaucoup de succès depuis sa création, le parcours Gouin et la Route de Champlain à Montréal-Nord, les différents parcs natures, la Plage de l’est à Pointe-aux-Trembles qui arrive bientôt…  Toutefois, l’est de la métropole et ses sites touristiques restent méconnus des citoyens n’habitant pas les quartiers et, disons-le, ont pu manquer d’amour dans les dernières décennies. « Ç’a toujours été un grand rêve que Hochelaga-Maisonneuve puisse profiter de ce qui se passe aux installations olympiques, de cette manne de touristes. Malheureusement, ç’a toujours été très difficile de trouver les bonnes solutions. Il y a eu certaines petites tentatives, mais la connexion est difficile », explique de son côté Jimmy Vigneux, directeur général de la SDC Hochelaga-Maisonneuve, représentant 325 commerces des rues Ontario et Ste-Catherine.

Cette fois, ce sera différent. Vraiment?

Effectivement, des initiatives passées n’ont pas toujours donné les résultats escomptés. Mme Fréchette croit cependant qu’un élément important peut changer la donne cette fois. « Pour la première fois, un gouvernement à Québec a priorisé la relance de l’est de Montréal. C’est un atout majeur pour le territoire parce que ça amène une ouverture pour le développement de projets », dit-elle. Plusieurs annonces animent l’actualité de l’est depuis quelque temps. La construction du SRB Pie-IX, l’amorce du prolongement de la ligne bleue et, plus récemment, le tracé du REM. Ces investissements représentent des assises intéressantes pour développer des secteurs économiques tels que le secteur récréotouristique.

Jimmy Vigneux remarque aussi le vent de changement qui souffle sur l’est et en particulier sur le quartier Hochelaga-Maisonneuve. Bars, restaurants, commerces, places publiques, parcs : le coin a beaucoup à offrir. « On est un quartier très en vogue à Montréal de par la diversité de sa communauté, son originalité, ses événements. On a le côté ultra local et le côté très authentique. » Depuis une vingtaine d’années, Hochelaga-Maisonneuve se transforme et charme de plus en plus de touristes, qui viennent s’imprégner de son ambiance particulière et profiter de ses logements Airbnb. « Mais c’est peut-être moins des personnes qui vont aller dans le secteur olympique. C’est d’autres types de voyageurs », précise-t-il.

Jimmy Vigneux, directeur général de la SDC Hochelaga-Maisonneuve (photo courtoisie).

La difficulté à laquelle se bute plus particulièrement le quartier Hochelaga-Maisonneuve, c’est effectivement de réussir à attirer jusqu’à lui les hordes de touristes venus admirer les animaux du Biodôme et les bestioles de l’Insectarium, humer les fleurs du Jardin botanique ou encore monter le mât du Stade. Car le plus souvent, les visiteurs repartent casser la croûte étancher leur soif ailleurs après leurs activités. Alors, qu’est-ce qui pourrait être fait pour faciliter l’accès aux commerces des rues Ontario et Ste-Catherine? « On avait déjà discuté de mettre sur pied un service de navette ou des taxis rapides pour les travailleurs et les touristes afin qu’ils puissent facilement venir y manger le midi. Afficher dans les différentes attractions une signalisation pour expliquer où sont les restaurants pourrait aussi être une idée. C’est un des enjeux, de faire connaitre les attraits un peu plus au sud du quartier olympique. Je pense que ça pourrait déjà être un bon départ », mentionne M. Vigneux. En attendant, la SDC Hochelaga-Maisonneuve espère que son quartier, situé à un jet de pierre du Stade, soit inclus dans la présente réflexion. « Est-ce que cette fois ce sera la bonne? On verra bien! », lance M. Vigneux.

En attendant, la Chambre de commerce de l’est de Montréal reste, quant à elle, très optimiste, entre autres grâce au recrutement de Pierre Bellerose. « On est accompagné de quelqu’un qui a une très grande et belle expertise dans le secteur récréotouristique. M. Bellerose a œuvré pendant près de 30 ans au sein de Tourisme Montréal », fait remarquer Mme Fréchette. Pour ce qui est des 25 acteurs invités à la table de réflexion, ils n’ont pas encore été tous contactés et demeurent inconnus du public pour l’instant.

Quartiers qui inspirent

La création du Quartier des spectacles a permis au secteur de se renouveler, de se rajeunir et de rayonner. Il fait partie des inspirations de l’étude qui s’amorce. « On trouve que ç’a été un beau succès. Ils se sont créé une belle niche. Des synergies et une bonne coordination ont été développées entre les acteurs du milieu. Ils ont trouvé des projets communs », partage Mme Fréchette. L’idée n’est évidemment pas de répliquer le modèle, mais plutôt de l’adapter à la réalité et aux défis de l’est.

L’idée de départ est bonne et la motivation semble sincère. Une conjoncture favorable se dessine effectivement à l’horizon, avec les investissements en mobilité et en infrastructures ainsi que le succès de certains attraits récréotouristiques déjà en place. La Trame verte, le Grand Parc de l’est et l’île Ste-Thérèse laissent également présager un bel avenir pour le secteur. Reste à voir où cette réflexion mènera. « C’est le tour de l’est! », termine Mme Fréchette. Ah oui, là-dessus, personne pour la contredire!