L’EST DE DEMAIN EN 111 MINUTES

Si le développement et les enjeux de l’Est de Montréal vous intéressent, et si ça vous dit en cette période de confinement de réfléchir sur le grand chantier de transformation économique et sociale qui semble s’annoncer sur le territoire au cours des prochaines décennies, eh bien la série de balados La Ruée vers l’Est devrait vous faire passer de bons moments.

Cette production de six épisodes, au style documentaire bien ficelé, a été réalisée par la firme Magnéto, en collaboration avec la Société de développement Angus. La première partie de trois épisodes a été mise en ligne en septembre 2019 et a connu un retentissant succès avec à ce jour plus de 3 500 écoutes, ce qui est, paraît-il, beaucoup pour une série offerte en baladodiffusion au Québec. La deuxième saison, toujours de trois épisodes, est quant à elle disponible depuis quelques jours seulement.

L’origine des grands enjeux de l’Est

Ce qui est particulièrement intéressant avec La Ruée vers l’Est, c’est que l’on prend le temps d’expliquer et de mettre en perspective, avec originalité et spontanéité, plusieurs facettes qui caractérisent ce grand territoire, que l’on considère qu’il débute à l’ouest par le boulevard Saint-Laurent, l’avenue Papineau, la rue D’Iberville ou encore par le boulevard Pie-IX (un gros débat!). Premier constat selon les nombreux intervenants de la série : il existe différents « Est » dans l’Est… En effet, l’histoire, la démographie, l’économie diffèrent très souvent et distinctement d’un secteur à l’autre du territoire. Par exemple, Saint-Michel, Hochelaga-Maisonneuve et Rivière-des-Prairies ont des personnalités très différentes, on en convient, même si ces quartiers font partie intégrante de l’Est montréalais et partagent son ADN.

Voilà d’ailleurs qui pourrait rendre l’exercice périlleux pour la réalisation de ce projet. Mais il faut avouer que le défi a été brillamment relevé jusqu’ici, car malgré que certains quartiers soient plus souvent mis de l’avant par rapport à d’autres, on réussi à présenter l’Est comme un ensemble relativement homogène dans sa diversité, ce qui est plutôt rare dans ce genre de portrait ou de projet décrivant le territoire.

C’est donc par l’entremise d’une douzaine de participants de tous horizons, par leur témoignages et/ou leurs expertises, que La Ruée vers l’Est nous plonge dans l’univers historique, sociologique, économique et même écologique de la région, pour ensuite nous propulser sans crier gare dans les grands thèmes et grands enjeux qui alimentent le débat actuel dans les officines politiques, sociales et économiques de l’Est de Montréal. Pas surprenant donc que la série aborde des sujets d’actualité tels le transport collectif, la décontamination des sols, l’innovation industrielle, les technologies vertes, l’amélioration des milieux de vie, la densification du territoire ou l’appel aux instances publiques pour un réinvestissement massif, entre autres choses.

La série étant produite en association étroite avec la Société de développement Angus, pas étonnant non plus d’y entendre surtout, du moins jusqu’à maintenant, des participants issus pour la plupart des proches collaborateurs de la SDA, comme Christine Fréchette de la Chambre de commerce de l’Est de Montréal, l’architecte Ron Rayside, Nancy Neamtan, ancienne dirigeante du Chantier de l’économie sociale, ou encore Claude Provencher de la firme Provencher_Roy, notamment. Ceci étant dit, cela n’enlève en rien à la qualité du contenu de La Ruée vers l’Est, à la réflexion profonde qui s’en dégage, à l’intelligence des propos et à la pertinence des enjeux soulevés. Le choix des intervenants est judicieux, quoiqu’il aurait été probablement aussi pertinent d’entendre, entre autres, des personnalités politiques qui ont marqué l’Est de Montréal au cours des dernières décennies, ou plus d’artistes et d’artisans qui ont façonné le territoire ou grandi dans la région. Les interventions de Christian Yaccarini, président et chef de la direction de la SDA, auraient également gagné à être plus nombreuses, même si on peut comprendre qu’il s’est lui-même gardé une petite gêne dans les circonstances. Sa grande connaissance des enjeux, des courants historiques et politiques de l’Est montréalais, voire son expérience personnelle dans le développement du site des terrains Angus et des grands projets d’économie sociale auraient pu être mises à contribution de façon plus substantielle dans quelques épisodes.

Une bonne série documentaire qui vaut certainement la peine qu’on y tende l’oreille pendant près de deux heures, que ce soit pour s’initier à l’Est de Montréal d’aujourd’hui, ou entrevoir ce qui se dessine vraisemblablement dans les années à venir.

Pour écouter La Ruée vers l’Est :  https://sda-angus.com/fr/infos-nouvelles/balados/