De gauche à droite : Ludovic Ngaroussabaye, commissaire au développement économique, direction de l’aménagement urbain et des services aux entreprises à Montréal-Nord, Jean Marc Poirier, conseiller d’arrondissement district Marie-Clarac, et Jean-François Gosselin, directeur général de la Corporation de développement économique communautaire (CDEC) Montréal-Nord. Photo : Léa Villalba.

L’ESSOR ÉCONOMIQUE DE MONTRÉAL-NORD SE POURSUIT… MALGRÉ LA COVID

Riche de sa location stratégique, sa main-d’œuvre disponible et son tissu d’entreprises diversifiées, entre autres, rappelons que Montréal-Nord s’était doté en 2018 d’un ambitieux plan de développement économique quinquennal qui devait aider de façon considérable à dynamiser la vie commerciale sur son territoire. Chamboulé par la pandémie de COVID-19, ce plan a été inévitablement ralenti et fait place, pour un temps, à un plan de relance.

« D’entrée de jeu, il est important de savoir qu’en économie comme en développement communautaire et social, à Montréal-Nord, nous avons l’habitude de travailler ensemble, en partenariat et dans la complémentarité, où chacun a son rôle à jouer. Pour nous il est important d’avoir tout le monde autour de la table, et l’élaboration de ce plan de relance économique ne fait pas exception à cette règle », déclare Jean-Marc Poirier, conseiller d’arrondissement dans le district de Marie-Clarac et responsable des dossiers économiques.

Un arrondissement en évolution

Depuis les 10 dernières années, Montréal-Nord a connu plusieurs grands chantiers qui en ont quelque peu changé l’aspect. Parmi eux, on peut notamment parler de la réfection du carrefour Henri-Bourassa – Pie-IX et la création de deux stations du train de l’est raccordant Mascouche au centre-ville de Montréal. Ces derniers, parmi d’autres, ont accentué le développement économique et commercial de l’arrondissement. La mise à niveau des parcs et espaces verts ainsi que plusieurs travaux d’aménagement urbain majeurs ont aussi contribué à valoriser la qualité de vie sur le territoire, selon l’administration municipale.

À l’aube d’autres réalisations importantes comme le SRB Pie-IX ou encore le REM de l’est, Montréal-Nord a donc voulu se doter d’un plan de développement économique global il y a trois ans, question de projeter l’arrondissement dans un avenir mieux planifié… et surtout meilleur. « En affaires, quand on choisit un emplacement, on a toujours un enjeu de faire transiter efficacement sa production ou sa marchandise. Montréal-Nord, avec sa location stratégique et l’accès aux grands axes de transport à proximité, permet cela facilement », explique Jean-François Gosselin, directeur général de la Corporation de développement économique communautaire (CDEC) à Montréal-Nord. Avec ces grands projets structurants de transport, Montréal-Nord met donc un accent particulier sur la mobilité collective, active et durable, en espérant attirer notamment de nouvelles entreprises dans les prochaines années. « Le fait de pouvoir se déplacer plus rapidement va être un gros facteur de développement pour notre territoire, tant pour les employeurs, les employés, que pour les résidents bien sûr », ajoute-t-il.

Un plan économique « collectif »

Une des particularités du plan économique quinquennal de l’arrondissement est certainement qu’il a été conçu en collectivité, c’est-à-dire tant avec la collaboration des élus des différents paliers de gouvernement que celle de plusieurs organismes, entrepreneurs et groupes de citoyens. Tel que spécifié sur le document de référence du plan, l’objectif était alors de « créer des liens entre les différents acteurs, que le plan s’ancre dans une réalité qui est celle de tous et qu’il soit au bénéfice des gens. »

Après trois phases de réflexion jusqu’en 2016, et un rendez-vous important en 2017 pour la conception du plan économique, cinq priorités sont alors ressorties :

  • Stimuler l’emploi et améliorer l’insertion socioprofessionnelle des citoyens;
  • Accroître la compétitivité et l’attractivité économique du territoire;
  • Renforcer la dynamique de concertation et de cohésion;
  • Stimuler l’entrepreneuriat et la culture entrepreneuriale;
  • Soutenir les secteurs économiques prioritaires : manufacturier, commerce de détail et économie sociale.

Autour de ces cinq priorités s’arrimaient différentes stratégies et pas moins de 54 pistes d’action pour accentuer le développement du territoire, comme le Programme particulier d’urbanisme Pie-IX par exemple, mis sur pied par l’arrondissement et qui encadre un important potentiel de développement évalué à 90 000 m² de commerces, 151 000 m² de bureaux et 3 900 nouveaux logements, affirme l’arrondissement (voir un de nos textes à ce sujet). « Certains commerces fermés ont aussi été rachetés récemment, donc les rénovations et les reconstructions devraient également contribuer à revitaliser le secteur », explique M. Gosselin.

Notons que ce plan de développement économique se démarque de plus par la place importante qu’occupe la notion d’employabilité, car l’arrondissement vit une problématique chronique à ce sujet alors qu’aujourd’hui encore plusieurs résidents du secteur ont de la difficulté à intégrer le marché du travail. Bien qu’encore en projet, une des idées phares du plan est de rassembler différents organismes (employabilité, communautaires, formation, etc.) ainsi que les deux chambres de commerce sur le territoire pour réussir à répondre autant au besoin de main-d’œuvre des entreprises qu’aux besoins des citoyens qui cherchent du travail. « On a déjà fait des projets pilotes qui ont été très satisfaisants en ce sens. Ça permet d’avoir un écosystème complet pour garantir une meilleure intégration sociale et économique », explique M. Gosselin. Avec cet important projet en devenir, l’arrondissement souhaite du même souffle soutenir bientôt davantage les entreprises afin qu’elles puissent « transformer leur culture organisationnelle pour mieux intégrer les travailleurs. »

Après la pandémie, relancer l’économie

Pour se relever de la crise sanitaire qui a fait particulièrement mal au nord-est de Montréal, l’arrondissement a mis en place un plan de relance étoffé, qui encore là, est le fruit d’un effort collectif réunissant plusieurs organisations du territoire : l’administration municipale, la CDEC Montréal-Nord, la Chambre de commerce et d’industrie de Montréal-Nord (CCIMN), Impulsion-Travail, et PME Montréal Est-de-l’île.

« Dès le début de la pandémie, nous avons compris qu’il fallait rester dans une dynamique de travail collectif afin de surmonter nos défis communs. C’est pourquoi, le nom de notre plan « Uni.e.s pour la relance » témoigne bien de notre état d’esprit à Montréal-Nord. Nous travaillons ensemble à remettre sur pied l’économie de notre communauté, et ce qui a été réalisé durant cette période difficile nous montre encore plus que c’est en unissant nos forces que nous surmonterons mieux les épreuves », soutient Jean Marc Poirier.

Bien que la crise sanitaire ait ralenti certains projets, notamment dans la construction, plusieurs autres ont heureusement pu continuer, par exemple le soutien aux commerces de détail, qui représente l’un des éléments structurants du territoire. « On était moins dans une dynamique de développement de nouveaux commerces que de s’assurer avant tout que nos commerces seraient toujours là après la crise, et qu’on soit nous aussi toujours présents pour les soutenir », ajoute M. Gosselin. Pour supporter les commerces, l’arrondissement a notamment informé les propriétaires des mesures mises en place par les gouvernements pour obtenir du soutien au revenu ou aux loyers. Plusieurs formations ont aussi été offertes pour adapter les commerces et développer leurs ventes sur internet. « On a aussi gardé un lien avec la population pour dire aux gens quels commerces livraient, lesquels étaient ouverts, etc. », dit M. Gosselin.

La crise a d’ailleurs amplifié le sentiment de solidarité des résidents envers les commerces de proximité, semble-t-il. « On redoutait une importante fermeture d’entreprises, mais on a plutôt constaté une grande résilience de la part de nos commerçants et industriels. On a remarqué également l’engagement très fort des citoyens à soutenir leurs commerces à travers l’achat local », ajoute Ludovic Ngaroussabaye, commissaire au développement économique à l’arrondissement de Montréal-Nord.

Dans cette relance, plusieurs autres actions ont été réalisées jusqu’à maintenant comme entre autres la création d’un fonds de relance commercial; l’accessibilité accrue des citoyens et des entreprises aux services d’accompagnement à l’emploi et à l’embauche offerts sur le territoire; ou encore le lancement d’une campagne de sociofinancement pour soutenir les commerces locaux. Cette dernière a été mise en place au mois de mai dernier « On a fait 3 campagnes d’achat local depuis, et c’est près de 250 000 $ qui ont été injectés directement dans nos commerces via celles-ci. La communauté est très attachée à ses commerçants, et nous sommes très heureux de voir que l’initiative a très bien fonctionné », nous dit M. Gosselin.

Désireux de mieux faire connaître son territoire dans tout Montréal, l’arrondissement prévoit aussi prochainement une campagne de promotion importante. « Ensemble, nous voulons lancer le message que Montréal-Nord est l’endroit par excellence pour démarrer un projet et faire croître son entreprise », explique M. Poirier. En effet, Montréal-Nord reste encore mal connu, voire méconnu de plusieurs Montréalais. « Ça fait partie de nos défis. Montréal-Nord fait souvent parler de lui seulement pour des choses négatives alors que c’est un territoire très riche avec beaucoup d’avantages, et des gens formidables », ajoute le directeur de la CDEC.

Miser sur l’entrepreneuriat

L’arrondissement de Montréal-Nord dispose d’un tissu économique relativement diversifié. L’économie locale repose en grande partie sur la présence de quatre principaux secteurs pourvoyeurs d’emplois : le commerce de détail (22 % des emplois), la santé et l’assistance sociale (15 %), la fabrication (14 %) et l’enseignement (13 %).

À l’instar de nombreux territoires québécois, l’économie de Montréal-Nord est très fortement dominée par la présence de PME (99,9 %), et notamment celles de moins de 10 salariés (73 %). Depuis les dernières années, l’arrondissement vise particulièrement à encourager l’entrepreneuriat sur son territoire, alors que peu de résidents de Montréal-Nord sont propriétaires d’entreprise. « On a essayé de comprendre pourquoi, on a mis en place des fonds pour les femmes entrepreneures, pour les jeunes, et nous avons fait plusieurs études pour comprendre les besoins des différentes communautés culturelles. Nous essayons de stimuler la fibre entrepreneuriale chez nos citoyens, et d’attirer évidemment les entrepreneurs ici », élabore M. Gosselin. Aujourd’hui, la CDEC suit quelque 72 entreprises dans son incubateur. « Si les gens ont une idée d’entreprise, on est là pour les accompagner », ajoute-t-il.

En plus d’encourager les plus jeunes, population d’ailleurs majoritaire à Montréal-Nord, à se lancer en affaires, ces projets permettent aussi de créer des emplois, de développer une économie qui répond aux besoins des résidents du quartier, mais aussi de concilier plus facilement, dans bien des cas, le travail et la famille selon le directeur de la CDEC. « Ça permet souvent une intégration au marché de l’emploi et en plus, le fait que ce soit à proximité de la maison, l’opportunité leur permet de concilier plus facilement plusieurs sphères de leurs activités quotidiennes », conclut-t-il.

Les partenaires du plan Uni.e.s pour la relance :


Le dossier spécial « Montréal-Nord 2021 » a été rendu possible grâce à la collaboration de :