La rue Ontario (Archives EMM/Mélanie Dusseault)

L’EST DE MONTRÉAL, DERNIER REMPART DU FRANÇAIS AU QUÉBEC ?

La situation du français à Montréal a une importance cruciale pour l’avenir du français dans l’ensemble du Québec. Alors que le Grand Montréal compte pour 50 % de la population du Québec, près de 85 % des immigrants au Québec s’y établissent. De plus, la région métropolitaine de recensement (RMR) englobe près de 80 % de la population anglophone du Québec.

Faire du français la langue publique commune à Montréal est un facteur essentiel d’inclusion des nouveaux arrivants à la société québécoise. Il s’agit de la condition première pour assurer l’avenir du français au Québec, seul État majoritairement francophone de l’Amérique du Nord. Au Québec, le français devrait normalement être non seulement la langue utilisée par les francophones entre eux, mais la langue publique commune, c’est-à-dire celle parlée entre citoyens de langues maternelles différentes, comme c’est le cas pour la langue officielle dans la plupart des États.

C’était l’objectif de la Charte de la langue française (loi 101) établie le 26 août 1977. Comme le disait Camille Laurin, « en proclamant le français langue officielle du Québec, nous faisons de cette langue un bien commun national, le moyen par excellence de cohésion et de dialogue entre Québécois de diverses origines. »

Il faut se souvenir qu’au tournant des années 1960, les francophones subissaient des iniquités socio-économiques flagrantes héritées de l’époque colonialiste britanno-canadienne. La Commission Laurendeau-Dunton constatait qu’au Québec le revenu des travailleurs d’origine française se trouvait au 12e rang sur 14. Plus de 85 % des nouveaux arrivants fréquentaient l’école anglaise publique.

À l’aube de la Révolution tranquille, les Québécois acceptaient de moins en moins l’idée répandue d’un peuple « né pour un petit pain ». La Charte de la langue française a d’abord favorisé des progrès considérables. Notamment, le statut économique des francophones au Québec a connu un rattrapage significatif.

Mais parallèlement, le gouvernement fédéral de Pierre Elliott Trudeau a promulgué une loi linguistique qui allait à l’encontre du principe même du français langue officielle et commune de la nation québécoise. Plutôt que de donner un statut spécial au Québec pour protéger le français, comme le demandait André Laurendeau, Ottawa allait imposer un statut spécial au Québec pour renforcer l’anglais!

J’ai effectué une étude des subventions destinées au Québec en vertu de la Loi sur les langues officielles fédérale à partir des comptes publics du Canada. Les résultats démontrent que ces subventions sont destinées à 94 % aux établissements et aux groupes de pression anglophones principalement situés à Montréal.

Depuis l’établissement de la Loi sur les langues officielles en 1969, plus de 3,44 milliards ont été déboursés au Québec à partir de nos impôts fédéraux pour renforcer la vitalité de la langue de la majorité canadienne. Je vous invite à prendre connaissance de mon étude et de son résumé sur mon site Internet à partir de ce lien https://www.mariobeaulieu.com/politique-linguistique-federale.

La politique linguistique fédérale influence la situation du français au Québec d’une multitude de façons. Ottawa a favorisé le rassemblement des groupes d’intérêts anglophones autour d’organismes parapluie comme « Alliance Quebec » et son successeur, le « Quebec Community Group Network », qu’il a largement financé. La Charte de la langue française a été affaiblie dans tous ses secteurs d’application par les contestations juridiques fréquemment financées par le programme de contestation judiciaire fédéral instauré en 1978.

À mesure que la loi 101 et son application ont été affaiblies, son effet s’est estompé. Après avoir augmenté en 2001 à 83,1 %, le français comme langue d’usage à la maison a décliné jusqu’à 79,1 % en 2021 dans l’ensemble du Québec. À Montréal, de 2001 à 2021, le français comme langue d’usage à la maison a chuté de 5,2 % (71,6 % à 66,3 %) dans la grande RMR et de 5 % sur l’île de Montréal (56,4 % à 50,5 %). Fait notable, l’anglicisation s’est propagée dans la RMR en dehors de l’île de Montréal, où le déclin est même plus élevé à 8 % (87,3 % à 79,3 %). Même dans l’est de Montréal, où se trouvent près de 70 % de francophones, le recul se fait sentir. L’ensemble des études de projection faites depuis plusieurs années pointent vers un net recul du français au Québec.

La politique linguistique fédérale est un des principaux obstacles pour faire du français la langue officielle et commune au Québec, et assurer l’avenir de notre langue nationale. Le gouvernement libéral a récemment admis que le français est en déclin et prétend vouloir défendre le français au Québec. Mais ce n’était que de la poudre aux yeux : hormis une amélioration pour les entreprises de compétence fédérale, leur nouvelle loi linguistique ne change pratiquement rien pour le Québec.

Pour assurer l’avenir du français, les Québécois ne doivent plus accepter que le gouvernement de la majorité canadienne-anglaise intervienne massivement pour promouvoir et renforcer sa langue au Québec. Faire du Québec un pays est non seulement la meilleure façon de développer collectivement notre plein potentiel, c’est la seule voie de notre avenir en tant que peuple.


Cette chronique est un espace publicitaire payé par le député de La Pointe-de-l’Île, Mario Beaulieu, et les propos qui s’y retrouvent n’engagent que son auteur.